Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Je vous invite à vous procurer le dernier numéro de L’Expansion le magazine papier (cela existe encore) et dont la « une » est consacrée à la déflation européenne. Ce dossier spécial est passionnant ! Passionnant car en réalité il ne fait que conforter l’analyse que nous développons depuis plus de deux ans au sein du Contrarien Matin.
L’Europe en déflation
En gros, les pays du Sud dont la France fait évidemment partie sont en pleine déflation. Cette déflation est également provoquée par des facteurs structurels de fond comme la démographie désormais profondément déflationniste, ce qui est vrai et ce que nous répétons assez régulièrement.
Figurez-vous même que les plans de rigueur et d’austérité ne permettent pas de relancer la croissance – sans blague, quelle surprise n’est-ce pas – mais ils amplifient les aspects déflationnistes des économies les plus fragiles les faisant rentrer dans un cercle vicieux.
Enfin, un passage fort intéressant concerne le gouverneur de la BCE Mario Draghi qui, selon le magazine, explique doctement au monde entier qu’il n’y a pas de déflation uniquement parce qu’en réalité il ne dispose d’aucun outil monétaire utilisable pour l’enrayer… ce qui est une évidence.
Austérité + rigueur = déflation !
Cette équation du tout premier degré est assez facile à comprendre. En effet, la réduction des dépenses ou l’augmentation des recettes fiscales, dans tous les cas c’est de l’argent qui est retiré de l’économie ! C’est donc de la croissance en moins. Plus les pays sont nombreux à faire la même austérité en même temps et plus l’économie de la zone euro se contracte.
C’est exactement ce que démontre ce numéro de L’Expansion consacré à la déflation. En réalité, la masse monétaire de la zone euro est actuellement en train de se contracter notamment sous l’influence très négative de la baisse des crédits bancaires en particulier à destination des entreprises.
Moins d’argent disponible, moins de travail, moins d’activité, bref, la déflation est bien là et elle risque de durer longtemps. L’exemple extrême de la Grèce le démontre d’ailleurs parfaitement.
Pour lutter contre la déflation, il n’y a aucun secret et l’arme ultime est bien évidemment monétaire. Il s’agit de créer de la monnaie. Peu importe l’hypocrisie autour de ce sujet et la façon dont on injecte un peu, beaucoup ou passionnément de la monnaie toute neuve dans la machine économique. Le Japon comme les USA ou le Royaume-Uni ont bien montré là aussi et d’une autre façon les limites de la création monétaire comme solution crédible à cette crise.
Alors encore une fois, au bout du compte, c’est l’impasse. Aucune bonne solution n’existe et c’est dans ce contexte que le gouvernement français vient de faire part de ses prévisions de croissance pour l’année 2014 et 2015 !
Croissance : pour le gouvernement, la croissance sera de 1 % en 2014 puis 1,7 % en 2015
Pour Michel Sapin, qui ne détient que des terres agricoles, de la forêt et une belle collection de pièces et de monnaies anciennes, ces prévisions sont « raisonnables ».
Si j’espère sincèrement que notre croissance sera de 1 % en 2014 et de 1,7 % l’année prochaine, il convient tout de même de rappeler qu’il va être difficile de faire une belle performance lorsque l’on vient d’annoncer une ponction d’au moins 50 milliards d’euros dans l’économie… que la croissance de l’année dernière a atteint péniblement les 0,3 %, que les salaires stagnent et que jusqu’à présent personne n’a vu poindre le moindre signe tangible de retournement ou d’inversion de la courbe du chômage.
D’ailleurs, même Sapin n’y croit même plus lui-même puisqu’il a dit : « Si on annonce 1 % de croissance aujourd’hui, ce n’est pas pour ensuite annoncer une croissance plus faible, il faut le faire de manière réaliste. »
Ou encore : « Il ne s’agit pas de croire qu’en une année nous allons retrouver le nirvana de la croissance française mais ça va se faire progressivement. »
Mais bon, l’essentiel c’est que tout cela paraisse raisonnable au commun des mortels. Vous feriez mieux de vous attendre plus vraisemblablement à une croissance de vos impôts et de vos prélèvements obligatoires qu’à une réelle augmentation de la croissance…
Préparez-vous et restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez bien !!
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes »