Mes chères contrariées, mes chers contrariens,
De temps en temps, il y a un défaut dans la matrice, un bug
dans l'ordinateur, un couac dans la communication bien huilée des
huiles qui nous gouvernent, bref, des fois, un filet d'air soulève le
voile pudique que l'on met entre le peuple et la réalité.
Parfois, même, il est possible d'apercevoir ce qu'il y a
derrière le miroir.
Pour qu'un événement n'existe pas, il y a une
règle simple : il suffit de ne pas en parler. Ignorer ce qui est
dérangeant reste le meilleur moyen pour poursuivre nos rêves
doucereux de richesses collectives éternelles.
Nous reproduisons ci-dessous la dépêche ayant
survécu à la maîtrise médiatique gouvernementale.
Remarquez, peut-on vraiment leur reprocher ce petit ménage entre amis
?
Le sujet est grave. Il s'agit de la faillite de la France. Soyons
honnêtes. Le Contrarien Matin peut
l'évoquer sans problème car nous n'avons pas l'influence d'une
chaîne de télé de grande écoute !!
Le sujet est également stratégique pour notre pays.
Qu'un membre du gouvernement parle de la situation
désespérée de nos finances et les marchés
pourraient sonner l'hallali pour achever la bête blessée gisant
au sol.
Alors, il faut comprendre le silence gêné qui a
entouré les dernières déclarations de Najat Vallaud-Belkacem.
Mais pour nous les contrariens, c'est
évidemment une perle à garder et à conserver. Cela doit nous
renforcer dans les convictions qui animent nos anticipations et nos prises de
décisions patrimoniales.
Au-delà du bruit de fond traditionnel, et du « tout
va très bien Madame la Marquise », nous savons que la
situation est très grave, pour ne pas dire définitivement sans
espoir.
Dans les moments de doute, n'hésitez pas à relire ces
quelques lignes. Comme disait Juncker, le président de l'Eurogroupe, « c'est quand les choses
deviennent vraiment graves qu'il faut mentir ».
Ce temps est déjà venu. Après viendra celui de
l’écueil de la réalité. Le problème avec la
réalité, c'est qu'elle finit toujours par nous rattraper.
Même si on n'en a pas envie.
La dépêche a donc survécu, bien sûr pas en
France mais à l'étranger, ce qui me fait dire que l'on en apprend
plus sur nous-mêmes en écoutant les autres qu'en nous regardant
nous-mêmes.
C'est une agence d'information de qualité et francophone. Vous
avez le lien de la source ci-joint.
Bien que
notée AAA, la France serait en « état de faillite
aggravée »
PARIS – La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a aujourd'hui déclaré que
la précédente majorité avait laissé la France
dans un « état de faillite aggravée ».
Mme Najat Vallaud-Belkacem répliquait
aujourd'hui à François Fillon, qui a accusé le
président François Hollande
« d'amateurisme », en le renvoyant au bilan de son
action gouvernementale.
« M. Fillon est-il vraiment le mieux placé pour
donner des leçons, lui qui a commencé son mandat de Premier
ministre à la tête d'un État en faillite et l'a
laissé en état de faillite aggravée ? », a
déclaré à l'AFP Najat Vallaud-Belkacem.
Suite à ces propos, certains commentateurs ne manquent pas de
souligner qu'il est difficile de défendre avec
crédibilité la note AAA de la France tout en déclarant que
celle-ci est dans un état de faillite aggravée.
Dans une interview jeudi aux Echos, l'ex-premier ministre a
estimé que le projet de budget pour 2013 était « un
monument d'amateurisme, d'irresponsabilité et de mauvaise
foi ». « On se demande qui gouverne, François
Hollande et le gouvernement ou quelques nostalgiques de l'économie
dirigée ? », a-t-il demandé.
Lire
l’article
Pendant ce temps, en Grèce, tout va bien. Il va bien falloir un
peu plus d'austérité encore. Mais non, rassurez-vous, la
Grèce va bien et va s'en sortir...
Le ministre
grec des Finances annonce un accord avec la troïka sur un sursis
Après quatre mois de négociation, le ministre grec des
Finances a annoncé un accord avec la troïka sur un nouveau train
de rigueur et un délai de deux ans pour assainir les comptes, mais qui
reste suspendu au feu vert des créanciers et des trois partis de la
coalition, ce qui dans le climat actuel fait tout de même beaucoup de
raisons pour que finalement tout cela ne fonctionne
pas à l'arrivée. D'un autre côté, c'est une
excellente manière encore une fois de gagner du temps pour
« pas cher », et atteindre le mois de novembre.
L'Europe ne pourra pas tenir indéfiniment sur des propos
d’interventions illimitées de la BCE sans qu'il n'y ait aucune
matérialisation dans les faits. L'Europe danse sur un volcan.
D'après l'AFP, « la Grèce a obtenu mercredi deux ans
supplémentaires pour mener à bien son ajustement
budgétaire, a annoncé le ministre des Finances grec Yannis Stournaras au Parlement, en indiquant que le paquet de
nouvelles mesures d'austérité lié à ce ballon
d'oxygène avait été bouclé
également ».
« Aucun des acteurs concernés en Europe ou à
Washington n'avait réagi mercredi soir à cette annonce,
à l'exception du patron de la Banque centrale européenne Mario Draghi qui a indiqué que les négociations
n'étaient pas terminées, tout en soulignant leur
progression. »
Ce qui est extraordinaire c'est que l'AFP nous fasse un superbe papier
au sujet de la Grèce qui obtient un accord sans à aucun moment
n'obtenir une seule confirmation de la part d'autres intervenants au
processus à part la Grèce. Heureusement, la langue
française permet de se « couvrir » subtilement
en utilisant rapidement le conditionnel... (J'adore la langue
française pour ses raffinements.)
« Si l'accord est confirmé, Athènes devrait
donc avoir jusqu'à 2016 pour compresser son déficit
budgétaire, qui s'élevait à 9,4 % du PIB fin 2011,
au-dessous de la barre fatidique des 3 %. »
Vous vous rendez compte comme ça marche bien
l'austérité et la rigueur ? Après 4 ans de ce
régime sec, le déficit est toujours proche des 10 % au prix
d'une récession terrible pour la population grecque. Aucun
intérêt. C'est absurde.
Le général de Gaulle disait que « toute
politique qui ne donne pas à rêver est vouée à
l'échec ». Il ne subsiste plus qu'un cauchemar grec.
« En échange, M. Stournaras
a négocié un projet de nouveau "mémorandum"
d'accord avec ses créanciers, prévoyant 13,5 milliards d'euros
d'économies budgétaires en deux ans ». Ce qui doit
nous faire en moyenne un nouveau plan tous les 3 mois depuis 4 ans.
« La majorité de l'effort (9,2 mds d'euros) est
à réaliser dès 2013 via une nouvelle douloureuse cure de
rigueur comprenant un recul de deux ans de l'âge de départ en
retraite, des baisses de salaires et des suppressions de postes de
fonctionnaires. »
Les Grecs vont être contents. Les salaires ont été
en moyenne divisés par deux depuis le début de la crise. La
perte est encore plus importante pour les personnes qui avaient des salaires
plus élevés. Les salaires vont encore baisser.
Il faut être clair. En Grèce, ce n'est plus la
récession le problème. C'est la déflation qui
détruit tout sur son passage.
« Pour financer les deux ans supplémentaires, la
Grèce compte obtenir une "réduction des taux
d'intérêt" qu'elle paie à ses créanciers et
un allongement de la période de remboursement des prêts, a dit
M. Stournaras sans donner de détail.
Jusqu'à présent, aussi bien BCE qu’UE repoussaient
toute perspective de restructuration de la dette publique
grecque. »
On s'oriente donc vers une nouvelle restructuration de la dette
grecque. Sauf que cela va commencer à poser un léger
problème à la BCE qui est détentrice de dettes grecques.
La BCE devra-t-elle constater des pertes comptables ? Dans ce cas, les
États (actionnaires de la BCE) vont-ils accepter de verser les
montants nécessaires à la recapitalisation de la BCE ? Et
surtout, où trouveront-ils l'argent ?
Pour la Grèce, pour l'euro et pour l'Europe, l'heure de
vérité approche.
« Si nous n'avions pas obtenu ce délai, nous aurions
dû prendre des mesures (d'économies) de 18,5 milliards d'euros
au lieu de 13,5 milliards », a dit M. Stournaras.
Le ministre pilote depuis juillet une double négociation avec
d'un côté, la troïka des créanciers internationaux
et de l'autre, les trois partis de la coalition gouvernementale.
Il entend présenter deux projets de loi au Parlement
formalisant les engagements grecs en vue de leur adoption avant la
réunion des ministres des Finances de la zone euro du 12 novembre et
la date fatidique du 16 novembre où les caisses du pays seront
à sec, selon le Premier ministre.
Lors de cette réunion, la Grèce attend le feu vert pour
le versement de ses partenaires d'une tranche vitale de 31,5 milliards
d'euros, destinée à recapitaliser ses banques et
retardée depuis juin.
Alors que la Grèce attend un nouveau chèque de 31
milliards, rien ne vient depuis juin. Heureusement, il y a la réunion
du 16 novembre qui devrait tout régler. Elle tombe sacrément
bien cette date du 16 novembre, car c'est 10 jours après
l'élection américaine... On devrait donc pouvoir
connaître un nouveau psychodrame européen à cette
occasion.
Mario Draghi défend la politique de la BCE face aux
critiques en Allemagne
Finalement, je crois qu'il faut vraiment comprendre que nos
« amis » allemands sont très très
fâchés. L'inflation, ils n'en veulent toujours pas. A tel point
que super Mario, qui ferait tout ce qu’il faudrait de façon
illimitée et croyez-le ce sera assez, a tout de même besoin de
justifier sa « politique » pour le moment de
« petite » création monétaire.
« Le président de la Banque centrale
européenne Mario Draghi a défendu
mercredi devant des députés du Bundestag le rachat de dettes
publiques par la BCE en soutien aux pays de la zone euro en crise, un plan
d'action vivement contesté par certains élus
allemands. »
« La plupart des questions ont porté sur le
programme de la BCE appelé OMT. (...) Ces actions sont pleinement en
accord avec notre mandat », a déclaré le
président de la BCE lors d'une courte conférence de presse
à l'issue de la rencontre.
Début septembre, M. Draghi avait
dévoilé le programme OMT, nouveau plan de rachats
illimités de dettes à court et moyen termes, destiné
à soutenir les pays de la zone euro en difficulté.
Face aux élus allemands, il a nié que ce programme soit
une forme de financement indirect des États ou puisse alimenter un
risque d'inflation, comme certains économistes et responsables
politiques l'affirment en Allemagne.
« Le programme OMT ne conduit pas à un financement
déguisé des gouvernements. Nous avons spécialement
conçu nos interventions pour éviter ceci », a
affirmé le président de la BCE devant les parlementaires.
En outre, « le programme OMT ne conduit pas à de
l'inflation. Nous avons conçu nos opérations pour que leur
effet soit neutre sur les conditions monétaires ».
« De notre point de vue, le risque
principal pour la stabilité des prix est la déflation
actuelle des prix dans certains pays de la zone euro », a-t-il
ajouté.
S'il s'exprime régulièrement devant le Parlement
européen, M. Draghi n'a pas coutume de
rencontrer des élus nationaux et il n'était jamais venu
s'expliquer au Bundestag, même à titre informel.
Face à la levée de boucliers suscitée par ce plan
en Allemagne, le grand argentier européen avait lui-même
souhaité mi-septembre venir s'expliquer devant le Bundestag sur la
politique de la BCE.
« Cet échange est un élément important
pour créer de la confiance entre ce que fait la BCE et la façon
dont son action est perçue par l'opinion publique
allemande », a-t-il souligné mercredi devant les
journalistes.
De son côté, le président du Bundestag, Norbert Lammert, s'est félicité de cette initiative
qui a constitué « une étape importante pour dissiper
les inquiétudes des deux côtés ».
L'institution de Francfort avait notamment fait l'objet de virulentes
critiques de la part du président de la Banque centrale allemande,
Jens Weidmann, et de plusieurs économistes
allemands.
« Si ce programme conduit les États à
repousser les réformes nécessaires, cela va de nouveau saper la
confiance dans la capacité des responsables politiques à
résoudre la crise », avait averti M. Weidmann.
Jusqu'à présent, M. Draghi a
toujours pu compter sur le soutien de la chancelière Angela Merkel et de son gouvernement.
Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble
l'a d'ailleurs assuré une fois de plus de son soutien mercredi,
estimant que la BCE agissait « dans le cadre de son
mandat », dans un entretien à l'hebdomadaire allemand Die Zeit.
« Soupçonner la BCE de ne pas s'intéresser
à la stabilité (de
l'euro, ndlr), c'est ignorer la réalité », a
souligné M. Schäuble.
M. Draghi a rappelé que les efforts
de la BCE ne devaient pas détourner les États de la zone euro
d'une politique de « sérieux
budgétaire ».
« La BCE ne peut s'engager dans du
financement monétaire et ne peut pas remplacer l'action des
États membres. Il est trop facile de penser que la BCE peut remplacer
l'action des gouvernements ou leur manque d'action en imprimant de la
monnaie. Cela n'arrivera pas », avait-il
martelé lors d'une audition au Parlement européen début
octobre.
Il y a donc deux choses à retenir de l'intervention de Super
Mario devant les députés allemands.
La première, c'est que bien que la France ne soit
officiellement pas en faillite et que tout aille bien en Europe, le principal
danger pour Mario Draghi, ce n'est bien sûr
pas l'inflation mais bien le risque désormais avéré de
déflation. Elle est en cours, dans plusieurs pays européens. La
déflation, c'est la baisse de la valeur des actifs. Au bout du chemin,
il y aura l’insolvabilité
car, dans un monde de dettes, la déflation laisse les dettes
constantes mais érode la valeur des actifs financés par ces
dettes... À l'arrivée, il est impossible de les rembourser.
C'est ce qui se passe en Grèce, au Portugal, en Espagne, en Italie
dans une moindre mesure, et c'est ce qui vient de démarrer depuis la
rentrée de septembre en France et va s'amplifier en 2013.
La deuxième chose, c'est que le gouverneur de la BCE a
indiqué qu'il n'imprimerait pas tant de monnaie que ça. Que
cela n'arrivera pas.
Nous avons le choix entre un effondrement déflationniste rapide
et socialement dramatique, ou une mort légèrement plus lente et
moins douloureuse à base d'inflation.
Pour le moment, nous semblons choisir le chemin de la souffrance.
Charles
SANNAT
Directeur des Etudes Economiques Aucoffre.com
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