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Eliot Spitzer (wikipedia)
est un ancien procureur et politicien, démocrate, gouverneur de
l'état de New York en sursis -il quittera sa fonction ce Lundi-, qui
vient d'être pris en flagrant délit d'avoir loué
les services d'une prostituée de luxe, 80 000$ pour 6 rencontres.
Chère, la passe.
Sa
dernière partie de jambes en l'air lui coûtera bien plus que
quelques milliers de dollars: elle signifie la fin de sa carrière
politique. Les électeurs de l'état de New york, qui l'avaient
porté au siège de gouverneur en 2007 avec... 69% des voix
-un signe qui ne trompe
pas !- sont maintenant 68% à estimer qu'il est normal
qu'il démissionne. C'est que même à New York,
l'électorat tend à estimer que quelqu'un qui trompe sa femme
pourrait aussi être plus enclin à tromper ses mandants qu'un
mari irréprochable. Surtout, Spitzer s'est rendu
célèbre entre autres en pourchassant sans relâche des
réseaux de prostitution, alors évidemment, les passes à
10 000 dollars sont... dures à avaler, pardon pour l'allusion.
Les
républicains font leurs gorges chaudes des mésaventures de leur
adversaire politique. Les démocrates regardent ailleurs, Spitzer a
cessé d'être fréquentable. Wall street fête au
champagne la chute de ce procureur qui s'était fait une
spécialité de soumettre les entreprises qu'il avait dans le
collimateur à de véritables campagnes de guerre judiciaire.
De fait, il n'y a
aucune raison de pleurer sur le sort d'Eliot Spitzer. De l'avis de bien des
observateurs, c'était une crapule bien
décidée à user et abuser de son pouvoir
pour mettre sous l'éteignoir des firmes souvent coupables non pas de
graves malversations, mais au pire de peccadilles, et parfois de simples
désaccords avec la très élastique morale de M.Spitzer,
et ce afin de se faire mousser en vue d'enlever le siège de
gouverneur. Ecoutes abusives, pressions confinant au chantage sur les
témoins, et provocations visant à faire commettre des actes
illégaux à des personnes qui sans cela auraient suivi leur
bonhomme de chemin en toute légalité: le palmarès de
Spitzer en terme de violation des droits de l'homme, pourvu que ce fut un
salaud de riche qu'il ait été rentable de jeter en pâture
à l'opinion, est impressionnant.
Pourtant, la
chute de Spitzer, fut-il un salaud, ne devrait réjouir personne, car
elle est symptomatique de l'état de déliquescence du droit des
justiciables aux USA. Car si le comportement de Spitzer est sûrement
moralement condamnable, notamment vis à vis de son épouse, il
apparaît que le FBI a utilisé contre ce dernier les même
méthodes répréhensibles que celui ci utilisait contre
les victimes de son acharnement judiciaire, alors qu'au final, les retraits
d'argent qui ont mis la puce à l'oreille des enquêteurs étaient
parfaitement légaux, et que convenir d'une prestation sexuelle
tarifée, pourvu que la prostituée n'agisse pas sous la
contrainte, ce qui semblait bien être le cas, ne crée de tort
à personne.
Le seul
politicien qui ait ouvertement affirmé que Spitzer ne mérite
pas ce qui lui arrive est... Ron Paul.
Dans une intervention à la
chambre des représentants, le candidat aux
primaires républicaines souligne que les mésaventures de
Spitzer sont symptomatiques de la dérive du droit
américain, dans la foulée des lois votées après
le 11 septembre. Extrait:
Most people, it seems, believe (E.Spitzer) got exactly what he
deserved.
The illegal tools of the state brought Spitzer down, but think of all the
harm done by Spitzer in using the same tools against so many other innocent
people. He practiced what could be termed 'economic McCarthyism,' using
illegitimate government power to build his political career on the ruined
lives of others.
No matter how morally justified his comeuppance may be, his downfall
demonstrates the worst of our society. The possibility of uncovering personal
moral wrongdoing is never a justification for the government to spy on our
every move and to participate in sting operations.
For government to entice a citizen to break a law with a sting operation
— that is, engaging in activities that a private citizen is prohibited
by law from doing — is unconscionable and should clearly be illegal.
Though Spitzer used the same tools to destroy individuals charged with
economic crimes that ended up being used against him, gloating over his
downfall should not divert our attention from the fact that the government
spying on American citizens is unworthy of a country claiming respect for
liberty and the Fourth Amendment.
Two wrongs do not make a right. Two wrongs make it doubly wrong.
Sacrifice of our personal privacy has been ongoing for decades but has
rapidly accelerated since 9/11. Before 9/11, the unstated goal of collecting
revenue was the real reason for the erosion of our financial privacy. When 19
suicidal maniacs attacked us on 9/11, our country became convinced that
further sacrifice of personal and financial privacy was required for our
security.
(...)
But the real reason for all this surveillance is to build the power of the
state. It arises from a virulent dislike of free people running their own
lives and spending their own money. Statists always demand control of the
people and their money.
Recently we've been told that this increase in the already intolerable
invasion of our privacy was justified because the purpose was to apprehend
terrorists. We were
told that the massive amounts of information being collected on Americans
would only be used to root out terrorists. But as we can see today, this
monitoring of private activities can also be used for political reasons. We
should always be concerned when the government accumulates information on
innocent citizens.
Spitzer was brought down because he legally withdrew cash from a bank —
not because he committed a crime. This should prompt us to reassess and
hopefully reverse this trend of pervasive government intrusion in our private
lives.
We need no more Foreign Intelligence Surveillance Act! No more Violent
Radicalization & Homegrown Terrorism Prevention Acts! No more torture! No
more Military Commissions Act! No more secret prisons and extraordinary
rendition! No more abuse of habeas corpus! No more Patriot Acts!
"What we need is more government transparency and more privacy for the
individual!"
Ron Paul touche
une fois de plus juste. Comme disait Benjamin Franklin
"Those who sacrifice liberty for security deserve neither". Espérons
que les mésaventures de M. Spitzer servent à faire prendre
conscience aux législateurs d'Outre Atlantique, et à tous les
Spitzer du monde, que la
liberté individuelle n'est pas le problème, elle est l'objectif.
Une leçon à méditer chez nous, alors que les moyens utilisés par
l'état pour mettre au pas les gêneurs n'ont
rien à envier à ceux d'un Spitzer.
Vincent
Bénard
Objectif Liberte.fr
Egalement par Vincent Bénard
Vincent Bénard, ingénieur
et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org), deux thinks tanks francophones
dédiés à la diffusion de la pensée
libérale. Spécialiste d'aménagement du territoire, Il
est l'auteur d'une analyse iconoclaste des politiques du logement en France,
"Logement,
crise publique, remèdes privés", ouvrage publié
fin 2007 et qui conserve toute son acuité (amazon), où il
montre que non seulement l'état déverse des milliards sur le
logement en pure perte, mais que de mauvais choix publics sont directement à
l'origine de la crise. Au pays de l'état tout puissant, il ose
proposer des remèdes fondés sur les mécanismes de
marché pour y remédier.
Il est l'auteur du blog "Objectif
Liberté" www.objectifliberte.fr
Publications :
"Logement: crise publique,
remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat
Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république,
bâtir l'administration en réseau autour du citoyen", 2003, La
doc française, avec Pierre de la Coste
Publié avec
l’aimable autorisation de Vincent Bénard – Tous droits
réservés par Vincent Bénard.
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