Quelques personnes pensent encore que posséder du “cash” constitue
une sécurité, une garantie, voire une protection contre les coups durs. La
réalité est tout autre et l’argent liquide se révèle même le plus restrictif
des modes de paiement existants.
Au début de l’année, tout le monde s’est ému de la nouvelle décision
du gouvernement de limiter à 1000 euros les paiements en espèces. Le
motif invoqué était la lutte contre le financement du terrorisme, mais aussi
les trafics de drogue, la fraude à la TVA, le travail au noir et l’évasion
fiscale. Tout cela à la fois. Nos ministres ont juste oublié d’ajouter la
vraie raison dans cette liste à la Prévert…
Le cash coûte trop cher aux banques
L’objectif numéro 1, le vrai, de cette limitation c’est de répondre aux
exigences des banquiers qui aimeraient bien ne plus avoir à manipuler des
espèces, opération qui leur coûte pas moins de 2,6 milliards d’euros
chaque année alors que les transactions par cartes bancaires leur rapportent
2,7 milliards d’euros, grâce aux commissions payées par leurs utilisateurs
(commerçants comme consommateurs). D’ailleurs, qui peut croire que
l’obligation imposée récemment aux commerçants d’accepter des paiements
par carte pour des petits montants est une mesure visant à faciliter
la vie des consommateurs ?
Qu’à cela ne tienne, certains citoyens ont décidé de montrer leur
désapprobation en multipliant les paiements en pièces de monnaie, surtout
auprès des administrations, dans les limites de ces fameux 1000 euros.
Régulièrement les médias se font ainsi l’écho des mésaventures survenues à
quelques guichetiers des impôts ou de l’Ursaff qui se sont vu remettre
des sacs pleins de petites pièces rouges et jaunes destinés à régler
la dette fiscale ou sociale d’un usager mécontent. Du coup, hormis la gêne
occasionnée dans les administrations en question, ce sont les banques qui, au
final, font la grimace devant ces dépôts qui contournent les mesures
visant à limiter leur travail.
Un rappel à la loi… européenne
Il n’en fallait certainement pas plus pour que la Banque de France
elle-même décide de rappeler récemment que le paiement en espèces sonnantes
et trébuchantes était limité à 50 pièces à la fois. C’est
d’ailleurs une limite fixée par les autorités européennes depuis les origines
de la monnaie unique (article 11 du règlement Communauté européenne 974/98 du
3 mai 1998). Sauf que cette limite ne concernait pas les paiements entre
particuliers… et ceux effectués auprès du Trésor Public !
C’est pourquoi, depuis un peu plus de deux ans, par le biais de la loi de
finances rectificative votée par le Parlement en 2013 pour 2014, le
plafond des règlements en espèces aux guichets des impôts a été ramené à 300
€, contre 3 000 € auparavant. Toutefois, il semble que le nombre de
pièces ne soit pas précisé, ce qui signifie que quelques sacs risquent encore
arriver sur les comptoirs du Trésor Public, car même si elles mesurent 16 mm,
30 000 pièce d’un cent prennent encore pas mal de place pour un poids
avoisinant les 70 kg…
Par conséquent, même pétri de bonne foi, si vous décidez de casser votre
tirelire pour acheter le dernier smartphone à la mode, n’espérez pas pouvoir
le faire en alignant de jolies piles de pièces sur le comptoir de votre
marchand. Car, sans égard pour la limite pourtant légale de 1000
euros, c’est le nombre de rondelles métalliques qui sera alors pris
en compte pour juger de votre droit à payer en espèces. Et on pourrait même
arriver à la situation formidable où, les poches pleines de pièces de 1 cent
en arrivant chez votre boulanger, vous n’auriez même pas la
possibilité de lui acheter une viennoiserie dont le prix dépasserait 0.50
euros…