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Alors voilà… Vendredi dernier, je pense avoir
été viré par mon médecin.
Je me suis rendu à son cabinet en vue de
vérifier l’évolution de mon taux de cholestérol,
puisqu’ayant cessé voici six mois de prendre les 40 milligrammes
de Crestol quotidiens que m’avaient prescrit
docteur X., ce dernier a décidé de me convoquer pour une visite
de contrôle. J’ai engagé la conversation dans sa salle
d’examination sans fenêtre et couverte
du sol au plafond de linoleum et d’acier, ressemblant plus à un
placard qu’à un cabinet médical, et ayant probablement
été agencée dans l’objectif d’induire les
pires souffrances au psychisme humain. J’ai annoncé au docteur
X. m’être lancé dans un régime très gras
basé sur la consommation de viande, de fromage, de crème
fraîche et de beurre, après avoir vécu cinq années
durant un quotidien morose fait de céréales et de tofu. Docteur
X., après une moue théâtrale, m’a
précisé que depuis mon dernier examen de sang il y a trois
mois, mon taux de cholestérol était passé de 220
à 260. A quoi s’attendait-il ? Je lui ai pourtant
précisé m’être récemment goinfré de
viande, d’œufs et de beurre ! Le chagrin a néanmoins
transformé son visage tel un masque.
Je lui ai alors expliqué que je pensais que la
combinaison de drogues statines et de carbohydrates avaient endommagé
ma santé. Mais déjà je pouvais voir le masque de chagrin
ayant quelques secondes auparavant envahi le visage de mon médecin se
transformer en une grimace terrifiante digne d’un maquillage
d’Halloween. Il pensait apparemment que je tentais de lui faire porter
le chapeau pour tout ça, puisqu’après tout, il
était celui qui m’avait conseillé de suivre ce régime
Ornish/Essylsten. A dire
vrai, je n’ai pas tenté une seconde de le blâmer. Pendant
plus d’un an, j’ai développé des symptômes de
plus en plus alarmants : neuropathie périphérique
(picotements et absence de sensation dans mes mains et mes pieds), pertes de
mémoire, mauvais équilibre, atrophie des muscles, insomnie…
que j’ai jugés comme étant les effets secondaires de Crestor (quant à vous, Astra Zenica, laboratoire
pharmaceutique d’où est originaire Crestor,
allez vous faire voir !) combinés
à un manque de nutriments vitaux durant un laps de temps
prolongé.
J’ai ensuite indiqué à docteur X. que
je pensais souffrir d’une déficience de vitamines B-12, ce qui
n’est pas inhabituel chez les personnes souffrant d’un manque de
produits nutritionnels d’origine animale. Docteur X. m’a donc
conseillé de faire une prise de sang dans son laboratoire. Il avait
désormais les yeux rivés sur l’écran de son
ordinateur portable, qui semblait être devenu une sorte
d’extension de sa propre personne. Je suppose qu’il avait alors
perdu tout intérêt en notre conversation. Je me suis demandé
à voix haute si les compléments de vitamines B12 que
j’avais commencé à prendre pouvaient fausser les
résultats de mon analyse sanguine. Et c’est à ce
moment-là que docteur X. a perdu patience, s’est levé
subitement pour me hurler à la figure : ‘Je ne suis pas un
pharmacien ! J’ai d’autres patients qui m’attendent en
salle d’attente !’, puis il a pointé un doigt en ma
direction avant d’ajouter ‘Vous allez mourir d’une crise
cardiaque ou d’un accident vasculaire
cérébral !’. Il a parfaitement raison, c’est
tout à fait possible. Mais monsieur X. finira lui aussi par mourir de
quelque chose, à moins qu’il ne parvienne à se
transformer, tel Ray Kurzweil, en une sorte de
cyborg.
Je me rappelle avoir pensé: ‘Mon
médecin a de gros problèmes de tempérament’.
J’ai donc décidé de me rendre de
l’autre côté du couloir, au laboratoire d’analyses
médicales (un autre placard sans fenêtre) pour subir une
nouvelle prise de sang. Docteur X. s’est brièvement
présenté sur le pas de la porte pour me tendre un morceau de papier
portant le nom d’un ostéopathe ayant un cabinet dans le
centre-ville et qui serait plus en mesure de considérer mes soucis de
santé pour le moins particuliers. S’il est une chose dont je
n’ai pas fait mention à monsieur X. lors de cette brève
entrevue, c’est que ma petite amie (bibliothécaire et chercheuse
de profession) a récemment découvert un site internet rendant
publics les paiements faits par les laboratoires pharmaceutiques aux
médecins. Docteur X., bien évidemment, a reçu plus de
200.000 dollars ces quelques 18 derniers mois, 20.000 d’entre eux
provenant du laboratoire Astra Zenica. Je n’en ai pas non plus
parlé au docteur N. dans le laboratoire d’analyses, car je ne
désirais pas transformer ma visite chez le médecin en un
évènement conflictuel, et il ne faisait de plus aucun doute que
lui aussi se serait quelque peu énervé. De toutes les
manières, le fait est bien là, tel un gros morceau de viande
posé au milieu de la table.
Cette anecdote personnelle n’est qu’un petit
exemple de la corruption qui règne actuellement dans notre
société. Elle s’étend bien sûr aux multiples
branches du secteur de la nutrition, ainsi que de la nourriture, de
l’agriculture, et pousse le public Américain à subir de
plus en plus d’effets néfastes de tous ces régimes aux
farines de maïs qu’on leur fait ingurgiter.
Je mesure 1m75 et pesait vendredi dernier 75 kilos. Deux
semaines après avoir commencé mon régime
viande-fromage-crème fraîche, je ressens toujours des
picotements dans mes mains. Il me semble que ces picotements soient bien
pires aujourd’hui, après la seule réelle nuit de sommeil
que j’ai eue en plusieurs mois. Ce type de dommage peut parfois
être permanent. Je m’apitoierai certainement sur mon sort au
début, puis ma vie reprendra son cours. Je vous tiendrai au courant de
l’évolution de la situation. Si vous connaissez un bon
pharmacien dans la région de Washington-Warren-Saratoga County de New York, faites m’en part (jkhunstler at mac.com)
Soyez rassurés, je me pencherai bientôt sur
l’écriture d’un nouveau commentaire traitant des
problèmes internationaux. Au passage, il est assez ironique que le
grand évènement de la semaine soit la révision de la
réforme de l’Acte Médical par le président Obama ;
une cerise sur le plus gros gâteau que le monde nous
ait jamais fait. Comprenez-moi bien : les services médicaux aux
Etats-Unis ne sont pas réformables. Comme beaucoup d’autres
choses dans la Nation du Racket, ils auront simplement à imploser pour
déboucher sur quelque chose de meilleur.
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