Dérapages et faillite… On croirait lire l’histoire de la France sous gouvernement socialiste, mais c’est aussi celle de La Mutuelle Des Étudiants, cette mutuelle chargée par délégation de service public d’organiser la sécurité sociale des étudiants et qui a été placée en procédure de sauvegarde le 9 février dernier, de façon suffisamment discrète pour que la presse n’en parle pas trop. C’est dommage, parce que cette histoire de dérapages et de faillite mérite qu’on s’y attarde un peu.
Et déjà, elle commence avec celle de la MNEF. Rappelez-vous, c’était cette mutuelle étudiante, directement créée après la Sécurité sociale en 1948, et qui se retrouva progressivement noyautée dans les années 70 par les troskistes et les lambertistes. Petit-à-petit, à mesure que les collectivistes les moins scrupuleux prenaient en main la gestion de cette mutuelle, la dérive des comptes était constatée. Chose intéressante, cette mutuelle explosera suite à une affaire financière qui éclaboussera un nombre considérable de personnages politiques de premier plan, qui n’en ont pas moins continué d’occuper, par la suite, des postes de premier plan.
On se rappellera que Dominique Strauss-Kahn avait ainsi été mis en cause pour avoir été rémunéré 600.000 francs par cette MNEF, au printemps 1997, alors que se négociait l’entrée de la Compagnie Générale des Eaux au sein d’une holding de la mutuelle, Raspail participations. Ceci lui avait d’ailleurs coûté son poste de ministre de l’économie et des finances dans le gouvernement Jospin. Plus croustillant encore, cette affaire de la MNEF aura aussi concerné le député socialiste Jean-Marie Le Guen, alors mis en examen pour emploi fictif. Il bénéficiera d’un commode non-lieu pour insuffisance de charges. De son côté, Jean-Christophe Cambadélis, l’actuel premier secrétaire du PS, aura, lui, été condamné à six mois d’emprisonnement avec sursis et 20.000 euros d’amende, là encore pour emploi fictif et abus de confiance – rassurez-vous, la sanction ne fut pas assortie d’une peine d’inéligibilité, ouf.
Cette affaire aura permis de mettre en exergue à la fois l’utilisation de la MNEF comme réservoir à cadres pour le Parti Socialiste, démontrer la gestion calamiteuse des cotisations des étudiants (dénoncée par la Cour des comptes à l’époque) et, enfin, mettre à jour tout un système de fausses factures émises par le truchement de sociétés satellites qui permettaient aussi de fournir des emplois fort bien rémunérés à toute une clique de socialistes qu’on voit maintenant occuper la scène médiatique avec décontraction, comme Jean-Marie Le Guen, Fodé Sylla, Sylvie Andrieux ou … Laurence Rossignol, dont l’emploi, depuis la MNEF jusqu’à la LMDE, pendant 18 années de 1993 à 2011, est par ailleurs pudiquement qualifié de « discret » dans un article de l’UFC Que Choisir de juin dernier qui ne peut s’empêcher de s’interroger sur, je cite, « la bonne gestion d’une mutuelle étudiante toujours en proie à de grandes difficultés financières et qui répond toujours aussi mal aux attentes des étudiants ».
La LMDE n’est, en effet, que le prolongement logique de la MNEF : tout comme la Cour des comptes s’était scandalisée du mode de gestion lamentable de la MNEF en son temps, la LMDE a eu droit à un joli petit couplet de la part de la même institution qui lui reproche essentiellement les mêmes problèmes.
D’une part, « une qualité de services (…) globalement très insatisfaisante ». Et lorsqu’on lit ceci, cette expression est encore un délicat euphémisme. D’autre part, la Cour reproche à la LMDE des « coûts de gestion élevés avec une faible productivité », ce qui semble l’apanage de ces opaques structures…
En fait, les problèmes de gestion récurrents, les remboursements incomplets, partiels voire inexistants, les dossiers perdus sont monnaie courante et évoquent à s’y méprendre les différents problèmes qui empoisonnent le Régime Social des Indépendants, le RSI, géré avec le même doigté et dont j’ai déjà fait part à de multiples reprises. Vraiment, c’est étrange cette coïncidence de structures collectivistes dirigées par des syndicalistes et des militants socialistes qui sont gérées n’importe comment, provoquent l’ire de leurs clients et finissent par carafer en beauté…
Aux problèmes de la mutuelle étudiante s’ajoutent enfin des dettes obligeant à des plans de licenciements, et le fait, ubuesque quand on y réfléchit sérieusement deux minutes, que c’est une autre mutuelle, elle aussi gérée par d’habiles socialistes, la MGEN, qui est venue au secours de la LMDE à hauteur de 12 millions d’euros, venus s’ajouter à la dette dont le total s’établit maintenant à 35 millions. Youpi, jolie performance.
Il faut se rendre à l’évidence : les mauvaises recettes de la MNEF ont largement contribué à la faillite de la LMDE. Or, si la faillite de la MNEF avait à l’époque fait grand bruit, celle de la LMDE semble n’occuper qu’une petite place anecdotique dans la presse.
Pourtant, la faillite de la MNEF ne devait pas tout à cette gestion calamiteuse. L’explosion en vol de la mutuelle étudiante, en 1999, dut beaucoup – et les enquêtes l’ont par la suite prouvé – aux malversations frauduleuses, aux emplois fictifs et aux détournements de fonds plus ou moins déguisés qui plombèrent ses comptes. De son côté, la LMDE s’est, très clairement, embrochée sur l’écueil de l’usinagazophilie propre à la France, et a fait preuve des mêmes décisions de gestion aventureuses que la MNEF en son temps.
Malheureusement, rien ne permet d’imaginer que la LMDE a su éviter l’autre écueil, celui des malversations et tutti quanti. Rien n’interdit non plus d’imaginer qu’elle a aussi servi à héberger de pauvres cadres socialistes en déshérence entre deux mandats ou à fournir un intéressant travail rémunéré à l’un ou l’autre étudiant prometteur, apte à organiser des campagnes électorales ou à mobiliser ses congénères dans l’une ou l’autre action estudiantine si chère au PS… Or, lorsqu’on lit le récent article de Challenges sur le sujet, on ne peut que conserver cette idée fermement ancrée que la LMDE, devenue une sorte de succursale de placement pour l’UNEF, le syndicat étudiant socialiste, n’est bel et bien qu’une nouvelle resucée d’un scandale qui a déjà eu lieu.
La faillite de la LMDE, bien que trop peu médiatisée, n’est en probablement qu’à son début. La mutuelle sera probablement rattachée à l’une autre l’autre usine-à-gaz déjà existante pour en camoufler les principaux vices, mais on peut parier sur l’éclosion d’une affaire LMDE qui verra fleurir de nombreux noms de hiérarques socialistes. Il y aura, peut-être, des procès, pour tenter d’expliquer où sont passés les 35 millions d’euros de l’ardoise que la LMDE est en train d’écrire. Mais rassurez-vous : tout comme il ne fut tiré aucune leçon de l’échec fracassant de la MNEF, celui de la LMDE ne laissera aucune trace dans l’opinion publique.
C’est aussi ça, la magie du socialisme.
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