J’aimerais dire
quelques mots sur le récent article
de Jan Nieuwenhuijs/Koos Jansen quant au refus de la banque centrale des
Pays-Bas de publier sa liste de barres d’or. La raison qui lui a été donnée
est que « la conversion des listes internes en documents susceptibles d’être
publiés représenterait un fardeau administratif ».
Je trouve cet
argument assez faible. En effet, les ETF sont capables de produire des listes
de barres de plusieurs milliers de pages, et ce sans aucun souci de sécurité.
Même si les dépositaires des barres d’or de la banque centrale lui
fournissaient des listes contenant des informations pouvant représenter un
risque de sécurité, il ne serait certainement pas un problème de leur
demander de modifier leurs rapports afin que ces informations soient
dissimulées, ou de ne transférer que les données pertinentes sur un fichier
csv ou un tableau. Si le problème est, en revanche, que ses dépositaires ne
disposent pas de systèmes d’inventaires électroniques, alors nous avons de
sérieuses questions à nous poser quant au contrôle et à la sécurité des
opérations de ces dépositaires.
Je suis d’avis
que la véritable raison pour laquelle la banque refuse de publier ses listes
de barres, comme certains l’ont déjà suggéré, est la suivante : lorsqu’une
banque centrale prête de l’or, elle reçoit plus tard des barres différentes
(voyez ici
pour plus d’informations). Ainsi, la modification de certains numéros de
barres révèlerait le pourcentage de réserves d’or prêté à des banques
commerciales au fil de l’année.
Pour une banque
centrale qui respecterait les lois comptables et comptabiliserait ses prêts
séparément de ses réserves physiques sur ses bilans (voir ce
lien pour ce qui concerne la Banque d’Australie), la publication d’une
liste de barres d’or ne devrait pas être un problème (bien que nous puissions
voir ici
les problèmes rencontrés par le bloggeur Bullion Baron suite à sa demande d’obtention
d’une liste de barres auprès de la Banque d’Australie, qui semblent bien plus
liés à l’interférence de la Banque d’Angleterre qu’à un manque de courage de
la Banque d’Australie). Mais pour une banque centrale qui rapporte ses
réserves d’or prêtées comme ses réserves physiques sous la catégorie « or »,
la publication d’une liste de barres soulèverait quelques questions, telles que
« pourquoi n’avez-vous pas fait la différence entre ces deux catégories ? »,
« comment osez-vous prétendre que les réserves d’or physiques et l’or
prêté sont une seule et même chose ? » ou encore des questions
relatives au risque encouru. Bien que je ne connaisse pas personnellement de
banquier central, je suis certain qu’ils n’apprécient pas de voir leurs
actions et jugements remis en question. D’où le mur de silence.