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Cours Or & Argent

La pause qui rafraîchit

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Publié le 20 mars 2017
982 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
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Rubrique : Article du Jour

 

Oublions un instant les questions monétaires de ce milieu de semaine pour nous pencher sur les circonstances de notre temps – alors que le blizzard hurle derrière nos fenêtres, et que les fonctionnaires de la Réserve fédérale font nerveusement les cent pas dans les couloirs de l’Eccles Building.

Il est évident qu’il existe désormais quatre aspects de la vie politique américaine : un parti démocrate complètement perdu et délirant ; des Républicains incapables ; le Deep State permanent et ses fantassins et garçons de courses bureaucratiques ; et Trump, le Roi-Golum de notre Grandeur à venir. Que Diable s’est-il passé…

Les Démocrates se sont eux-mêmes réduits à un gang de néo-maoïstes sadiques qui ne s’affairent plus qu’à éradiquer tout ce qui ressemble encore à une liberté d’expression en le nom de la justice sociale. Ils ont fait de la contrainte leur monnaie sonnante, notamment dans le domaine des idées, où « diversité » signifie désormais écraser le cou de leurs adversaires jusqu’à ce qu’ils se prétendent d’accord avec leur néologisme novlangue, et où « inclusion » signifie que vous êtes le bienvenu à condition d’être comme tout le monde. Je les qualifie de Maoïstes parce que ce, comme les Gardes rouges déchaînés de Mao en 1966, leur mission est de « corriger » ceux qui osent s’opposer au leader établi. La seule différence étant que cette fois-ci, le leader établi a perdu les élections qui lui étaient acquises, pour laisser son parti dénué de pouvoir et de mission, tel une termitière sans sa reine, travailleurs et soldats fuyant le centre du pouvoir dans une hystérie d’identité perdue.

Ils se sont brièvement regroupés après la débâcle des élections, pour s’opposer à un ennemi imaginaire, la Russie, cet ours-fantôme qui aurait supposément piétiné leur termitière et écrasé leur reine. Etrangement, aucune empreinte d’ours n’a jamais été découverte. Depuis que ce fait indéniable a été sombrement révélé par l’ancien chef de la NSA, James Clapper, dans Meet the Press sur NBC, cette hallucination s’est envolée de la Une des organes de presse du parti – bien que dans un dernier effort de rectitude, le New York Times ait publié lundi un reportage de première page détaillant l’odieuse traite d’esclaves de l’université de Georgetown il y a deux siècles. Voilà qui devrait suffire à faire taire les méchantes sorcières une fois pour toutes.

Les Républicains, afin d’éviter de se transformer en un nouveau parti Whig et de finir dans la chute à linge de l’histoire, ont passé un accord nocif avec un personnage très susceptible d’exacerber leur mauvaise image. Leur enfant chéri a traîné les grands Poobah du parti jusque dans la salle de torture « faites-y-vous-ou-taisez-vous » de notre capitale – une pièce que le sénateur Rand Paul a cherché partout la semaine dernière – où on leur a demandé de réformer le racket de couverture médicale du pays. Pour l’heure, ils semblent prêts à cuisiner de nouvelles primes pour leurs mécènes du cartel hospitalier, des assurances santé et des sociétés pharmaceutiques. Les électeurs commencent déjà à sentir l’odeur de carpe pourrie dans le plat qui mijote. Il y a de fortes chances que leur concoction finisse dans la benne à ordures du capitole, ce qui en soi suffirait à faire couler le parti, le système actuel connu sous le nom d’ObamaCare ou Affordable Care Act ressemblant désormais à une tumeur fatale dans la thyroïde du pays. Dans un effort de corriger ce qui ne va plus, les Républicains passeront bientôt du parti du Non au parti du Allez-vous-en.

Le Deep State semble soucieux de défaire ses liens avec les deux partis en putréfaction et se tient prêt, si nécessaire, à diriger lui-même le colosse gémissant du gouvernement. L’armée et ses chaînes de commandements demeurent intactes, ainsi que leurs « actifs », et il n’est pas difficile d’imaginer les réunions anxieuses qui se tiennent dans arrière-salles du Pentagone et de la maison Langley. Et si… ? « Et si nous le faisions partir en fumée ? » se demande tout haut un vieux colonel de l’armée, après quoi la salle toute entière plonge dans un silence de plomb, pesant le poids de la notion. Quelques-uns hochent la tête et font la moue, d’autres se contente de tousser dans leur manche. Un jeune assis au fond de la salle mentionne un « petit quelque chose » sur lequel lui et ses collègues ont travaillé, qui implique un peu de laque à cheveux et une neurotoxine dérivée du venin de la vipère du Gabon…

Et puis il y a notre président lui-même : Donald J. Trump, dans la fantastique solitude de sa twitterverse. Un étrange destin l’a amené jusqu’à sa place dans l’Histoire, et beaucoup de ceux qui, comme moi, observent de près la situation depuis ces derniers mois, savent pourquoi : tout n’est question que de dégoût ardent pour les trois autres aspects du pouvoir américain ; de l’échec désastreux de la classe moyenne plongée dans un purgatoire de repossession, d’oisiveté, d’opiacés et de tatouages ; de l’économie de consommation de plus en plus vide de sens ; de la matrice du racket qui draine les finances de tout un chacun et s’humilie par le piètre service qu’elle rend ; des guerres coûteuses, inutiles dans des contrées lointaines, qui laissent derrière elles des trous à rats permanents ; de la défiguration disgracieuse de notre paysage national autrefois grandiose, devenu un terrain vague de centres commerciaux et de bretelles d’autoroute en décrépitude.

Déambule alors sur la scène notre Donald national, un géant parmi les nabots pleurnicheurs de notre temps, avec ses promesses de refaire de ces terres en souffrance une grande nation. Je suppose qu’à sa manière, il souhaite vraiment bien faire. Il en est allé de même pour bien des personnages torturés qui se sont retrouvés au sommet : Idi Amin, l’oncle Joe Stalin, Vlad III l’Empaleur, Adolf Vous-savez-qui, Pol Pot. La liste est très longue.

 

 

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James Howard Kunstler est un journaliste qui a travaillé pour de nombreux journaux, dont Rolling Stones Magazine. Dans son dernier livre, The Long Emergency, il décrit les changements auxquels la société américaine devra faire face au cours du 21° siècle. Il envisage un futur prochain fait de crises sociales à répétition, la fin de la Surburbia et du modèle économique associé et une guerre mondiale pour les ressources en énergie. Il prédit la déconstruction des empires européens et américains et pense que, lorsque les convulsions seront terminées, le monde reviendra à un modèle décentralisé et local.
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