‘Au cours de ces 200 dernières
années, la population de notre planète a connu une croissance
exponentielle, à un taux de 1,9% par an. Si ce taux ne ralentit pas,
la population mondiale doublera tous les 40 ans, et d’ici à
2600, nous nous tiendrons tous littéralement debout les uns contre les
autres’. Tels sont les dires du professeur Stephen
Hawking, rapportés par Edward Morgan dans Looking at the New Demography.
Il est inutile de préciser que le taux
de croissance de la population mondiale finira par ralentir, et selon Morgan,
nous en serions déjà à la cinquième phase du Modèle de Transition Démographique.
L’implication des pics
pétroliers dans la croissance démographique
Alors que Morgan porte un regard relativement bénin sur les choses, se
demandant même s’il existe un moyen qui puisse permettre
d’inverser un déclin démographique de phase 5, Paul
Cherfuka, dans Population: The Elephant in the Room,
voit les choses d’un autre œil, particulièrement en termes
d’utilisation des ressources pétrolières.
Chacun des problèmes
globaux auxquels nous faisons aujourd’hui face est le résultat
d’un nombre trop élevé de personnes consommant des
quantités trop importantes de ressources non-renouvelables de notre
planète et gaspillant les terres, l’eau et l’air. Le
réel danger que présente notre croissance démographique
ne réside pas en des nombres absolus, mais en
l’incapacité de notre environnement à se
régénérer suite aux dommages que nous lui causons.
Il devient chaque jour de plus
en plus clair, au vu des problèmes que causent le réchauffement
climatique, les pénuries d’eau, de terres fertiles et de
nourriture, la diminution de la biodiversité et la pollution de nos
océans, que la situation humaine actuelle est insoutenable. Afin de
retrouver un équilibre entre la civilisation humaine et notre
planète, il nous faudra diminuer notre population mondiale, notre
niveau d’activité, voire même les deux. L’une des
questions qui est bien souvent répétée lors des
discussions touchant à la démographie est la suivante :
‘Quel niveau de population
humaine notre planète peut-elle supporter ?’.
L’utilisation du
pétrole fit son entrée dans la vie courante autour de 1900,
lorsque la population globale était d’environ 1,6 milliard.
Depuis lors, la population mondiale a été multipliée par
quatre. Si nous observons la production pétrolière par rapport
à la courbe de la croissance démographique, alors nous pouvons
remarquer une corrélation significative:
Jetons un œil aux deux
courbes depuis 1900 jusqu’à 2005 afin de nous conforter dans
cette impression :
Les premières questions que l’on vient à se poser lorsque
l’on accepte ce concept de ‘Pic Pétrolier’
sont : ‘Quand le déclin démographique se
produira-t-il ?’, et ‘A quelle vitesse se produira-t-il ?’.
La vitesse à
laquelle ce déclin démographique post-pic se produira est
sujette à plus de débats que le moment auquel ce pic aura lieu.
Il semble être une idée largement répandue que ce
déclin commencera plutôt lentement, avant
d’accélérer graduellement dans le même temps que de
plus en plus de champs pétroliers feront face à des
pénuries. Ce déclin finira ensuite par se stabiliser, du fait
à la fois de la difficulté que posera l’extraction du
pétrole restant dans les nappes et de la réduction de la
demande que la hausse des prix et le ralentissement économique auront
entraînée.
Le taux de ce déclin
post-pic pourrait être ralenti par la découverte de nouveaux
champs de pétrole en mesure de remplacer ceux que nous avons
utilisés. Malheureusement, notre taux de consommation est cinq fois
supérieur à notre taux de découverte. Pire encore, il
semblerait que nous ayons déjà découvert près de
95% des réserves de pétrole disponibles sur notre
planète.
Le graphique ci-dessous
peint un tableau des plus clairs de l’ère
pétrolière. Ce modèle incorpore les chiffres de
production réelle jusqu’à 2005, et mon estimation quant
à ce à quoi une courbe régulière de déclin
pourrait ressembler. Il présente également mon idée que
le pic pétrolier se produise en ce moment même.
Dans le domaine de l’écologie, il est dit que nous atteignons un
dépassement lorsque la consommation de la population excède les
capacités de son environnement. Cette idée est illustrée
dans le graphique ci-dessous:
Principe de dépassement
Les populations souffrant de sérieux dépassements finissent par
régresser. C’est un phénomène identique à
celui que nous apercevons dans les fûts de vin lorsque le levain meurt
après avoir consommé la totalité du sucre présent
dans le raisin et baigné dans ses propres déchets alcooliques
empoisonnés. C’est également un phénomène
que l’on retrouve dans le monde animal, dans les relations
prédateur-proie, dans la mesure où une diminution de la
population qui constitue les proies entraîne la mort de la population
qui constitue les prédateurs. Pour dire les choses telles
qu’elles sont, la situation est encore pire que cela. La population
pourrait effectivement chuter jusqu’à atteindre un niveau
acceptable avant même qu’un tel dépassement se produise.
La raison en est qu’une consommation trop importante en période
de dépassement permet à une espèce d’utiliser une
quantité accrue de réserves non-renouvelables et
d’empoissonner son environnement avec ses propres déchets.
Pour ce qui est de
l’histoire humaine, notre utilisation de pétrole nous a permis
d’accomplir des exploits en termes d’extraction et de production
de déchets qui n’auraient simplement pas été
réalisables avant l’ère pétrolière. Si nos
réserves pétrolières venaient à manquer,
l’énergie disponible deviendrait vite trop insuffisante pour
nous permettre d’extraire les ressources restantes. Un
phénomène similaire peut être appliqué à
notre capacité à gérer les déchets que nous
produisons.
Un excès de la mortalité
[Chefurka
présente une série de graphiques peu réjouissants en
accord avec son point de vue quant au devenir de l’humanité]
Les coûts
Le coût humain
d’une telle remise à niveau démographique sera bien
entendu terrible. En se basant sur ce modèle, nous aurions à
faire l’expérience d’une mortalité avoisinant les
100 millions par an au cours de ces 75 prochaines années afin de
parvenir à une population d’un milliard d’ici à
2082. Ce pic de mortalité apparaîtra d’ici 20 ans, et
verra plus de 200 millions de personnes mourir dès la première
année. Afin de mettre cela en perspective, la Seconde Guerre Mondiale
a entraîné la mort de 10 millions de personnes par an durant 6
ans.
Il n’est donc pas
difficile de comprendre pourquoi le contrôle de la population est un
problème inabordable, bien qu’éléphantesque
– le problème auquel nous faisons face est simplement trop
important pour que nous puissions lui apporter des solutions humainement
achevables, ou du moins rationnelles.
Projections
démographiques de l’ONU
Laissons de côté les perspectives les
plus sinistres, et penchons-nous sur la perspective de réduction
démographique présentée par ces graphiques
d’estimation fournis par l’ONU :
Je ne parviens pas à retrouver la source de ce graphique, mais je sais
qu’elle est présente quelque part sur le site Seeking Alpha.
Questions
démographiques et économiques
1.
Cette
estimation de l’ONU est-elle si incroyable que cela ? Si elle ne
l’est pas, qu’en serait-il si elle débutait dès
aujourd’hui, et non après 2040 ?
2.
Qui
paiera les coûts médicaux des retraités du monde
développé si les gens vivent plus longtemps mais que la
croissance démographique stagne ?
3.
Où
trouverons-nous les réserves
énergétiques nécessaire à la survie de la
race humaine si la croissance démographique ne ralentit pas ?
4.
D’où
proviendront les ressources énergétiques d’un pays tel
que la Chine, étant donné sa croissance économique
actuelle – sans porter attention à sa croissance
démographique ?
Ceux qui s’imaginent
que nous allons pouvoir ‘croître’ notre chemin hors du
désordre économique actuel feraient mieux de pouvoir apporter
des réponses plausibles aux questions 1 et 3 présentées
ci-dessus.
Le
problème numéro 2 est un problème auquel fait
actuellement face le Japon. Les Etats-Unis feront à leur tour face
à une situation similaire, et ce bien plus vite qu’on ne le
pense.
Ceux
qui suggèrent que l’immigration et la croissance
démographique sont la solution au problème numéro 2
feraient mieux de pouvoir apporter une réponse vraisemblable à
la question numéro 3, et pouvoir expliquer en quoi l’immigration
et la croissance démographique ne sont rien de plus qu’un jeu de
chamboule-tout.
Le
problème de la Chine est des plus actuels. Le pic pétrolier
fait tout sauf assurer à la Chine une diminution de son taux de
croissance dans un futur proche. Nous sommes sur le point d’assister
à une épreuve de force autour des réserves
pétrolières, de laquelle la Chine sortira gagnante.
A
moins que nous ne trouvions un nouveau moyen efficace et peu cher de
créer de l’énergie renouvelable d’ici ces cinq
prochaines années.
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