Une
nouvelle journée vient de s’achever Fukushima, sans que
l’opérateur soit parvenu à reprendre en main la
situation.
Le
rétablissement de l’alimentation électrique n’est toujours
pas intervenu, les contrôles préalables devant être
effectués sur les installations avant leur mise sous tension (pour
éviter un court-circuit) plus long que prévus. Pas de nouveau
délai de donné.
Tepco est pris dans deux contradictions
:
1/
Il lui faut arrêter les aspersions d’eau pour rétablir
l’alimentation électrique d’un premier réacteur
– dont la situation est moins problématique – ce qui a
pour effet de stopper le refroidissement des installations des
réacteurs et des piscines n°3 et 4, pourtant
considérés comme prioritaires.
2/
Il doit reprendre les rejets de gaz radioactifs dans
l’atmosphère du réacteur n°3, afin de diminuer la
pression à l’intérieur de l’enceinte de confinement
et d’éviter une explosion d’hydrogène susceptible
de l’endommager davantage. Ce faisant, il accroît la
radioactivité et rend encore plus dangereux les opérations sur
le site, ainsi que dans l’environnement en général.
Il
n’est pas clairement établi que l’arrêt des
aspersions et de nouveaux rejets soient intervenus.
Sept
techniciens ont été exposés à des niveaux de
radiations supérieurs à 100 millisieverts,
seuil à partir duquel le risque de développer
ultérieurement un cancer devient important.
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Mise
à jour n°75 (dimanche 07h05)
Un
nouveau report à lundi du rétablissement de
l’alimentation électrique de premières installations a
été annoncé par Tepco (le
réacteur n°2, choisi comme cas test). Retardant d’autant la
vérification du bon fonctionnement des pompes et des systèmes
de refroidissement des réacteurs. Impliquant de poursuivre
l’utilisation de moyens de fortune pour y suppléer.
Les
risques de court-circuit – et les vérifications
préliminaires qu’ils nécessitent – sont
présentés comme en étant la cause. En
réalité, il semble que l’opérateur soit
également devant un dilemme: l’arrêt des aspersions des
réacteurs n°3 et 4 s’imposerait pour rétablir
l’alimentation électrique.
Tepco est face à un second
dilemme: l’inquiétude monte à propos de la contamination
radioactive dans de larges zones autour de la centrale, les relevés
n’étant que fragmentaires et rendant mal compte d’une
contamination en « peau de léopard ». Il va
néanmoins lui falloir rejeter à nouveau des gaz radioactifs de
l’enceinte de confinement du réacteur n°3, chargé au Mox, alors que l’on ignore l’état des
barres de combustible à l’intérieur du réacteur,
l’hypothèse qu’elles soient partiellement à
découvert étant plausible.
Il
en résultera à coup sur une
augmentation de la radioactivité sur le site, pouvant encore
compliquer les opérations en cours et les rendre plus dangereuses pour
les techniciens.
Après
enquête, un article du Wall Street Journal fait état des retards
pris à l’origine de l’accident, l’opérateur
ayant différé le noyage des réacteurs par de l’eau
de mer faute de mieux, car cela en condamne toute remise en service
ultérieure.
L’INRS
Française, qui suit de très près les
événements, s’inquiète des conséquences
plus immédiates de formations cristallines de sel dans le
réacteur, pouvant contribuer à affecter leur
intégrité.
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Mise
à jour n°74 (samedi 17h50)
Des
traces d’iode 131 et de césium 137 ont été
trouvées dans les réseaux de distribution d’eau dans une
large zone au sud de Fukushima, jusqu’à Tokyo au sud et à
la côté Ouest (Fukushima est sur la côte Est). Les teneurs
décelées sont nettement en-deçà des seuils
légaux au Japon, selon les autorités.
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Mise
à jour n°73 (samedi 16h50)
L’AIEA
vient d’annoncer que le niveau des radiations n’avait pas
augmenté dans les principales villes japonaises, afin de calmer le jeu
après la diffusion d’information sur la pollution radioactive de
produits alimentaires et du réseau d’eau de la ville de
Fukushima. Rien n’est dit sur les alentours de la centrale, dans un
rayon de 80 kms (pour reprendre le rayon de la zone d’évacuation
des autorités américaines pour leurs citoyens).
Elle
a aussi évoqué la possibilité que les pompes des
circuits de refroidissement des réacteurs ne fonctionnent pas, ce qui
peut être interprété comme une préparation de
l’opinion à de mauvaises nouvelles éventuelles à
ce propos.
La
seule alternative serait alors de poursuivre les aspersions d’eau avec
les moyens du bord en attendant l’ensevelissement des installations. On
entrerait dans un scénario type Tchernobyl, vu la dimension et hauteur
des édifices des 4 réacteurs. Il n’est pas certain que
les véhicules télécommandés envoyés par
les Français soient à la hauteur de la tâche : un
camion-benne, une pelleteuse et un bull.
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Mise
à jour n°72 (samedi 16h10)
L’évolution
de la situation est suspendue à la relance des pompes et circuits de
refroidissement des réacteurs et des piscines. Il faudra attendre
demain matin (heure de Tokyo = heure de Paris +8) pour en savoir plus.
Une
stabilisation très précaire semble être intervenue, en
particulier au réacteur n°3, le plus potentiellement dangereux.
Les aspersions d’eau se poursuivent, mais il semble que les rejets
radioactifs dans l’atmosphère, afin de soulager la pression
interne, aient été provisoirement suspendus.
Une
ligne électrique très haute tension aurait été
installée et raccordée au réacteur n°2, qui pourrait
également alimenter le n°1, mais elle doit encore être
testée dans un environnement peu propice (eau et radiation).
L’enjeu sera ensuite de vérifier le fonctionnement des pompes et
l’intégrité des circuits de refroidissements, qui ont pu
être mis à mal par les explosions d’hydrogène.
Toutes
ces informations sont sujettes à caution, étant donné
l’imprécision des communiqués de Tepco.
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Mise
à jour n°71 (samedi 12h32)
Un
nouveau séisme de magnitude 5,9 a particulièrement
secoué la ville d’Ibaraki, entre Fukushima et Tokyo, et a
été ressenti fortement à Tokyo. Des traces d’iode
radioactif ont été découvertes dans le réseau de
distribution d’eau de Tokyo, où la radioactivité ne
nécessite pas de mesure de calfeutrage, selon les autorités. Du
lait et des aliments contaminés, à des niveaux
inférieurs au maximum autorités selon les autorités, ont
été trouvés dans des préfectures
(départements) entourant la centrale.
Les
prévisions météo, qui prévoient des
précipitations dimanche, pourraient accentuer la radioactivité
au sol, les vents restant orientés vers la mer mais faiblissant.
Les
opérations de rétablissement de l’énergie
électrique se poursuivent, avec toujours la perspective de les
conclure dimanche. Le réacteur n°3 est sous aspersion.
Billet
rédigé par François Leclerc
Paul Jorion
(*)
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présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’
» qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos
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