Le monde a beaucoup changé
depuis les jours enivrants qui ont précédé la Grande dépression des années
1930. La technologie, pour commencer, a complètement transformé notre mode de
vie et significativement amélioré notre productivité économique. En effet, on
entend parfois que ces avancées technologiques nous protègent aujourd’hui des
dépressions économiques.
Bien évidemment, le même type de
raisonnement – les améliorations technologiques de ces dernières décennies
ont immunisé le monde contre les récessions massives – aurait pu être adopté
avant les années 1930. Une analyse plus prudente de la capacité des économies
à subir des retournements significatifs nous indique en revanche que ces
dépressions ne sont pas liées à la technologie, mais à l’allocation et la
mal-allocation de ressources.
L’emploi de ressources à des
fins contraires aux attentes des individus présents sur le marché génère ce
que l’on appelle des pertes. L’un des facteurs principaux qui contribuent à
une telle mal-allocation et donc à des pertes est la falsification des
signaux de prix liée aux politiques monétaires laxistes employées par les
banques centrales, amplifiées par les politiques de prêt des banques
commerciales.
La falsification persistante des
signaux de prix mène, au fil du temps, à une structure de production qui,
bien que technologiquement sophistiquée, est contraire aux souhaits des
consommateurs et hautement vulnérable à ce que les économiques qualifient de « chocs ».
En conséquence, lorsque les
banques centrales renversent leur création monétaire (l’un des « chocs »
les plus brutaux que nous puissions traverser) et que les activités nées de
ces signaux de prix erronés commencent à se contracter, un mouvement nait qui
porte de nouveau la structure de production vers un niveau moins distordu et
pousse les activités économiques « artificielles » à se retrancher
davantage.
Cette liquidation des structures
artificielles est ce que nous apportent les récessions et dépressions. Je ne
cherche pas à dire qu’il s’agit là de contractions normales, mais simplement
à expliquer ce qui se passe.
La sévérité d’une récession
varie en fonction de la magnitude de mal-allocation des ressources
occasionnée par les activités des banques centrales et commerciales.
Ce n’est pas l’innovation
technologique en tant que telle qui améliore le niveau de vie des gens, mais
la hausse des biens d’équipement par tête, qui sont déterminés par l’allocation
de capital réel à l’expansion et l’amélioration des équipements existants.
Ces nouveaux équipements
représentent la nouvelle technologie. Une fois de plus, c’est l’allocation de
capital réel à la création de nouveaux outils et machinerie qui est la clé de
l’expansion du capital réel – et de l’amélioration du niveau de vie des gens.
La technologie seule ne nous
rend pas plus riches
Si le facteur restrictif, pour
ce qui concerne la croissance économique, se trouvait être les connaissances
technologiques, alors une majorité des économies du tiers-monde pourraient surmonter
leurs difficultés en adaptant les dernières nouveautés occidentales à leur
propre base de compétences.
La raison première pour laquelle
cela ne se produit pas n’est pas un manque de connaissances en matière de
technologie, mais la rareté de capital réel pour financer les infrastructures
nécessaires à l’absorption et au déploiement de tels équipements.
Mais afin d’étendre la
production de capital réel, il est nécessaire d’investir sur les
infrastructures, les usines et l’équipement. Et ces investissements ne
peuvent voir le jour que s’il existe déjà suffisamment de capital réel – nous
avons là un cercle vicieux assez malheureux.
Pour briser ce cercle vicieux,
il est nécessaire de déclencher un processus de formation de capital réel. Ceci
peut être fait au travers de l’introduction de plus de libertés sur les
marchés ou de la réduction du gouvernement et de l’abolition de la banque
centrale. Une telle action permet d’accumuler plus de capital entre les mains
du secteur privé, qui peut ensuite commencer à créer plus de capital réel. Pour
ce qui concerne les économies sous-développées et en développement, des
améliorations peuvent aussi être apportées au travers de l’introduction et de
l’adoption de droits de propriété individuels – le facteur clé du processus d’accumulation
de capital.
Selon Mises (L’Action humaine),
L’éminence des nations
occidentales est liée au fait qu’elles sont parvenues avec un plus grand
succès à contenir l’esprit du militarisme prédateur que le reste du monde, et
ont ainsi pu établir les institutions sociales nécessaires à l’épargne et à l’investissement
de grande échelle. Marx lui-même n’a pas rejeté le fait que les initiatives
privées et la propriété privée des moyens de production sont indispensables
au passage du dénouement de l’Homme primitif aux conditions plus satisfaisantes
du XIXe siècle en Europe et aux Etats-Unis. Les garanties légales qui
protègent l’individu contre l’expropriation et la confiscation sont les
fondations sur lesquelles le progrès économique sans précédent de l’Occident
a pu être établi.
Mises indique également que,
Les investissements et les prêts
à l’étranger ne sont possibles que si les nations bénéficiaires sont
inconditionnellement et sincèrement engagées au principe de propriété privée
et ne prévoient pas d’exproprier les capitalistes étrangers à une date
ultérieure.