J’ai
passé une partie de ma journée à relire la biographie de
Sir Francis Bacon écrite par Dean Church. C’est en lisant des
descriptions qui en ont été faites par ses contemporains que
j’ai, pour la première fois, entendu parler de Church et
j’ai depuis, bien évidemment, lu son brillant ouvrage
intitulé Oxford Movement. En plus d’un homme de culture, Church
compta également parmi les doyens de Saint Paul.
L’introduction
à la biographie de Sir Francis Bacon que vous trouverez ci-dessous le
présente comme étant en quelque sorte la figure
emblématique des grands hommes de notre époque, si ce
n’est de notre génération entière. Bien
qu’il soit certain que les personnages publics dont il fait la
description ne puissent avoir été aussi talentueux que Bacon,
le fait qu’ils aient appartenu pour la plupart à la bourgeoisie
explique pourquoi ils n’ont pas fini par leur âme de
manière aussi tragique que n’a pu le faire notre grand homme.
Contrairement à Bacon, ils se contentaient de servir le système
qui les avait élevés.
La
tragédie de la vie de Bacon réside dans le fait qu’il ait
manqué son propre potentiel. Je pense que, contrairement à
Bacon, Geithner et Bernanke
ont parfaitement conscience de ce qu’ils valent, comme ils disent.
Quant à Obama, j’attends encore de voir ce qu’il en
adviendra. Eux, comme tous les autres, finiront par être oubliés
tels des âmes égarées, tels des feuilles mortes sur les
rues pavées.
Nous
aurions grand besoin de grands apôtres de la morale, mais ne pouvons
hélas obtenir que ce que nous méritons.
‘Tout au long de sa vie, sa passion fût la
recherche intense et romantique de savoir et de connaissances, aussi bien au
service de l’Homme que de la conquête de la nature. Il portait en
lui l’esprit, le désir et les efforts des grands explorateurs et
inventeurs d’art tels qu’ils sont symbolisés par le
mythique Prométhée.
Il s’éleva au plus haut de la
hiérarchie et des honneurs, bien que tout cela n’était
rien de plus que les ornements de ce qui faisait de lui un grand homme. Il
est difficile d’imaginer un homme plus grand et à la
carrière plus spectaculaire que lui. Son nom compte parmi ceux
d’entre les Hommes qui ont accompli les plus grandes choses.
Il menait cependant une vie de misère et de
pauvreté. On pourrait s’attendre à ce qu’une telle
figure de gloire soit caractérisée par un caractère
noble et puissant. Mais ce n’est hélas pas le cas.
Personne avant lui n’est jamais né avec une
idée aussi affirmée de son rôle sur Terre, ni n’a
jamais brûlé d’un tel désir d’accomplir son
destin. Bacon était tout cela. Et malgré toutes ses
qualités, en observant la grandeur, les valeurs, les faiblesses et les
péchés de cet homme, nous réalisons qu’il
était loin d’être la personne qu’il pensait
être.
Il se plia aux désirs de l’homme puissant
qu’était Buckingham. Il se vendit lui-même au gouvernement
corrompu et ignominieux qu’était celui de James I. Il
s’employa volontairement à la chasse à son ami Essex,
ennemi de l'Etat, mais de loin de plus généreux des
bienfaiteurs d’entre ses proches.
Les yeux ouverts, grands ouverts, il se plia sans aucune
résistance à un système qui ne le méritait pas.
Il ne pouvait apercevoir le caractère diabolique de ce système,
et choisit de le juger comme bon. Il en fut la première de ses
victimes’.
R. W. (Dean) Church, Francis Bacon
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