Au vu de ses déclarations
publiques, Betsy DeVos semble spectaculairement sous-qualifiée pour diriger l’entreprise
démocratique connue sous le nom de Ministère de l’éducation. Mais peut-elle
véritablement faire pire que les Mandarins exaltés de la bureaucratie de l’enseignement
qui l’ont précédée ?
Il y a aujourd’hui tant de
choses qui ne vont plus avec l’enseignement public que ce dernier pourrait
éventuellement devenir l’exemple vedette de l’effondrement institutionnel aux
Etats-Unis. En termes de sommes dépensées par étudiant, il illustre
parfaitement la dynamique classique d’effondrement par le surinvestissement
sur la complexité aux rendements décroissants avancée par Joseph Tainter. Les
jeunes adultes se perdent dans les couloirs des écoles supérieures, ou
décrochent des diplômes qui font d’eux des illettrés fonctionnels malgré l’application
généralisée et tant vantée de la « technologie » informatique. Ils
peuvent utiliser Instagram, mais sont incapables de lire une demande de permis
de conduire. L’obsession pour la diversité et la multiculture a privé les
jeunes de l’armature d’une culture américaine commune dans laquelle modeler
leur vie.
Cette culture commune, soit dit
en passant, est exactement ce qui a permis à des vagues d’immigrants de venir
s’installer et construire leur vie aux Etats-Unis entre le début du XIX
siècle et la seconde guerre mondiale. Elle a aussi permis aux fils et aux
filles des anciens esclaves de se lancer dans le monde du travail et de l’entreprise,
malgré la ségrégation de Jim Crow. Aujourd’hui, sous le diktat du Ministère
de l’éducation, et face à la propagande des corps enseignants politisés, les
mécanismes qui ont rendu ces succès possibles sont essentiellement rendus
illégaux ou abolis en le nom d’un consensus fonctionnel. Notons par exemple
la nécessité de parler Anglais correctement.
Je l’ai déjà dit par le passé,
et le répéterai encore malgré le mépris et la dérision de mes auditeurs :
il devrait être la mission primaire des écoles d’enseigner aux enfants comment
s’exprimer dans un Anglais intelligible et grammaticalement correct. Sans
cette capacité, il se pourrait qu’ils ne puissent jamais apprendre quoi que
ce soit d’autre. Le fait que la capacité à communiquer ne soit plus considérée
comme importante est une ignominie, qui nous amène également au problème de l’appartenance
raciale dans l’enseignement américain (qui s’inscrit intégralement dans la « discussion
sur les questions raciales » que l’établissement ne cesse de réclamer
sans vraiment désirer).
Les échecs de l’enseignement sont
particulièrement frappants parmi les enfants des villes – un terme poli
utilisé pour dire « Noirs ». Les troubles scolaires de ce groupe
particulier peuvent être attribués à toute une série de problèmes, à
commencer par un système de services sociaux qui verse de l’argent aux jeunes
filles pour qu’elles aient des enfants privés de la présence d’un père, jusqu’au
parentage inepte inévitable dans ces foyers chaotiques. Vous pourriez toutefois
penser que les enfants nés dans ces conditions sont tant endommagés lorsqu’ils
arrivent à l’école primaire qu’il leur est impossible de se reconstituer.
Sous le secrétaire de l’éducation
du président Barack Obama, Arne Duncan, une politique dite d’ « équité
raciale » a été établie pour mitiger le problème embarrassant des
suspensions et des mesures disciplinaires disproportionnées prises à l’encontre
des étudiants noirs qui se comportent mal en classe. La « solution »
apportée à ce problème a simplement été de cesser d’imposer des normes de
comportement. La politique employée a blâmé l’attitude perturbatrice des
étudiants sur l’ « insensibilité culturelle » des enseignants et de
leurs assistants, et plus particulièrement sur le « privilège blanc ».
La conséquence n’en a naturellement été que plus de chaos et de dysfonctionnement
dans les classes. Je vous conseille de lire l’article
écrit par Katherine Kersten pour City Journal, qui revient sur les
résultats de cette politique dans le district de St Paul, dans le Minnesota.
Arne Duncan a également été
responsable de la mise en application dans les campus de la loi Title IX sur
la discrimination sexuelle (à l’origine pour équilibrer le financement de
sports masculins et féminins), qui a plus tard été utilisée dans des
poursuites extrajudiciaires pour viol au sein de tribunaux bidons gérés par
des idéologues sans aucun souci pour les procédures établies. Ce qui a fait
se développer un climat à la Chambre étoilée de par le pays, qui va
main-dans-la-main avec la coercition officielle des Maoïstes culturels qui s’affairent
à détruire la vie intellectuelle dans les écoles supérieures des Etats-Unis.
L’enseignement américain, depuis
la maternelle jusqu’aux hautes études, est entré en phase d’échec total sous
la direction de générations d’ « experts » fédéraux. Il souffre de
nombreuses pathologies autres que celles que j’ai mentionnées ici, notamment
la surconcentration tragique des arrondissements scolaires et la formation de
gigantesques écoles, et l’odieux racket des prêts qui anime l’éducation
supérieure. Betsy DeVos aura beaucoup de fil à retordre.