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Le capitalisme à la dérive

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Publié le 01 juillet 2011
980 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Soumis à une pression maximale, les députés grecs ont adopté les nouvelles mesures destinées à débloquer les fonds européens et du FMI, évitant le défaut immédiat du pays et l’apocalypse promise. La place Syndagma (de la Constitution, en Grec) n’est plus qu’un nuage épais de gaz lacrymogène destiné à la vider de toute vie, symbolisant ainsi ce qui reste de la démocratie parlementaire grecque et du pouvoir d’un gouvernement placé sous étroite tutelle. La marche en avant de l’intégration européenne vient de réaliser un glorieux pas en avant !


De partout, et surtout de soulagement, il est crié victoire, en omettant le coût dévastateur prévisible du nouveau plan et son échec annoncé. Le voter est une chose, l’appliquer en sera une autre. Personne ne peut croire que cet épisode, ainsi que le montage rocambolesque du suivant qui se prépare, va faire d’un pays devenu insolvable un débiteur de rêve, et pourtant !


La partie n’est d’ailleurs pas terminée et se poursuit hors des hémicycles et de la rue, dans des enceintes plus feutrées. La participation volontairement obligatoire (ou bien obligatoirement volontaire) des banques, des compagnies d’assurance et des fonds d’investissement continue de faire l’objet de très âpres négociations. Soucieux au plus haut point des intérêts de leurs banques, les Français ont tiré les premiers, les Allemands les suivant à reculons et avec toute la mauvaise volonté du monde, proposant un montage tarabiscoté ayant pour objectif d’exonérer de tout risque les établissement financiers et de reporter celui-ci sur les Etats. Cachant derrière sa complexité apparente sa vérité nue.


Tout sauf une restructuration de la dette et rien en faveur d’une relance économique sont les deux credo du plan poursuivi. La dette publique doit être réduite au plus vite pour que la dette privée puisse être refinancée puis amortie dans la durée. Tout le reste n’est qu’habillage.


Les banques jouent de leur côté au plus fin et serré, poussant des cris de vierge effarouchée à l’idée de devoir assumer leur risque de prêteur, le coeur de leur métier pour lequel elles sont rémunérées. La palme revenant à Josef Ackerman, Pdg de la Deutsche Bank, mettant en garde contre toute participation des banques au sauvetage financier de la Grèce, qui pourrait avoir comme conséquence que celles-ci soient accusées « d’abus de confiance » pour disposer à leur guise de leurs fonds…


Tel Ponce Pilate, la BCE affecte de s’en laver les mains, refusant de participer à ce simulacre au nom de ses intérêts bien compris, mettant une fois de plus en en garde les gouvernements contre tout ce qui pourrait être jugé comme une intolérable pression sur les banques, qui appellerait une sanction immédiate des marchés. Indépendante, la BCE a sans excessive surprise choisi son camp !


Afin de justifier leur politique, les institutions internationales cherchent le rempart dérisoire des mots. Jean-Claude Trichet préfère ainsi substituer correction à celui d’austérité, car il s’agit selon lui de revenir sur des « évolutions passées déraisonnables ».


Juché sur un Olympe encore plus inatteignable, John Lipsky, directeur général par intérim du FMI, abandonne quant à lui les « programmes économiques » de Dominique Strauss Kahn pour revenir aux « programmes d’ajustement structurels » chers à son institution mais qui ont laissé dans la mémoire de ceux qui les ont subis de bien mauvais souvenirs.


Pas un analyste financier ne serait près à parier deux sous sur la viabilité du replâtrage en cours, mais les autorités européennes continuent avec une détermination sans faille d’appliquer leur stratégie de faillite.


L’inquiétude née de l’apparition des indignés dissipée devant leur essoufflement momentané et sans voir plus loin que le bout de leur nez, les gouvernements européens n’ont comme seule visée que de régler les faux frais de la crise sur fonds publics, sans saisir que ceux-ci n’y suffiront pas et que la mise en œuvre de leur politique récessive la condamne sans appel.


Aveuglés par leurs certitudes et la satisfaction de leurs intérêts à court terme, les idéologues néo-libéraux mettent en application, à quelques nuances près suivant les pays, un même programme fait de réduction du périmètre et des ressources fiscales de l’Etat, assorti de prometteuses privatisations. Se demandent-ils seulement comment – la machine à financer la dette n’ayant plus les mêmes rendements – ils vont pouvoir conjuguer l’accroissement des inégalités sociales et du partage de la richesse avec le maintien du moteur de la consommation de masse nécessaire à la croissance ?


Les héritiers de la social-démocratie voudraient bien trouver le chemin des réformes du système permettant d’assurer la poursuite du Welfare State, le maintien de la protection sociale et la remise en marche de l’ascenseur du même nom qui l’accompagne. Mais la marche ne risque-t-elle pas de faire défaut sous leurs pieds, s’ils se révèlent comme probable incapables d’abandonner leur domaine d’élection, les réformes du système dont ils n’ont plus les moyens, sans admettre la nécessité de mises en cause devenues inévitables et elles seules réalistes par les temps qui courent ?


Les relèves des professionnels de la politique sont fatiguées, qu’elles soient social-démocrates ou néo-libérales, la frontière entre elles-deux devenue si indécise et floue.


« La France ne peut pas vivre au-dessus de ses moyens » vient de déclarer Nicolas Sarkozy dans un discours digne d’un sous-préfet. Tout en relevant, pour justifier les coupes budgétaires qui se préparent activement pour le lendemain des élections, que 45 milliards d’euros doivent être consacrés annuellement aux intérêts de la dette publique. Pouvait-on mieux, quoi qu’involontairement, poser le problème ?




Billet rédigé par François Leclerc


Paul Jorion




(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.   

 

 

 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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