Notre monde est dirigé – et
c’est le cas depuis déjà un certain temps – par un groupe relativement
restreint d’individus qui a le pouvoir de gérer de son plein gré les
économies des nations. La gestion des affaires d’une nation implique de
forcer les gens à adopter des comportements qu’ils n’adopteraient pas
autrement. La gestion nationale d’une économie signifie donc forcer des
millions d’individus à faire ce qu’ils ne feraient pas d’eux-mêmes.
Il n’y a pas une seule
économie nationale dans le monde au sein de laquelle les gens sont libres de
faire ce que bon leur semble, au point que les gens n’ont nulle part le droit
de faire ce qu’ils pensent bon. Ils voient leurs choix se réduire de jour en
jour au point de n’être poussés à faire que ce qu’ils ont le droit de faire.
L’un des premiers choix faits
par les individus il y a des milliers d’années a été d’adopter la monnaie
qu’ils désiraient utiliser pour finaliser leurs achats de biens et services.
Après avoir utilisé des produits tels que le sel, le cuivre ou les
coquillages, ils ont finalement opté pour l’or, que toutes les civilisations
perçoivent comme valant bien plus que toute autre ressource. En conséquence,
l’or et l’argent se sont prouvés être efficaces en tant que monnaies.
Le fait que nous soyons privés
aujourd'hui de la possibilité d’utiliser ces métaux en tant que monnaie
indique que nous sommes moins bien lotis que nos ancêtres qui vivaient il y a
des milliers d’années. Nous sommes forcés par nos maitres à utiliser une
monnaie factice. La conséquence principale de l’utilisation de monnaie
fiduciaire est le mal-investissement.
Il est clair que si nous ne
sommes pas autorisés à faire ce que nous jugeons bon, tout ce que nous
faisons ne va que de notre second, troisième ou quatrième intérêt. Toute
personne qui ne peut choisir ce qu’il y a de mieux pour ses intérêts
personnels enregistre une perte. Notre monde économique a été tant affaibli
et distordu par l’accumulation de pertes et les faux investissements que les
dommages sont aujourd’hui irréversibles.
Plus de 7,3 milliards
d’Humains foulent aujourd’hui le sol de notre planète, et à l’exception de
ceux qui vivent dans les jungles et les déserts, aucun d’entre eux ne peut agir
en ses propres intérêts. Nous enregistrons tous des pertes, que nous en
soyons conscients ou non.
Additionnez ces pertes et ces
mauvais investissements et vous obtenez le monde d’aujourd’hui, qui évite la
banqueroute et l’effondrement en s’aventurant sur un lac gelé.
L’idée que les économies
nationales peuvent et devraient être gérées prévaut tout autour du monde. Le
monde est donc ‘géré’ vers la stabilité, et viendra un jour où un accident se
produira et où la glace se brisera sous nos pieds pour nous noyer dans l’eau
glaciale.
Nous sommes les témoins des
échecs des efforts de restauration de la croissance dans les économies
Occidentales, l’économie Chinoise semble en passe de faire l’expérience de
grandes difficultés, le gouvernement Japonais a recours à des mesures
désespérées pour raviver son économie. Les Etats-Unis se sont lancés dans une
politique de création monétaire de 85 milliards de dollars par mois et
devraient bientôt augmenter leur monétisation.
En 1956, le Soviétique Nikita
Khrouchtchev a prononcé ces fameuses paroles : ‘Nous allons vous
enterrez !’ lors d’une réunion avec les diplomates Occidentaux.
Et sa prophétie devient
réalité. Il n’y a pas grande différence entre un monde dont les économies
sont gérées et un monde socialiste. Toutes les économies socialistes sont
gérées, et toutes les économies gérées sont sur le point de devenir des
économies socialistes. La différence est que les termes ‘économie gérée’
paraissent acceptables voire normaux à une majorité de gens, alors que le
terme ‘socialisme’ en repousse beaucoup. Les termes ont changé, mais pas la
substance.
Dans les années 1920,
l’intellectuel Italien Antonio Gramsci a écrit sur la manière dont les
institutions politiques sont soutenues par une hégémonie inventée par un
groupe de gens qui partage les mêmes opinions et valeurs. Et comme la gestion
de l’économie jouit du support de cette hégémonie, il est nécessaire de
comprendre que le socialisme n’est pas une menace qui a disparu avec
l’effondrement de l’URSS. Nous vivons aujourd’hui dans un monde en passe de
devenir socialiste. Khrouchtchev avait raison !
Gramsci était un petit bossu,
et c’est selon moi la raison pour laquelle il a tenté de compenser en
adoptant le communisme et en dévouant son intellect à la destruction du monde
qui le percevait comme défectueux. Il a passé une grande partie de sa vie en
prison sur les ordres de Mussolini est y est mort assez jeune en 1937.
La méthode d’introduction du
socialisme de Gramsci n’était en rien une révolution violente, mais la
création d’une hégémonie qui supporterait le socialisme. Cette hégémonie
serait créée grâce à l’association de deux termes pour obtenir le support
populaire. C’est ce à quoi nous assistons aujourd’hui ; les gens sont
satisfaits du concept de gestion économique alors qu’en réalité, il signifie
socialisme. L’hégémonie du socialisme recouvre l’ensemble de notre monde.
Nous savons ce qui est arrivé
à l’Union Soviétique : il a sombré dans la banqueroute. L’URSS, que
certains intellectuels ont qualifié de ‘lumière morale du monde’ tout en
détournant le regard des famines, des goulags et de la terreur de ses
services secrets, a fini par faillir. La différence entre l’Union Soviétique
et le monde d’aujourd’hui n’est qu’une différence de degré, et non d’essence.
Notre monde approche du même effondrement que celui qui a emporté l’Union
Soviétique.
Il me semble probable qu’un
nouvel ordre monétaire international voit le jour avant ou après
l’effondrement inévitable du système monétaire actuel. Il semble également
probable que l’or joue un rôle au sein de ce système monétaire, qu’il regagne
de l’importance. Cela impliquerait un prix de l’or bien plus élevé.
L’accumulation extraordinaire d’or par la Chine indique qu’elle se prépare
dès aujourd’hui à un tel changement, et cela ne se produit pas sans le
consentement de ceux qui dominent l’Occident : le prix peu élevé de
l’or facilite délibérément la préparation d’une transformation.
En revanche, un retour à un
étalon or inaltéré lié à la réintroduction de billets, comme l’imagine Antal
E. Fekete, me semble très peu envisageable. Un tel changement me semble
impossible parce qu’il n’y aurait pas d’hégémonie, pour reprendre le terme de
Gramsci, pour supporter un tel mouvement politique : il est
politiquement impossible d’établir un tel système parce qu’il demanderait
l’abandon, et pas sans coût, des structures non-économiques qui ont été
imposées au monde, et l’élimination des groupes tout-puissants qui
gouvernement aujourd’hui grâce à ces structures. Ceux qui détiennent
aujourd’hui le pouvoir ne se réformeront pas hors de ce pouvoir, et il serait
une erreur de penser le contraire.
L'agence journalistique
officielle Chinoise Xinhua a appelé à la
démonétisation du monde. Les implications en sont claires : les Chinois
veulent avoir leur mot à dire sur la manière dont le monde est géré.
De mon humble avis, ceux qui
dirigent la Chine ne sont pas conscients du problème représenté par la
mauvaise allocation de ressources qui prend ses origines dans a) un système
de réserve fractionnaire qui étend le crédit fiduciaire au-delà de l’épargne,
b) des banques centrales qui émettent des devises fiduciaires et manipulent
les taux d’intérêts et c) un système bancaire qui s’adonne à la
non-concordance des maturités en offrant des crédits de long termes supportés
par des supposées promesses de déposants. La Chine applique ces pratiques
modernes bancaires conventionnelles à grande échelle, proportionnellement à
la population de la Chine.
Si la Chine gère son économie
en se basant sur les mêmes principes que le reste du monde, quelles
différentes mesures pouvons-nous attendre d’elle en tant que grande puissance
s’adressant aux dommages profonds soufferts par la structure économique du
monde au cours de ce dernier siècle ?
L’inclusion de l’or au nouvel
ordre monétaire mondial ne peut que signifier la redistribution du pouvoir de
ceux qui nous dirigent. Ainsi, l’or ne sera pas une monnaie employée par les
individus. Le nouveau système monétaire devra être soutenu par l’or, et les
gens seront autorisés à acheter et vendre de l’or, mais ils n’en détiendront
pas en tant que monnaie. Notre nouveau système monétaire devra restaurer la
confiance, mais demeurera fondamentalement imparfait.
L’utilisation de l’or au sein
d’un nouveau système monétaire se reflètera par un pouvoir accru en termes de
gestion des économies nationales individuelles.
La conséquence de long terme –
le socialisme à l’échelle du monde – demeurera la même tant que l’hégémonie
répondra favorablement au chant de la sirène : ‘Ne vous inquiétez pas,
ne cherchez pas à lutter, ne pensez pas pour vous-mêmes, ne cherchez pas à
subvenir à vos besoins et à ceux de votre famille, faites ce que nous vous
disons de faire et nous – l’Etat – prendront soin de vous’.
De l’eau aura coulé sous les
ponts avant que l’humanité cesse d’entendre ce chant.