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La
France figure désormais sur la short list des pays dont la situation est
problématique, et Claude Bartolone, le président de
l’Assemblée nationale, vient de mettre en cause une règle
des 3 % « écrite sur un coin de table », exprimant tout
haut ce que tous savent en leur for intérieur : l’objectif est
injouable ! Ce à quoi Pierre Moscovici a répondu – cela
ne s’invente pas – « le président de
l’Assemblée est entièrement d’accord avec moi
[à propos du respect de la règle des 3 %], car une dette
élevée favorise la rente au détriment des revenus des
travailleurs et des entrepreneurs ». Le débat est cependant
engagé dans la majorité sur un choc d’offre
déjà rebaptisé choc de compétitivité,
pour se gratter immédiatement la tête en se demandant ce que
l’on entend bien par là. Sans oublier les subtiles
interrogations émises à propos des déficits
structurels du traité budgétaire. Ah, si tout
n’était qu’affaire de sémantique !
Au
rythme actuel, quel pays ne figurera pas prochainement sur cette liste ? Pas
encore l’Allemagne, il est vrai, dont le gouvernement s’est pris
tout seul les pieds dans le tapis en Grèce – ne voulant pas de
sortie de la zone euro, mais n’acceptant pas de financer son maintien
– tout en repartant à l’offensive à
l’occasion du prochain sommet européen sur son terrain favori.
Le
traité budgétaire ne suffit plus à Wolfgang Schäuble qui réclame maintenant une
révision des traités européens dans l’urgence,
grâce à la tenue d’une convention d’ici la fin de
l’année, afin de renforcer la discipline budgétaire
et notamment les pouvoirs du commissaire aux affaires économiques.
« Davantage d’union budgétaire signifie automatiquement
une limite de la souveraineté budgétaire nationale »,
vient-il de souligner. Il y a une logique à cela : le sauvetage de
l’Espagne ne va pas pouvoir être repoussé
éternellement, et il faut donner des gages au Bundestag, qui va
être aussi sollicité pour accorder des aides ou des rallonges
à Chypre et à la Grèce, en attendant le Portugal. Tout
est affaire de tactique, voila qui explique bien
des choses !
Mais
l’engrenage fatal ne s’arrête pas là. Vittorio Grilli, le ministre italien de l’économie,
s’inquiète des répercussions du sauvetage de
l’Espagne sur les finances italiennes. La dette italienne a
déjà augmenté de 4 points de son PIB en raison des
prêts européens consentis à la Grèce,
l’Irlande et au Portugal. L’Espagne représentera un point
et demi de plus selon lui, en restant optimiste ! C’est tout le montage
financier du FESF, et maintenant du MES, qui est en cause, les pays encore
solvables devant financer ceux qui ne le sont plus. Tardive découverte
d’une strangulation annoncée !
Ce
genre de détails n’arrête pas le gouvernement allemand,
qui continue de bloquer le projet d’union bancaire, au nom de la
défense sans principe de ses banques. Adair Turner, le patron du
régulateur britannique, vient tout à propos d’expliquer
que sans cette union « la zone euro ne peut pas survivre » et les
gouvernements espagnol et français ont bien réclamé
qu’elle se fasse d’ici la fin de l’année. Mais Mario
Draghi prédit qu’il faudra bien une
année pour que tout se mette en place. L’important étant,
selon lui, que « les marchés, les pays et les banques sachent
que cet engagement sera respecté à une certaine date » !
Toujours et encore la magie des mots ! Il faut dire qu’Angela Merkel et David Cameron s’étaient auparavant
entendus pour considérer que « davantage de travail devait
être fait avant de parvenir à un accord ». Depuis, le
gouvernement suédois est venu en renfort.
Michael
Link,le ministre délégué aux
Affaires européennes allemand, a lancé un avertissement
à Herman Van Rompuy et à son rapport
sur l’union politique, en ouverture du sommet européen : «
Vous pouvez le tourner comme vous le voulez : qu’on appelle ça
des ‘eurobills’, des ‘fonds de
rédemption de la dette’ ou comme auparavant des
‘euro-obligations’, ce type d’émission de dette
commune ne pourra se faire avec notre gouvernement », ajoutant que
« celui qui propose des choses, quel que soit le domaine, qui pour
certains ne sont pas acceptables, ne fait que conduire à un nouveau
sommet qui donnera une impression de division ».
Quand
les fauves vont entrer en piste, les clowns vont à nouveau paniquer.
FUKUSHIMA,
LA FATALITÉ NUCLÉAIRE vient de paraître aux
éditions « Osez la République sociale ! »
[148 pages - 11 euros.]
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Billet
rédigé par François Leclerc
Son livre, FUKUSHIMA,
LA FATALITÉ NUCLÉAIRE vient de paraître aux
éditions « Osez la République sociale ! »
[148 pages - 11 euros.]
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