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Beaucoup de choses peuvent se produire au cours des deux
semaines précédant l’orgie de cadeaux, de chocolats, et
de dindes farcies qu’est Noël. Imaginez ce qu’une panique
bancaire aurait comme conséquences sur l’esprit de Noël
– sans mentionner sur le PIB de tous les pays du monde. Grands Dieux ! Je suppose que nous nous imaginons tous que
le Saint Esprit lui-même retournerait ciel et terre pour qu’une
telle chose ne se produise pas en cette période de fêtes, mais
peut-être le Bon Dieu est-il endormi, au même titre que le
département de la justice et de nombreux autres régulateurs de
notre univers bien-aimé.
La réalité est bien dure. Elle insiste pour
que vous lui prêtiez attention, et une fois qu’elle a
captivé tous les regards, elle prend les choses en main de
manière radicale. La sphère politique a un caractère qui
relève un peu plus de la magie. Le prestigiditateur
en smoking tente en permanence de divertir votre attention. Le monde
n’a plus de monnaie qui soit capable de représenter une richesse
réelle, et pourtant, on vient nous bombarder de représentations
papier supposées représenter la richesse : les prêts
immobiliers, les swaps de défauts de crédit, les ETF GLD, les
obligations… Aujourd’hui, hélas, juste avant Noël, le
monde a reçu un appel de marge et se doit de patauger dans une
marée de collatéraux dans une tentative de démontrer que
le système financier global basé sur les obligations est un
système légitime. Ces collatéraux, ce papier, ce ne sont
qu’un bouquet de promesses du remboursement futur d’un trillion
de hamburgers mangés aujourd’hui.
Aucune personne ayant quelque peu observé les
discussions de l’Union Européenne de la semaine dernière
ne peut aujourd’hui possiblement se sentir rassurée. Bruxelles
est une marionnette ventriloque assise sur les genoux de l’Allemagne.
L’Allemagne ne peut pas simplement se lever et s’imposer en tant
que Grand Patron de l’Europe. Trop de mauvais souvenirs survivent
encore de cette époque pas si lointaine durant laquelle un gang de
maniaques en uniformes bardés d’insignes transformait la
région toute entière en maison sépulcrale. Donc,
l’Allemagne doit prétendre que Bruxelles défend sa voix.
Le message est clair : Nations de la zone Euro ! Ecoutez
toutes ! Préparez-vous à vivre sur bien moins de
moyens ! Ne dépassez pas vos emprunts et dépenses
autorisées, sinon…
Sinon… Sinon quoi ?
N’est-il pas risqué que de juger que personne
ne puisse croire en un tel jeu de mimes ? Dans tous les cas, la
Grande-Bretagne s’est tout simplement retirée. L’Ile est
désormais le mouton noir de l’Europe. Elle est restée
hors de l’Euro pour une raison : que son équivalent de Wall
Street, la City de Londres, puisse le court-circuiter lorsque le temps serait
venu. C’est là une stratégie qui commence à avoir
l’air des plus brillantes – excepté peut-être
lorsque l’on considère ce qu’il reste aujourd’hui
à l’Angleterre en guise d’économie : le
whisky, les bonbons à la menthe, toute une flopée de boutiques
Hallal, et la famille royale en toile de fond.
Les plus anciennes animosités ressurgissent de la
boîte de Pandore. Angela Merkel la Solide
piétine le petit Nicolas Sarkozy – combien de temps
pourra-t-elle continuer avant que ce dernier se mette à
brailler ? Les mathématiciens les plus doués ne parviennent
pas à déterminer un seul calcul qui puisse permettre à
l’Italie de ne pas faire défaut de sa dette. Mais elle
représente seulement une petite troupe parmi ce grand club de bons
à rien qu’est l’Europe. Les Européens vont-ils
encore une fois recommencer à se taper dessus
à l’aide de grandes armées ? Cela peut
paraître impensable, et c’est là la raison pour laquelle
la première guerre mondiale a détruit la morale même de
la civilisation Occidentale en 1914, surgissant après la longue
période de paix ayant succédé les guerres
napoléoniennes. Vous vous tenez à un joli coin de rue de
Verdun, et l’impensable vous tombe sur la tête. Tout ça
pour la qualité de notre pensée des temps modernes. Peut-être
est-ce aujourd’hui au tour de la Pologne de diriger le monde ?
Dans tous les cas, l’affaire concerne autant les
banques que les nations dans lesquelles elles se trouvent. Les banques en
sont arrivées à un point où elles ne peuvent plus faire
d’affaire les unes avec les autres en prétendant simplement que
des échanges de valeurs sont opérés. Personne
n’aperçoit encore de longues files d’attente de clients
devant sa succursale, mais personne ne voit non plus ces zéros et uns
digitaux se balader sur la fibre optique, et c’est cependant là
que toute l’action prend actuellement place. Pour le moment, cette
action est en parfaite corrélation avec ce qu’il se passe
à Wall Street. Oh, oui, suivez les conseils de Jim Cramer et achetez,
achetez, achetez… Investissez en une nation de ploucs sans foi ni loi
dont le peu d’attention oscille entre Nascar et Real Housewives de Beverly Hills.
Avez-vous écouté le discours qu’a tenu
le président Obama au cours de l’émission 60 Minutes la
nuit dernière ? Quel homme charmant. Sincère et plein de
projets, mais faisant preuve d’un sacré manque de connaissances,
au même titre que tous les autres hommes de pouvoir de nos nations
ignorantes. Le président annonçait qu’il relancerait
l’économie à la vitesse de l’éclair. Il omet
un point important ici. Son plan est tout bonnement impossible. Son travail
n’est pas de nous ramener à l’économie que nous
avons connue auparavant, et ce serait de toute façon là un
projet inachevable. Son travail, en réalité, serait de
réinventer entièrement l’économie et de la
recentrer à une échelle plus locale. Quant à sa
décision de ne pas poursuivre Wall Street pour fraude, je me passerai
de commentaires.
Je suis impatient d’assister à la convention
des nominations l’été prochain, lorsque les foules
escroquées, désespérées et en colère
descendront dans les rues de Charlotte et Tampa tels des sauterelles
ravageuses.
Bien à vous. Je m’en retourne à mes
recettes de gâteaux de Noël.
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