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Cours Or & Argent
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Le lien belge

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Publié le 26 mai 2014
1208 mots - Temps de lecture : 3 - 4 minutes
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Rubrique : Or et Argent

L�une des grandes questions de la fin de l�ann�e 2013 �tait de savoir comment le march� des bons du tr�sor r�agirait � la r�duction des achats d�obligations qui d�coulerait de la r�duction de ses achats d�obligations par la Fed. Si la Fed �tait capable de mat�rialiser son projet, ses 45 milliards de dollars d�achats mensuels de bons du tr�sor pourraient �tre �norm�ment r�duits avant le quatri�me trimestre de 2014. Puisque ces achats ont au d�part repr�sent� une grande partie de l��mission d�obligations des Etats-Unis, beaucoup ont pens�, y compris moi-m�me, que la diminution de cette demande finirait par forcer le prix des bons du tr�sor � la baisse. Sans l�intervention de la Fed, les taux d�int�r�ts devaient grimper.

Mais pr�s de cinq mois plus tard, les rendements des obligations sur dix ans sont inf�rieurs de 50 points de base � ce qu�ils �taient � la fin de l�ann�e 2013, malgr� le fait que la Fed ait officiellement diminu� de moiti� ses achats d�obligations mensuels. Il semblerait que bon nombre d�autres acheteurs se soient pr�par�s � remplir le vide ainsi cr��. Beaucoup ont conclu que l�oncle Sam n�a, apr�s tout, pas besoin de la Fed. Mais un coup d��il � l�activit� internationale sur le march� des bons du tr�sor r�v�le certaines curiosit�s qui doivent �tre expliqu�es.

Au cours de ces quelques derniers mois, la Belgique a commenc� � agir de mani�re plut�t excentrique, m�me aux yeux des Belges. Le petit pays de 11 millions d�habitants n�a pas d�cid� d�arr�ter de faire des gaufres et du chocolat. Il a d�cid� d�augmenter ses achats de bons du tr�sor� et pas qu�un petit peu. Selon les plus r�centes donn�es publi�es par le D�partement du tr�sor des Etats-Unis, depuis ao�t 2013, des entit�s belges ont achet� 215 milliards de dollars de bons du tr�sor am�ricain. Ce chiffre est �quivalent � la moiti� du PIB du pays, et repr�sente 20.000 dollars pour chaque habitant du pays. Avant cette date, la Belgique d�tenait en moyenne 170 � 190 milliards de dollars de bons du tr�sor. Ce total a augment� de 130% en seulement sept mois, avec 381 milliards de dollars enregistr�s en mars. Ces achats ont repr�sent� 61% de la hausse totale des r�serves �trang�res de bons du tr�sor sur la p�riode. Puisque la Belgique, en septembre dernier, poss�dait moins de 3% des r�serves de bons du tr�sor d�tenues par l��tranger, ce comportement est en effet bien �trange.

Nous ne savons bien entendu pas qui exactement se cache derri�re ces transactions. Tout ce que nous savons avec certitude, c�est qu�une chambre de compensation belge du nom d�Euroclear a des chances d��tre responsable de la gestion de plus de 200 milliards de dollars de bons du tr�sor. Il est incroyable, dans notre monde o� chaque email est pass� au crible pour des raisons de s�curit�, que des centaines de milliards de dollars puissent traverser les fronti�res sans que personne ne sache vraiment ce qu�il se passe. Une telle chose n�est bien entendu possible que si les sources officielles elles-m�mes sont impliqu�es.

Ce qui est certain, c�est que le gouvernement belge n�est pas derri�re ces transactions. Les chiffres sont simplement trop �lev�s. C�est particuli�rement �vident pour ce qui concerne le premier trimestre de 2014, au cours duquel les achats ont atteint une moyenne de 41,5 milliards de dollars par mois (janvier a �t� le plus gros mois, avec 54 milliards de dollars). L�un des acheteurs europ�ens potentiels pourrait �tre la Banque centrale europ�enne. Mais pourquoi la BCE voudrait-elle accro�tre des achats que la Fed �tait suppos�e diminuer ?

Il est largement reconnu qu�� mesure que le flux de capital augmente exponentiellement en traversant les fronti�res, et que les syst�mes financiers deviennent globalement plus int�gr�s, la coop�ration entre les banques centrales augmente. C�est particuli�rement vrai pour ce qui est de la R�serve f�d�rale et de la Banque centrale europ�enne, qui ont coordonn� leurs politiques face � la r�cession en 2008 et la crise europ�enne de la dette en 2011. Savoir avec pr�cision comment et pourquoi ces banques ont travaill� ensemble est quelque peu plus complexe.

A la fin de l�ann�e 2011, alors que la crise en Gr�ce, en Espagne, en Italie et au Portugal mena�ait de fracturer l�Union europ�enne et de mettre fin � l�euro, le Wall Street Journal a report� que la R�serve f�d�rale s��tait engag�e dans un � plan de refinancement indirect � des banques europ�ennes. Gr�ce � ce qui a �t� connu plus tard sous le nom de � swap temporaire en dollars �, la Fed a envoy� des milliards de dollars � la BCE pour qu�elle puisse refinancer ses banques. Le Journal a �galement sp�cul� sur le fait que ces arrangements ont �t� mis en place afin de contourner des restrictions l�gales qui emp�chait � la BCE de pr�ter directement aux banques. Cet arrangement a �t� qualifi� de � byzantin �, et certains se sont demand� si son objectif �tait de confondre la presse et les investisseurs quant � qui refinan�ait qui. Dans tous les cas, le programme semble avoir maintenu les banques europ�ennes en �tat de solvabilit�.

Ce qu�il se passe en Belgique ne pourrait donc �tre qu�un quiproquo de banques centrales. Notez que l�ancien membre du Congr�s Ron Paul a partag� aujourd�hui mon id�e � la radio. Bien qu�il n�y ait pas de canon fumant, ces achats laissent certainement pr�sager des efforts coordonn�s. L�id�e que les march�s financiers restent stables en p�riode de r�duction de ses achats d�obligations par la Fed est un �l�ment critique du succ�s du programme. Toute forme de panique sur le march� des obligations entra�nerait une hausse des rendements, ce qui aurait des effets n�gatifs sur les prix des actions et la confiance envers l��conomie. Si cette panique persistait plusieurs semaines, la Fed se trouverait forc�e de faire machine arri�re. Et une perte de cr�dibilit� limiterait sa capacit� d�agir dans le futur.

Mais qu�en serait-il si la BCE commen�ait � acheter des bons du tr�sor alors que la Fed r�duit ses achats, si les achats de la BCE �taient plus importants que la r�duction appliqu�e par la Fed ? Les achats de la Fed n�appara�traient que comme un �l�ment marginal des taux d�int�r�ts proches de z�ro. ce n�est peut-�tre pas une co�ncidence si les Belges ont commenc� � acheter apr�s que la Fed ait r�duit son programme de QE. Quelque chose sent le pourri, non pas au Danemark, mais quelques centaines de kilom�tres au sud-ouest.

Plut�t que de chercher � expliquer la hausse des r�serves d�obligations de la Belgique, les observateurs du march� ont les yeux riv�s sur Mario Draghi, qui a r�cemment annonc� la mise en place d�une campagne de rachat d�obligations similaire � un QE afin d�affaiblir l�euro et de soutenir l�inflation en Europe. S�il mettait son projet � ex�cution, combien de temps la BCE pourrait-elle combattre sur deux fronts en m�me temps � porter de l�eau pour la Fed tout en achetant des obligations europ�ennes ? Toute campagne clandestine mise en place par les Europ�ens pour supporter les bons du tr�sor ne pourra �tre que passag�re.

Et personne n�en parle. C�est l� le testament de la nature bovine de nos m�dias financiers. Mais qu�importe, puisque les taux sont bas et les prix des actions �lev�s ? Prenez un autre chocolat. Les belges sont les meilleurs.


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