Le mystère est enfin
révélé : pourquoi l’ensemble des candidats à l’élection présidentielle
américaine enregistrent-ils des résultats uniformément bas en termes de
fiabilité, de crédibilité et d’amabilité ? Pourquoi ne comptons-nous
aucun candidat capable de faire preuve d’une substance véritable, de
principes et de charme parmi cette troupe de Basilics politiques ? Il ne
fait aucun doute qu’il existe un grand nombre de personnes de substance aux
Etats-Unis – elles n’osent tout simplement pas postuler pour le poste
symbolique de grand chef de ce bazar de rackets au bord du gouffre. La raison
en est que les problèmes des Etats Unis ne peuvent pas être réglés, du moins
selon les termes acceptables de l’esprit du temps qu’est le désir secret de
tout le monde est de maintenir coute que coute les rackets et privilèges
établis.
Il est vrai, soit dit en
passant, que tous les partis concernés, depuis les 0,0001% de milliardaires
jusqu’aux étudiants de deuxième année qui pleurnichent pour que soient
installés des « espaces sûrs » au sein des nids douillets que sont
leurs « centres de la vie étudiante », en passant par les
multitudes suburbaines accros aux rediffusions de matchs sportifs et à la pornographie,
prises au piège par des prêts immobiliers et étudiants insurmontables (et qui
ont aujourd’hui affaire à un chômage croissant) ainsi que les partisans de
Black Lives Matter, qui ont manqué de se rendre compte que les vies noires
ont moins d’importance aux yeux des Noirs eux-mêmes, qui se massacrent les
uns les autres pour une paire de baskets ou des affronts personnels. Aucun de
ces groupes ne cherche vraiment à changer quoi que ce soit. Tous veulent
simplement préserver leurs privilèges.
Les intérêts des 0,001% sont évidents :
maintenir ces afflux de capital notionnel non-mérité et rentier, pour
le convertir au plus vite en actifs tangibles (îles caribéennes, propriétés,
lingots d’or…) afin de le protéger, en théorie, contre le courroux de
l’Histoire. Les pauvres (et les plus pauvres) de l’autrefois classe-moyenne
de serfs suburbains de la dette ne peuvent plus s’imaginer vivre autrement
que dans la dystopie suburbaine. Les étudiants qui se prennent pour des
petits soldats maoïstes de la justice sociale profitent du pouvoir surprenant
et des excitations de la coercition, notamment lorsque cette dernière est
dirigée contre leurs professeurs et des présidents d’universités anxieux de
maintenir en place le mythe selon lequel l’apprentissage doit se faire au
travers des opérations de blanchiment d’argent que sont les universités
américaines. Les partisans de Black Lives Matter cherchent simplement des
excuses pour ne pas suivre les codes de décence établis et continuer de s’en
prendre aux autres groupes ethniques des Etats-Unis pour en tirer des
prébendes matériels ou politiques.
Il devrait être évident que le
prochain occupant de la Maison blanche présidera à l’implosion de tous ces
arrangements, puisque pour reprendre les mots de l’économiste Herb Stein, si
une situation ne peut pas durer indéfiniment, elle prendra fin. Les seuls
qui restent aujourd’hui pour chercher à occuper le poste de Président sont 1)
un bouffon inarticulé de la télé-réalité, 2) un maniaque évangéliste
belliciste, 3) un monstre narcissique dont le « tour » est venu de
diriger le pays, et 4) un socialiste auto-proclamé vaillant mais quichottique
qui semble venir tout droit du tournage de Welcome
Back Kotter, 40th Reunion Special. Personne de sensé
ne souhaiterait prendre les commandes de notre vaisseau en perdition.
Samedi dernier, la grande
énigme Démocrate, j’ai nommé Hillary, a perdu sa septième bataille
consécutive face au Don Quichotte du Vermont et unique candidat
potentiellement éligible, Bernie Sanders. C’était seulement une semaine après
la déclaration faite par le Huff-Po
selon
laquelle son équipe de campagne aurait littéralement acheté des
super-délégués dans les cinquante Etats pour compenser l’incapacité d’Hillary
à gagner des votes par les voies traditionnelles que sont les suffrages
exprimés. Vous vous demandez pourquoi l’affaire n’a fait aucune vague
médiatique ? Parce que nous vivons sur un territoire où tout peut
arriver, et où plus rien n’a d’importance. C’est tout ce que vous devez
savoir de la manière dont les choses sont aujourd’hui faites aux Etats-Unis.
Les mandarins républicains
sont en délire face à l’égoïste accompli qu’est Donald Trump, qui fait
flamber les sondages dans les Etats qui ont encore à voter aux primaires. Si
Trump s’écroulait, pensez-vous que ces gens donneraient leurs voix à Ted
Cruz, successeur de la couronne et du sceptre de Ronald Reagan ? Ils
préfèreraient certainement l’enfermer à l’arrière d’une camionnette avec cinq
trafiquants de stups mexicains et une tronçonneuse. Les insiders du parti
républicain allument déjà leurs cigares en préparation de l’évènement le plus
fumant de l’Histoire politique des Etats-Unis : Cleveland, 20 juillet.
Mais qui devra être traîné sur le podium pour accomplir cette tâche
odieuse ? Qui voudra se tenir dans le bureau ovale quand entrera Janet
Yellen un matin brumeux, pour déclarer « Euh… Monsieur (Madame)… celle
que vous pensiez voir s’effondrer ? … elle vient de le faire… »
Quant aux Démocrates :
ils sont sur le point de consacrer le candidat le plus impopulaire que nous
ayons vu de notre vivant. Le groupe Black Lives Matter nous a promis de faire
régner le chaos dans les rues des conventions de parti, et je ne pense pas
qu’il épargnera Hillary à Philary, peu importe le nombre de voix enregistrées
le mois dernier en Caroline. Ce qui se passera à Philly révèlera le pouvoir
mortel des milices et de la police militarisée d’Obama, et Hillary sera jugée
coupable par association.
C’est ainsi que Kim Kardashian
se retrouve élue présidente.