Entre les faits divers sanglants, les sautes d’humeur boursières, le terrorisme islamique et la géopolitique des migrations en temps de tensions, il doit être particulièrement délicat pour François Hollande de se concentrer sur ses vrais problèmes : sa réélection pour 2017. Heureusement, l’épisodique petit sondage bricolé sur un coin de table remet un peu les pendules à l’heure.
C’est ainsi qu’on apprend il y a quelques jours, grâce à un sondage IFOP réalisé pour Paris Match, que si Manuel Valls serait probablement un meilleur candidat pour le Parti Socialiste que l’actuel président de la République à la prochaine élection présidentielle, ça ne changerait pas grand-chose au second tour puisqu’ils seraient tous les deux éliminés dès le premier.
Effectivement, dit comme ça, ça ne doit pas arranger les petites affaires politico-politiciennes du président sortant qui, pour le moment, continue de bâtir sa stratégie pour, coûte que coûte et vaille que vaille, être réélu en 2017. Probablement pas triomphalement, probablement de justesse, mais réélu quand même. Et dans son idée, de son point de vue, cette réélection n’est même pas impossible, quand bien même les sondages sont, pour le moment, franchement défavorables.
En substance, le pari du Président des Bisous n’est pas absurde. Il est basé sur les recettes un peu mécaniques mais globalement efficaces qui ont jusqu’à présent marché pour d’autres avant lui. Essentiellement, il s’agira d’user de bonnes louchées de populisme bien camouflé dans de la justice sociale, de la solidarité et d’autres fadaises qui plaisent aux gogos encartés et subsidiés, louchées qu’on pourra agrémenter d’une pincée de mensonges faciles et de la dose habituelle de statistiques truquées.
Typiquement, toutes choses égales par ailleurs et en imaginant que la situation médiocre dans laquelle se débat la France perdure à l’identique pour une période d’au mois neuf mois (oui, je sais, c’est un présupposé hardi, mais baste, passons), le brave François s’imagine probablement assez bien distribuer l’une ou l’autre baisse sensible d’impôts dans la seconde moitié de 2016. Ce sera bien sûr possible au prix d’un endettement supplémentaire mais ça, François s’en fiche complètement — ce n’est pas lui qui paye — et nous ne sommes plus à ça près. Du reste, la France peut s’enorgueillir d’un taux d’épargne insolent, et d’un montant colossal d’euros stocké dans les assurances-vie et autres placements qui, en cas de souci, pourront être ponctionnés sans le moindre problème et avec un minimum de cris.
En outre, tout se met actuellement en place pour que la courbe du chômage (la fameuse) finisse effectivement par se retourner. Du point de vue du locataire de l’Élysée, rien de plus simple puisqu’il suffira de faire embaucher dans différentes structures administratives et autres institutions d’état des pléthores de chômeurs. Une ou deux centaines de mille suffiront largement à calmer les tendances haussières des statistiques de l’emploi et à présenter un bilan sinon flatteur du moins conforme aux promesses du Chef de l’État. Bonus : le chômage ayant effectivement baissé (même si ce sera au prix d’une énorme bordée de dettes supplémentaires), François pourra à nouveau candidater la tête haute.
Encore une fois, n’oubliez pas que l’endettement, le pipeautage statistique, l’hypocrisie des promesses et la situation du pays vue depuis les citoyens lambda, le président s’en tamponne avec nonchalance. Seule sa réélection occupe son esprit.
Et sur le papier, il aurait tort de se priver. Outre qu’il trouvera toujours un bon paquet de moutons pour voter pour lui en dépit de toutes les circonstances, il bénéficie aussi de quelques éléments conjoncturels. Ainsi, la droite française, ce vaste désert intellectuel où seuls quelques vieux scorpions survivent va lui offrir une partie du tremplin pour un second mandat. En effet, il n’est pas improbable que Sarkozy soit élu officiellement candidat des Républicains après des primaires sans intérêt.
Cette élection, très avantageuse pour l’actuel Chef de l’État, provoquera des grincements de dents dans le parti d’opposition de la part des centristes qui trouveront certainement dans Juppé une planche (vermoulue) de salut. Ce candidat chouchou des journalistes (précisément parce qu’à gauche, même un âne l’emporterait face à lui) se positionnera dans la course à la présidentielle et fera donc échouer Sarkozy dès le premier tour. Les Républicains et les centristes seront logiquement éliminés. Pour François, tout se déroule comme prévu.
En face, bien sûr, il lui faudra convaincre à gauche un maximum de petits candidats de ne pas se présenter. Entre la distribution de postes futurs (Taubira premier ministre ? Allez savoir …), les coups fourrés et une éventuelle primaire ouverte aux autres partis d’une gauche redevenue plurielle à l’approche d’une difficile élection, il n’est pas déraisonnable d’imaginer que, contre vents et marées, Hollande se maintienne au second tour. N’oubliez pas : 2017, c’est très loin vu d’ici.
Vous l’avez compris : un second tour François Hollande contre Marine Le Pen n’est donc pas à écarter. Et là, deux cas de figure se présentent.
Le premier, c’est bien sûr celui d’un Sursaut Républicain Gnagnagna dans lequel Hollande passe de justesse. Le pays continue sa mort lente dans les affres du n’importe quoi socialiste. Triste mais finalement si logique…
Le second, politiquement plus sportif, c’est l’absence du report de voix des électeurs de droite vers le candidat de gauche, soit par abstention, soit par rejet ferme, soit, tout simplement, parce que — eh oui — les électeurs votent de plus en plus pour la candidate FN. Cela n’a rien d’invraisemblable : en nombre de voix (c’est bien ce qui compte dans cette élection au suffrage universel direct), le Front National est bel et bien le premier parti de France. Le pari de Hollande s’effondre. Le pays accélère alors son trépas dans une bonne humeur communicative au reste de l’Europe et du LOL s’ensuit (modérément on s’en doute) …
Cependant, n’oublions pas l’aspect essentiel de ce petit billet politico-politicien : tout ceci se déroule « toutes choses égales par ailleurs ». Or, nous sommes sept années après 2008, et les signes s’accumulent en faveur de mouvements boursiers violents. Si krach il y a, ce sera sur l’obligataire, les bons souverains. Dès lors, il est assez peu probable que si un tel krach advient, Hollande ait la moindre latitude pour seulement espérer faire de la dette, et il est pour le moins difficile de voir en lui un homme à la hauteur de ce genre d’événements mondiaux catastrophiques.
Pari bien risqué que celui que tente actuellement Hollande, notamment en laissant calmement monter le FN, utile dans son plan pour contrer une droite en réalité inexistante… Qui vivra verra, mais les deux prochaines années ne pourront pas être calmes.
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