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‘Tous les autres pays du monde ont mis fin à l’esclavage
sans passer par une guerre civile… pourquoi avoir tué 600.000
Américains pour que la haine persiste encore un siècle plus
tard ?’
~Ron Paul à Tim Russert, ‘Meet the Press’, 2007.
Le nouveau film de Steven Speilberg sur la vie de Lincoln est entièrement
basé sur une fiction, et je pèse mes mots. Un éditeur du
magazine Ebony du nom de Leronne
Bennett Jr. explique dans son livre intitulé Forced into Glory:
Abraham Lincoln’s White Dream, que ‘selon certaines rumeurs,
Lincoln serait devenu un avocat du treizième amendement et aurait
utilisé le pouvoir de son administration pour acheter les voix qui lui
ont permis l’accès à la présidence. Comme
l’a noté David H. Donald, il n’existe aucune preuve qui
permette de vérifier ces dires’.
A dire vrai, comme
l’explique Bennett, ce sont les abolitionnistes du Congrès qui
ont forcé Lincoln à apporter son support au treizième
amendement à l’origine de l’abolition de
l’esclavage, une chose qu’il a refusé de faire 44 heures
durant à la fin de ses 56 années de vie. Et c’est tout le
contraire que relate le film de Spielberg, qui est basé sur le livre Team
of Rivals écrit par l’historienne et plagiaire Doris Kearns-Goodwin. (Mon propre commentaire de son livre
était intitulé ‘A plagiarist’s
contribution to Lincoln idolatry’).
Mais qui est ce fameux David
H. Donald que cite Bennett ? Il est un historien de
l’Université de Harvard, auteur d’une biographie de
Lincoln ayant obtenu le prix Pulitzer, et plus grand spécialiste de
Lincoln de notre temps. On aurait pu espérer que Goodwin
prenne son travail en considération, étant elle-même
diplômée de Harvard (en sciences-politiques).
Le thème du film de
Spielberg est le sous-titre du livre de Goodwin :
‘The Political Genius of Abraham
Lincoln’. Rien n’endolorit plus les jambes d’un gauchiste
que quelqu’un de très doué pour le racket, le pillage, le
subterfuge et l’intimidation politique. L’historienne Goodwin a dévoué sa vie entière
à écrire les hagiographies des pires brutes politiques qui soit
– FDR, Lyndon Johnson, Kennedy, et Lincoln. (Son livre sur les Kennedy
lui a causé quelques problèmes et l’a forcée
d’admettre avoir plagié des douzaines de paragraphes. Elle a
ensuite été forcée de payer une somme à six
chiffres à sa victime avant d’être retirée du
comité du prix Pulitzer et du PBS pour quelques temps).
Le 'génie
politique’ de Lincoln est sur-exagéré dans le livre de Goodwin qui, comme une majorité des autres
ouvrages qui ont été écrits sur le sujet, passe
complètement à côté du problème. Si Lincoln
était un génie politique, peut-être aurait-il dû
utiliser son ‘génie’ pour mettre fin à
l’esclavage comme l’ont fait les Anglais, les Français,
les Espagnols, les Hollandais, les Danois, les Suédois et les Etats du
Nord des Etats-Unis au XIXe siècle, c’est-à-dire par la
paix. Mais plutôt que de régler les choses pacifiquement, les
esclaves ont été utilisés en tant que pions politiques
dans une guerre qui a entraîné la mort de plus de 800.000
Américains selon les plus récentes estimations. A ce nombre
doivent être ajoutés des dizaines de milliers de citoyens du Sud
des Etats-Unis. Rapporté à la population Américaine
d’aujourd’hui, cela représenterait 8 millions de morts et
plus de 16 millions de blessés.
Le ‘génie’
qu’était Lincoln a remercié le commandant naval Gustavus Fox pour l’avoir aidé à
convaincre les confédérés d’ouvrir le feu sur Fort
Sumter, où personne ne fut blessé ou tué. Lincoln
utilisa cet évènement pour se donner le droit d’ignorer
la définition constitutionnelle de la trahison (Article 3, section 3)
et déclarer la guerre contre les Etats du Sud afin de leur prouver une
fois pour toutes que l’Union des Etats-Unis n’était pas
une Union volontaire basée sur le principe du consentement des
gouvernés. Le principal objectif de cette guerre était de
détruire la vision Jeffersonienne de droit des Etats et de la
remplacer par la vision Hamiltonienne d’un
Etat centralisé et dictatorial chargé de mener une politique
domestique mercantiliste (dont le financement est placé entre les
mains des Fédéraux et des tarifs protectionnistes et de la
banque nationale Républicaines) et une politique
étrangère impérialiste. L’objectif – et le
résultat – de cette guerre était de consolider le pouvoir
politique de Washington et de faire de tous les Etats, qu’ils soient du
Nord comme du Sud, des appendices de leurs maîtres de Washington.
C’est bien entendu ce qu’il s’est produit après la guerre
- parce que c’est ce qui était prévu, et non par
coïncidence.
Un homme d’Etat digne de
ce nom, contrairement à un monstre égocentrique comme Abe
Lincoln, aurait eu recours à l’émancipation pacifique si
son objectif réel avait été de mettre fin à l’esclavage.
Bien entendu, Lincoln a toujours insisté sur le fait qu’il ne
s’agissait pas là d’un projet qu’il avait en
tête. Il l’a précisé très clairement dans
son adresse d’inauguration en mentionnant son soutien à
l’amendement Corwin, qui visait à
empêcher le gouvernement fédéral
d’interférer avec l’esclavage dans les Etats du Sud. Lui
– et le Congrès des Etats-Unis – ont
décrété à plusieurs reprises que l’objectif
de la guerre était de ‘sauver l’Union’, bien que la
guerre ait détruit le principe d’union volontaire imaginé
par les Pères Fondateurs.
L’ouvrage de Jim Powell
intitulé Greatest Emancipations: How the West Ended
Slavery, explique comment les hommes
d’Etat du monde ont, contrairement à Lincoln, mit fin à
l’esclavage sans mener de guerre contre leurs propres citoyens. Parmi
les tactiques employées par les Anglais, les Français, les
Espagnols, les Hollandais, les Danois et d’autres, nous pouvons compter
les rebellions d’esclaves, les campagnes abolitionnistes,
l’élection d’hommes politiques opposés à
l’esclavage, l’assistance aux esclaves en exil, la mise en place
de fonds privés chargés du rachat de la liberté
d’esclaves. Nous comptons bien entendu quelques épisodes de
violence, mais rien qui puisse être comparé à la guerre
civile ayant tué plus de 800.000 Américains.
La manière dont le
Royaume-Uni a mis fin à l’esclavage est le point central du
livre de Powell. Il fut un temps où le Royaume-Uni comptait plus de
15.000 esclaves et des centaines de milliers si l’on prend en compte
tout son Empire. Les abolitionnistes Britanniques ont combiné
religion, politique, campagnes de publicité, législation et
système judiciaire pour mettre fin à l’esclavage deux
décennies avant la guerre civile.
Celui à qui en revient
le mérite est l’homme d’Etat et membre de la Chambre des
Communes William Wilberforce. Après avoir
organisé une campagne éducative destinée à
convaincre le public Britannique que l’esclavage était immoral
et barbare, Wilberforce est parvenu à faire
voter le Slavery Abolition Act
en 1833. En moins de sept ans, 800.000 esclaves furent libérés.
Cela coûta bien entendu très cher, mais comme le note Powell,
rien ne coûte plus cher qu’une guerre.
Powell écrit
également au sujet de l’opposition contre l’abolition de
l’esclavage dans les Etats du Nord des Etats-Unis, tout
particulièrement le Connecticut, le Maine, le New Hampshire et Rhode Island. Des manifestants mécontents ont
détruits les ateliers d’impression des abolitionnistes, une
école du New Hampshire qui éduquait des enfants Noirs a
été réduite en un amas de briques, les Noirs libres
étaient interdits de résidence dans l’Illinois,
l’Iowa, l’Indiana et l’Oregon. Les abolitionnistes
étaient punis de coups de fouet, et les orphelinats
dédiés aux enfants Noirs étaient brûlés.
Mais les abolitionnistes ont persévéré, et
l’esclavage a finalement été aboli dans le calme. New
York et la Nouvelle-Angleterre n’ont pas souffert de mouvements
esclavagistes destructeurs.
Cuba, le Brésil et le
Congo ont pacifiquement mis fin à l’esclavage au cours du XIXe
siècle. Mais ce n’est pas le cas des Etats-Unis. ‘Certains
ont dit que les Etats-Unis n’auraient jamais pu racheter la liberté
de tous les esclaves, parce que cela leur aurait coûté trop
cher’, écrit Powell. ‘Mais racheter la liberté des
esclaves n’aurait pas été plus cher que de mener une
guerre. Rien n’est plus cher qu’une guerre !’. Le coût
de la guerre pour les Etats du Nord aurait suffi à racheter la
liberté de tous les esclaves des Etats-Unis et à mettre fin
à l’esclavage de manière constitutionnelle.
Que Lincoln ait peiné
à pousser le Congrès à voter en faveur du
treizième amendement n’est que pure fiction. Ce qu’il a
fait, c’est passer son temps à contrôler la guerre contre
les citoyens des Etats du Sud qu’il a toujours considérés
comme étant des citoyens Américains – puisqu’il a
toujours nié la légitimité de leur droit à faire
sécession. Plus important encore, comme l’ont indiqué les
historiens Phillip Magness et Sebastion
Page dans leur livre Colonization After Emancipation,
Lincoln aurait passé de longs jours à communiquer avec les
gouvernements étrangers et à comploter avec William Seward au sujet de la colonisation des
‘Africains’, comme il les appelait.
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