Alors que les
commentateurs de CNBC commencent à se faire à l’idée que le prix du pétrole
puisse bientôt atteindre un cours plancher, la question pour les producteurs américains
reste de savoir quand. Combien de temps durera la débâcle du pétrole ?
S’agit-il d’un évènement de court terme comme en 2008, ou d’un ralentissement
de plus long terme comme celui des années 1980 ? Après
l’effondrement du pétrole en 1985, il a fallu attendre vingt ans pour que la
tendance se renverse et que les prix atteignent de nouveau leurs niveaux
précédents. Si le pétrole ne remonte pas avant 2035, beaucoup de sociétés vont
faire faillite. Certains commentateurs ont cité la couverture comme une
source potentielle de sécurité pour les producteurs pétroliers, mais la
vérité est qu’au vu du niveau de couverture actuel des firmes et du prix du
pétrole, ces couvertures sont un peu l’équivalent d’un simple pansement sur
une blessure par balle.
L’industrie de schiste
fait face à un ennemi implacable : l’Arabie Saoudite. Le grand roi du
pétrole est probablement en
grande partie responsable du déclin actuel du prix du pétrole, dont il
est aussi probablement très heureux. L’Arabie Saoudite est en position de
supporter la baisse du prix du pétrole, parce que comme l’ont mentionné
certaines sources, le pays disposerait
de près de 800 milliards de dollars de réserves pour braver la tempête.
Tout au début, de
nombreuses sociétés se vantaient de pouvoir survivre
un effondrement du prix du pétrole, mais ces déclarations sont depuis
devenues moins nombreuses et moins fréquentes. Les réserves de devises de
l’Arabie Saoudite sont aujourd’hui plus ou moins égales à la capitalisation
boursière de l’industrie de schiste américaine dans son ensemble.
L’équation fondamentale
qui domine a capacité d’un pays ou d’une société à survivre dans le monde du
pétrole est la suivante : (prix du baril – coût par baril) * barils
produits + réserves de capital > 0.
Dans l’essentiel, si une
société a un coût d’extraction supérieur au prix auquel elle vend un de ses
barils, elle ne peut produire que jusqu’à ce que ses réserves de capital
s’épuisent. Les analystes estiment dans l’ensemble que le coût de la
production d’un baril pour les sociétés de schiste américaines s’élève entre 50 et
90 dollars. Cela signifie qu’à l’heure actuelle, aucun des producteurs de
schiste américains n’enregistre de profits. Ces coûts ont bien évidemment
chuté au cours de ces six derniers mois, à mesure que les producteurs ont
discuté avec leurs contractuels et leurs fournisseurs afin de réduire leurs
dépenses au possible.
Les analyses du coût de
production par baril de l’Arabie Saoudite varient, certaines citant jusqu'à
plus de 80 dollars et d’autres suggérant à peine 5
dollars. Il n’en est pas moins que les coûts de production soient moins
élevés en Arabie Saoudite, et que les ressources du capital des producteurs
du pays soient bien plus importantes.
Jusqu’à présent, les
producteurs américains ont pu s’en sortir grâce à leurs couvertures. Bloomberg
a récemment cité 26 milliards de dollars de couverture, qui prmettent
certainement à ces sociétés de s’acheter du temps. Mais ultimement, le
pétrole n’est pas rentable pour ces producteurs aux prix actuels, c’est
pourquoi le nombre de puits en activité a baissé ces dernières semaines.
Qui finira par gagner la
bataille du pétrole ? L’Arabie Saoudite, ou le capitalisme américain et
l’industrie de schiste ? Probablement les deux. Les producteurs
américains prennent des mesures sans précédent pour réduire leurs coûts, ce
qui rendra leurs opérations plus efficaces, à la manière de ce qui est advenu
du secteur manufacturier après la Grande récession – davantage de profitabilité
et de productivité. De la même manière, l’Arabie Saoudite est le roi du
marché du pétrole pour une raison – géologiquement, le pays est le producteur
pétrolier rêvé. Les vrais perdants seront les autres participants qui auront
tenté de participer au conflit pendant autant de temps que possible. Les
autres pays de l’OPEP, ou encore la Russie, ne sont pas aussi efficaces que
l’Arabie Saoudite, ni aussi dynamiques que les producteurs américains. Ce
sont eux qui finiront par devoir céder leur place ou réduire leur production.