Le prix Nobel d'économie
attribué à Paul Krugman (Photo, © NYTimes) est de
mon point de vue une excellente nouvelle. Vous ne rêvez pas, le
président d'un Think Tank
Libéral est réellement enchanté par ce prix
décerné à un économiste plutôt
catalogué à Gauche.
Non que j'épouse tous les points
de vue parfois très interventionnistes plus ou moins récents de
l'économiste vedette de Princeton (il fut indubitablement plus
libéral dans sa jeunesse). Mais tout d'abord, les travaux pour
lesquels il est récompensé, relatifs à la mondialisation
des échanges, sont tout à fait libéraux dans leurs
grandes lignes, quand bien même il ne prône pas un "interventionnisme
zéro". Krugman reconnaît sans ambigüité les
bienfaits de la mondialisation, même s'il lui attribue des
imperfections, imperfections dont ils juge toutefois que les interventions
publiques ne sont pas réellement à même de les corriger
efficacement. Bref, rien à voir avec Jacques Généreux ou
Bernard Maris !
Mais c'est une autre de ses
vulgarisations qui m'intéresse. Elle intéresse aussi des
millions de gens qui ont des difficultés pour payer leur logement.
Elle explique en partie le Tchernobyl financier mondial que nous vivons. Sur
cette question majeure, Krugman a vu juste, certes bien après Ed Glaeser,
que personne ne connaît, mais avant beaucoup d'autres. Alors
très franchement, ses envolées interventionnistes sur d'autres
sujets m'indiffèrent.
Donc, sur LA question, vous l'avez
compris, de la
bulle immobilière, Paul Krugman avait vu juste dès
2005. Les co-responsables du marasme actuel, tous les promoteurs des
politiques de rationnement de la construction connues sous le nom de
"smart growth", ou de "lutte contre l'étalement urbain"
refusent obstinément de reconnaître le rôle de leurs
lubies planificatrices dans la hausse des prix sans précédent
qui a créé les conditions du désastre actuel. Mais
Gageons que leur posture de total déni de la réalité
sera plus dure à tenir à l'avenir, grâce à la
nouvelle aura entourant celui qui, auparavant, pouvait être
perçu à tort plus comme un économiste "people"
-- parce qu'il vulgarise beaucoup -- que comme une
référence sérieuse.
Le 8 Août 2005, Krugman
écrivait, dans
les colonnes du N.Y.Times:
This
is the way the bubble ends: not with a pop, but with a hiss.
Housing
prices move much more slowly than stock prices. There are no Black Mondays,
when prices fall 23 percent in a day. In fact, prices often keep rising for a
while even after a housing boom goes bust.
So the news that the U.S. housing bubble is over won't come in
the form of plunging prices; it will come in the form of falling sales and
rising inventory, as sellers try to get prices that buyers are no longer
willing to pay. And the process may already have started.
Of
course, some people still deny that there's a housing bubble. Let me explain
how we know that they're wrong.
One
piece of evidence is the sense of frenzy about real estate, which
irresistibly brings to mind the stock frenzy of 1999. Even some of the
players are the same. The authors of the 1999 best seller "Dow
36,000" are now among the most vocal proponents of the view that there
is no housing bubble.
"In
Flatland,
a housing bubble
can't even get started"
|
Then
there are the numbers. Many bubble deniers point to average prices for the
country as a whole, which look worrisome but not totally crazy. When it comes
to housing, however, the United States is really two countries, Flatland and
the Zoned Zone.
In
Flatland, which occupies the middle of the country, it's easy to build
houses. When the demand for houses rises, Flatland metropolitan areas, which
don't really have traditional downtowns, just sprawl some more. As a result,
housing prices are basically determined by the cost of construction. In
Flatland, a housing bubble can't even get started.
Krugman se permet un trait de
mépris insidieux vis à vis de ces communes bouseuses de la Middle
America qui n'ont même pas de centre ville. C'est un urbaniste
médiocre, mais ce n'est pas grave. Répétez après
moi: "En terre étalée, une
bulle immobilière ne peut même pas démarrer".
Yesssss
!
But
in the Zoned Zone, which lies along the coasts, (...)
Il abuse un peu. On pourraît
plutôt écrire "qui correspond peu ou prou aux états
à forte tonalité démocrate". Mais je suis un brin
partisan, là...
(...) a combination of high
population density
Les centres villes d'Houston et d'Atlanta
sont également assez denses, même s'ils ne se comparent pas
à Manhattan ou L.A., mais passons sur ces critiques de pinailleur.
(...)
and land-use restrictions - hence "zoned" - makes it hard
to build new houses. So when people become willing to spend more on
houses, say because of a fall in mortgage rates, some houses get built, but
the prices of existing houses also go up. And if people think that prices
will continue to rise, they become willing to spend even more, driving prices
still higher, and so on. In other words, the Zoned Zone is prone to housing
bubbles.
And
Zoned Zone housing prices, which have risen much faster than the national
average, clearly point to a bubble.
In
the nation as a whole, housing prices rose about 50 percent between the first
quarter of 2000 and the first quarter of 2005. But that average blends
results from Flatland metropolitan areas like Houston and Atlanta, where
prices rose 26 and 29 percent respectively, with results from Zoned Zone
areas like New York, Miami and San Diego, where prices rose 77, 96 and 118
percent.
Nobody
would pay San Diego prices without believing that prices will continue to
rise (...)
(...)
Bubbles
end when people stop believing that big capital gains are a sure thing.
Ici encore, Krugman est abusivement
simplificateur : bien des acheteurs de logement sont des consommateurs de
logement avant d'être des investisseurs. Ils arrêtent d'acheter
quand les prix trop élevés ou un crédit moins favorable
les rend insolvables. Mais finalement, c'est assez secondaire.
That's
what happened in San Diego at the end of its last housing bubble: after a
rapid rise, house prices peaked in 1990. Soon there was a glut of houses on
the market, and prices began falling. By 1996, they had declined about 25
percent after adjusting for inflation.
And
that's what's happening in San Diego right now, after a rise in house prices
that dwarfs the boom of the 1980's. The number of single-family houses and
condos on the market has doubled over the past year. "Homes that a year
or two ago sold virtually overnight - in many cases triggering bidding wars -
are on the market for weeks," reports The Los Angeles Times. The same
thing is happening in other formerly hot markets.
Meanwhile,
the U.S. economy has become deeply dependent on the housing bubble. The
economic recovery since 2001 has been disappointing in many ways, but it
wouldn't have happened at all without soaring spending on residential
construction, plus a surge in consumer spending largely based on mortgage
refinancing. Did I mention that the personal savings rate has fallen to zero?
Now
we're starting to hear a hissing sound, as the air begins to leak out of the
bubble. And everyone - not just those who own Zoned Zone real estate -
should be worried.
Effectivement !
Désormais, au lieu de devoir
argumenter pendant des heures pour expliquer à des audiences
incrédules que les entraves qu'ils imposent à la
constructibilité du terrain des autres sont
à l'origine du mal logement de milliers de foyers modestes
et moyens, du désastre financier mondial et que
seule une libération foncière peut nous délivrer de la formation
de ces bulles immobilières économiquement si nuisibles, il
suffira de dire, péremptoirement:
"Comme
l'a écrit le prix Nobel d'économie Paul Krugman..."
Et comme c'est un prix Nobel socialisant
avec une certaine notoriété, la foule acquiessera : "Amen - habemus Krugman"
Oui, une excellente nouvelle, vraiment !
Vincent
Bénard
Objectif Liberte.fr
Egalement par Vincent Bénard
Vincent Bénard, ingénieur
et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org), deux thinks tanks francophones
dédiés à la diffusion de la pensée
libérale. Spécialiste d'aménagement du territoire, Il
est l'auteur d'une analyse iconoclaste des politiques du logement en France, "Logement,
crise publique, remèdes privés", ouvrage publié
fin 2007 et qui conserve toute son acuité (amazon), où il
montre que non seulement l'état déverse des milliards sur le
logement en pure perte, mais que de mauvais choix publics sont directement
à l'origine de la crise. Au pays de l'état tout puissant, il
ose proposer des remèdes fondés sur les mécanismes de
marché pour y remédier.
Il est l'auteur du blog "Objectif
Liberté" www.objectifliberte.fr
Publications :
"Logement: crise publique,
remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat
Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république,
bâtir l'administration en réseau autour du citoyen", 2003, La
doc française, avec Pierre de la Coste
Publié avec
l’aimable autorisation de Vincent Bénard – Tous droits
réservés par Vincent Bénard.
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