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Alors que Martine Aubry a essayé,
sans arriver à convaincre qui que ce soit, de faire passer le PS pour
le nouvel épicentre de la défense des libertés, attirant
royalement 1500 personnes au Zénith, certains adhérents
de ce parti se sont ingéniés à bien vite saboter cette
tentative, en montrant leur vrai visage: liberticides et constructivistes en
diable. C'est ainsi qu'un certain Yvon Quarrément,
député PS du Pas de Calais, a déposé à
l'assemblée une proposition de loi visant, je cite, à "bannir
du paysage audiovisuel les histoires pour enfants véhiculant des
stéréotypes visant à donner à la femme un statut
social inférieur à celui de l'homme". Selon les
propres termes du député:
"Trop de contes,
comptines et chansonnettes pour enfants, régulièrement
diffusés par les télévisions, les disquaires et les
libraires, sont nés à une époque où le statut
social de la femme, d'abord épouse et maîtresse de maison,
devait être subordonné à celui du mâle dominant,
celui qui livrait bataille et était, selon la tradition familiale de
l'époque, "chef de famille".
Au XXIème siècle, il est temps de
cesser d'enfermer nos enfants dans des stéréotypes
archaïques et passéistes. Il en est assez de Blanche Neige
vêtue de haillons prenant plaisir à nettoyer la maison des sept
nains, ou de l'image de Cendrillon servante ne devant quelques instants de bonheur
qu'à l'intervention de princes charmants !
Naturellement, il n'est pas question d'interdire
la diffusion de ces oeuvres, au nom de la liberté d'expression dont
Martine Aubry vient fort justement de rappeler qu'elle avait toujours
été un axe prioritaire de tous les programmes du PS au cours de
son histoire. Il s'agit en revanche de permettre au public de distinguer les
oeuvres respectueuses des femmes par une labellisation. Sous l'égide
du CSA, je propose que la loi instaure une haute autorité de l'image
médiatique de la femme (HAIMF), et délivre un label
aisément reconnaissable aux oeuvres respectueuses d'une idée
égalitaire de l'image de la femme par rapport à l'homme. De
telles oeuvres pourraient d'ailleurs bénéficier d'une TVA
à taux réduit. Au contraire, lorsque une oeuvre
véhiculera des stéréotypes sexistes, il conviendra qu'un
message d'avertissement figure de façon visible sur la couverture du
livre ou la pochette du disque, ou qu'un message d'avertissement soit affiché
en amont de la diffusion télévisée de l'oeuvre, à
l'instar de ce qui est fait aujourd'hui pour le tabac.
A l'heure où, malgré les efforts
entamés lors de la présidence de François Mitterrand,
dont nous rappellerons qu'il créa le ministère des droits de la
femme, supprimé depuis par une droite rétrograde, les salaires
des femmes n'atteignent que 75% de celui des hommes à situation
professionnelle égale, il est urgent de cesser de propager dans
l'esprit de nos enfants, dès leur plus jeune âge, des images
inadéquates du rôle de la femme dans la société,
images dont la répétition tend à reproduire immuablement
les schémas mentaux aboutissant à perpétuer les
déplorables inégalités contre lesquelles nous avons
toujours cherché à lutter."
On ne peut que s'incliner respectueusement devant la rhétorique de M.
Quarrément, qui assimile Blanche Neige, Peau d'âne, ou la belle
au bois dormant, à des oeuvres porteuses du sexisme de leur
époque, et qui prétend indiquer aux parents irresponsables que
nous sommes quel risque mortel ils prennent en laissant leurs petites filles
regarder les Totally Spies et lire Peau d'Ane, leur inculquant insidieusement
leur rôle de future esclave des mâles dominateurs et arrogants.
Il est certains que nos charmantes têtes blondes ne doivent plus
être polluées par de telles survivances post-moyennageuses ! A
bas les comptes de Perrault, de Grimm et d'Andersen ! A bas le complot
multiséculaire contre la juste revendication égalitaire de nos
compagnes !
Foin de ces héritages culturels
dépassés ! A bas Superman et Astérix ! Au Pilon Tintin !
Vive Duras, Desforges et De Beauvoir à tous âges ! A bas les
femmes en jupe, imposons l'image de la femme en Pantalon ! Blanche Neige non,
Dora l'exploratrice oui !
La politique prête parfois à
rire mais donne toujours à pleurer.
Vincent
Bénard
Objectif Liberte.fr
Egalement par Vincent Bénard
Vincent Bénard, ingénieur
et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org), deux thinks tanks francophones
dédiés à la diffusion de la pensée
libérale. Spécialiste d'aménagement du territoire, Il
est l'auteur d'une analyse iconoclaste des politiques du logement en France, "Logement,
crise publique, remèdes privés", ouvrage publié
fin 2007 et qui conserve toute son acuité (amazon), où il
montre que non seulement l'état déverse des milliards sur le
logement en pure perte, mais que de mauvais choix publics sont directement
à l'origine de la crise. Au pays de l'état tout puissant, il
ose proposer des remèdes fondés sur les mécanismes de
marché pour y remédier.
Il est l'auteur du blog "Objectif
Liberté" www.objectifliberte.fr
Publications :
"Logement: crise publique,
remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat
Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république,
bâtir l'administration en réseau autour du citoyen", 2003, La
doc française, avec Pierre de la Coste
Publié avec
l’aimable autorisation de Vincent Bénard – Tous droits
réservés par Vincent Bénard.
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