Comme prévu, tout se déroule de façon parfaitement « normale » : l’élection est maintenant rentrée de plain-pied dans sa phase urticante où tous les médias nous tympanisent sur le thème pourtant usé de la lutte contre l’hydre fasciste et les heures les plus sombres de notre histoire démocratique.
Comme prévu, ceux qui, à l’extrême-gauche, n’avaient que le peuple à la bouche en sont pour leur frais et montrent tout leur amour de la démocratie en grandeur réelle, en allant hurler leur anti-haine du FN par le truchement de cocktails Molotov du plus bel effet. Comme prévu, ceux qui, il y a 10 jours encore, ne trouvaient rien à garder chez le candidat Macron lui découvrent les qualités suffisantes pour l’adouber de leur vote et vont même jusqu’à encourager les autres (leurs concitoyens, leurs électeurs et leurs contribuables assujettis) à faire de même.
Et comme prévu, on nous abreuve des cris d’orfraie de plus en plus vifs de toute l’intelligentsia du pays devant la montée du Front National : tout ce petit monde qui semblait s’en foutre avec décontraction il y a encore un mois semble ainsi découvrir que Marine Le Pen parvient tout de même à rassembler des millions d’électeurs derrière elle. Comme si les cinq années de Sarkozy suivies des cinq années de Hollande étaient oubliées, et avec elles la percée assez claire de ce parti dans l’opinion. Comme si les douze mois de sondages plaçant régulièrement Le Pen bien au-dessus de 20% n’avaient pas su trouver un écho dans leur subconscient.
En tout cas, paf, « subitement », voilà tous les médias, vibrant de résistance, une bonne partie de la droite, une grosse partie de la gauche et tout ce que le centre compte de volontaristes à colonne vertébrale en Jell-O qui se dresse (aussi fermement que possible lorsqu’on n’a pas de squelette) pour faire barrage à cette menace qui semble apparue au coin du bois et à l’improviste.
Tant et si bien, d’ailleurs, qu’on se demande dans quelle mesure ces appels compulsifs et hystériquement répétés n’en deviennent pas contre-productifs dans leur manque assez flagrant de subtilité qui permet de partir dans un lyrisme de Prisunic pour dépeindre une France marinisée et en ruine par extrême-droitisation, pendant que, dans le même temps, ce sont surtout des individus d’extrême-gauche qui enflamment festivement des policiers, ceux-là même qui s’accommoderaient fort bien d’un président Mélenchon par exemple…
Bref, on le voit : tout semble écrit sur du papier à musique, et tout penche donc en faveur d’une arrivée de Macron à l’Elysée le 7 mai prochain. Et pour beaucoup, dès cette date passée, rien n’est plus écrit, tout est permis, un souffle nouveau va rafraîchir la Cinquième République.
Sauf qu’à bien y regarder, le renouveau tant attendu prend déjà mauvaise tournure.
Sapristi ! On peut tortiller les faits comme on veut, on peut tenter d’enfumer le citoyen dans des manœuvres et des discours dilatoires, il n’en reste pas moins qu’on n’arrive toujours pas à se débarrasser des berniques politiciennes habituelles, accrochées au pouvoir comme d’autres à la coque d’un bateau, fut-il le Titanic.
Je passe rapidement sur l’entourage du Prétendant au trône élyséen, qui est composé de façon assez terrifiante par tout ce que le pays compte de caciques et de vieux débris qui n’ont pas arrêté d’empoisonner la vie politique française de leurs conseils, admonestations, exhortations et autres pénibles rapports dont une bonne partie cale des étagères de l’une ou l’autre Commission Théodule dont la République raffole, et qui ont surtout réussi à exaspérer suffisamment de Français pour donner une importance au vote protestataire (quel qu’en soit l’orientation).
Ainsi et apparemment, le peuple français, même après avoir élu une tête un peu nouvelle, devra encore se fader malgré la limite d’âge évidente que certains ont depuis longtemps franchie des individus comme Attali, Bergé, Cohn-Bendit, Henry-Levy dont on entend pourtant les sottises consternantes depuis plusieurs décennies.
Et si l’on s’attarde un peu sur les autres, c’est-à-dire ceux qui auront probablement un rôle actif à jouer dans la politique de Macron, on retombe encore une fois avec la même nuée de sauterelles qui ponctionne déjà les finances publiques depuis des lustres. Depuis les politiciens jusqu’aux syndicalistes, la liste est longue de ces avatars de tout ce que la politique française a produit de bien faisandé par le capitalisme de connivence, le socialisme décontracté, le collectivisme détendu de la dépense ou l’étatisme interventionniste tous azimuts.
On renifle à nouveau les parfums surannés de Laurence Parisot ou de Christine Lagarde aux alentours du probable élu, comme si ni l’une ni l’autre n’avaient pas déjà fait assez de dégâts en France. On voit déjà s’aligner, au garde-à-vous et le petit doigt sur la couture, les anciens ministres et autres naufragés de la gauche et de la droite parlementaires, depuis Baroin jusqu’à l’infatigable Bayrou en passant par Borloo.
Sans surprise, c’est évidemment dans le contingent de gauche qu’on trouve le plus de petites bouches affamées, ouvertes et pépiantes, réclamant qui un petit maroquin dodu, qui un joli petit portefeuille discret, qui une place, n’importe laquelle, tant que c’est au frais du contribuable. Collomb, Delanoë, Le Drian, Bartolone sont déjà dans les starting-blocks.
Et puisqu’on évoquait les berniques et autres mollusques fermement accrochés aux finances publiques, comment passer à côté de Ségolène Royal qui, toute honte bue, n’hésite pas une seconde après son énième échec pour le poste de l’UNDP à tournicoter autour du candidat en marche, dans l’attente humide de l’une ou l’autre faveur à laquelle elle croit avoir droit après ses résultats phénoménaux dans son ministère d’opérette ou en région Poitou-Charente (dont la facture s’alourdit de mois en mois).
Ah, franchement, il n’y a pas à mégoter : pour du renouvellement, c’est du renouvellement ! La politique « en marche », ça ressemble furieusement à la politique assise voire endormie qu’on avait jusqu’à présent.
À bien y réfléchir, ce n’est cependant pas vraiment surprenant pour le pauvre petit Manu. Le voilà en effet dans une position de toute façon délicate : il va bien lui falloir trouver des cadres pour son non-parti et des têtes de listes pour les législatives ; soit il pioche dans son stock de petites mains fidèles mais inexpérimentées, et on peut parier sur la perte sèche de six mois de quinquennat pendant lesquels ces petites mains vont devoir se former à gérer le pays (on leur souhaite bien du plaisir). Soit il choisit ceux qui connaissent bien les rouages des administrations, des cabinets et des institutions françaises, et le tableau, question changement, promet d’être croquignolet.
Et à ce problème s’ajoutera celui de sa légitimité. Majoritairement élu sur la base d’un rejet, celui de tous les autres candidats, on peine à voir comment il va pouvoir déclencher un assentiment à son projet évanescent.
Tenter de construire sur un rejet ne peut aboutir à un beau résultat.
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