Résumé
de la situation. Nommé premier ministre, Antonis
Samaras poursuit la formation d’un gouvernement dont le mandat est de
renégocier un plan de sauvetage qui de toute façon
n’est plus sur ses rails. Tout en le soutenant sans y envoyer de
ténors, le Pasok et Dima font le service minimum, augurant mal de la
poursuite de l’expérience. Le nouveau ministre des finances grec
est attendu de pied ferme à Bruxelles, où il n’est
question que d’accorder au mieux une rallonge de calendrier. «
Ouvrir une négociation serait une stratégie très
périlleuse ayant un impact sur les pays qui appliquent calmement des
réformes », a averti Jens Weidmann de
la Bundesbank.
A
Chypre, le gouvernement tente de sauver ses banques, durement
éprouvées par la restructuration de la dette grecque, en
négociant un nouveau prêt avec la Russie et en demandant aux
Européens à bénéficier d’un sauvetage sur
un modèle espagnol qui fait jurisprudence alors qu’il
n’est pas encore conclu, c’est à dire
réservé aux banques et sans être assorti d’autres
condition que celles les concernant.
Les
officiels espagnols se refusent jusqu’au tout dernier moment à
demander à bénéficier d’un plan de sauvetage, dans
l’espoir d’échapper à de nouvelles coupes
budgétaires qui leur seraient imposées en contrepartie, alors
que des manifestations syndicales ont hier envahi les rues des grandes villes
du pays, et que le gouvernement a perdu toute crédibilité dans
son sauvetage prioritaire des banques. Le suspens devrait être
partiellement levé aujourd’hui à l’occasion
d’une réunion de l’Eurogroupe
(qui réunit les ministres des finances de la zone euro), une fois
connus les résultats du premier audit des banques espagnoles. Mais il
restera le gros morceau à venir, car un montant de 400 à 500
milliards d’euros serait nécessaire si l’on voulait que
l’Espagne puisse se passer du marché des capitaux durant les
trois années à venir…
La
crise s’est étendue à l’Italie, où Mario
Monti est désormais contesté après avoir essuyé
une nouvelle rebuffade d’Angela Merkel.
Celle-ci a refusé que le FESF puisse acheter directement de la dette
souveraine pour en détendre le taux. Une disposition pourtant
adoptée il y a plus d’un an et dont Benoit Coeuré,
membre du directoire de la BCE, considère « comme un
mystère » qu’elle ne soit pas mise à profit…
Le
mystère en question ne va pas tarder à être
dissipé, à chaud comme il convient. Faut-il s’attendre
à ce que la BCE intervienne comme sauveur en dernier recours ? Elle
est restée ostensiblement l’arme au pied depuis février
afin de forcer les gouvernements à prendre leurs
responsabilités. Pas convaincue non plus de la portée de
nouvelles mesures de sa part, comme le reconnaît Benoit Coeuré. Évoquant prudemment une baisse du
principal taux directeur de la BCE, toujours inchangé à 1%,
celui-ci considère que « au regard de la crise actuelle, cela
pourrait peut-être être utile dans une certaine mesure mais,
comme tout ce que nous faisons en ce moment, cela ne résoudra certainement
pas les problèmes fondamentaux ».
La
Banque d’Angleterre et la Fed s’acheminent quant à elles
vers la reprise en grand de leurs opérations de création
monétaire et d’injections de liquidités, comme en
témoignent les minutes de la réunion des 6 et 7 juin de la
première et le communiqué du Comité de politique
monétaire de la Fed d’hier mercredi. Dans un premier temps, la
Banque d’Angleterre a lancé un programme mensuel de 5 milliards
de livres de prêts aux banques et la seconde a décidé de
poursuivre son opération « Twist » qui consiste à
échanger les 267 milliards de dollars de titres de la dette
américaine à courte maturité (moins de trois ans)
qu’elle détient encore contre des titres à longue
maturité de six à trente ans. Une bonne manière de retirer
du marché des capitaux cette dette de longue durée.
Financer
une dette que l’on ne parvient pas à résorber en
créant de nouvelles dettes, et financer celles-ci grâce à
la création monétaire semble être la seule voie qui reste
de disponible. On peut appeler cela échappatoire ou expédient
et se rappeler que cela a déjà été tenté
sans succès. La relance d’une croissance permettant de faciliter
le désendettement reste du domaine de l’invocation. La machine
à fabriquer de la dette qui en est à la source ne redémarre
toujours pas, car son moteur est toujours en panne.
Billet
rédigé par François Leclerc
Son livre, Les
CHRONIQUES DE LA GRANDE PERDITION vient de
paraître
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