Mes chères
contrariées, mes chers contrariens !
Les PPP ce sont les partenariats
public-privé. C’est une façon moderne et politiquement
correcte de parler de concession.
Une concession, comme son nom l’indique, c’est lorsque
l’État concède un droit par définition public
à un opérateur privé qui gère pour le compte de
l’État et encaisse une part substantielle des
bénéfices.
Ce fut le cas avec nos autoroutes,
payées avec l’argent du contribuable pendant des
décennies. Une fois globalement achevé, notre réseau
autoroutier a été privatisé, une misère
évidemment, depuis nous n’avons obtenu aucune
amélioration du service rendu. En revanche, les prix des passages aux
péages ont très fortement augmenté, enrichissant non
plus la collectivité et l’État mais des
sociétés privées. Bravo. C’était vraiment
une excellente idée.
Lorsque l’on est stupide ou
malhonnête, on poursuit ce type de politique absurde.
C’est ainsi que la Taxe Poids
Lourds, la fameuse écotaxe sur laquelle le gouvernement vient de
reculer mais sans doute provisoirement, le temps d’une concertation globale,
a été confiée, en tout cas sa perception, à une
entreprise privée nommée Écomouv’
et dont le capital est détenu à 70 % par une entreprise
italienne.
Le petit problème
c’est que cette taxe ne rapportera à l’État
qu’environ 600 millions d’euros, en tout cas c’est ce qui a
été dit par le gouvernement et avancé comme estimation,
alors que le montant total est évalué à plus d’un
milliard d’euros…
La différence, vous
l’aurez compris, va aller dans les poches d’une entreprise
privée à l’actionnariat étranger venant
prélever pour le compte de notre gouvernement une nouvelle gabelle et
un droit de passage moderne, habitudes qui avaient été abolies
lors de la révolution française.
L’Écot-axe,
c’est l’antichoc de simplification !
Non l’écotaxe
n’est pas écologique. L’écotaxe est un nouvel
impôt, tout le reste étant peu ou prou de la littérature
et je reviendrai un peu plus bas sur ce que serait une véritable
politique écologique et une véritable fiscalité
écologique qui favoriseraient les productions locales… car de
tout cela, il n’est évidemment aucunement question. Ce dont il
est question dans cette affaire de l’écotaxe, c’est du vol
organisé et de la rapine du peuple français par des
intérêts privés avec la complicité de
l’État français. Voilà la triste, très triste
réalité.
L’État peut
lui-même installer les portiques ou payer un prestataire pour le faire.
Comme l’écotaxe c’est très simple, il faut
installer sur chaque camion de nouveaux dispositifs de géolocalisation
et électronique… ce qui aurait pu être fait dans le cadre
d’un simple contrat de délégation publique auprès
des sociétés de télépéage disposant du
savoir-faire nécessaire… Tiens, d’ailleurs, comme
c’est bizarre… c’est exactement l’idée retenue
par la désormais célèbre société Écomouv’ qui perçoit bien tout notre
fric, mais ne va pas non plus se fatiguer à poser elle-même ces
nouveaux boîtiers puisqu’elle confie cette tâche à
faible valeur ajoutée… aux sociétés de
télépéage !
Je vous incite à aller voir
quelques minutes le site Internet de la société Écomouv’ et les procédures
nécessaires pour les entreprises de transport afin de
s’enregistrer dans ce nouveau système ainsi que les 8 954
documents spécifiques à télécharger
(j’exagère un peu, c’est mon côté gascon).
En page d’accueil, vous avez ce texte
surréaliste digne du monde d’Orwell :
« Les utilisateurs qui le
souhaitent pourront signer un contrat d’abonnement avec une
société habilitée fournissant un service de
télépéage (SHT). La SHT fournira
l’équipement embarqué ainsi que tous les autres services
connexes, notamment l’indication sur sa facture mensuelle de la taxe
à acquitter. Les modalités commerciales des contrats entre les
redevables et les sociétés de télépéage
sont libres, mais les abonnés pourront bénéficier des
avantages prévus par la loi, notamment un abattement forfaitaire sur
la taxe. Ces utilisateurs sont dénommés «redevables
abonnés». »
C’est juste le paragraphe
d’ouverture, c’est une synthèse et c’est bien la
partie la plus simple du système brillant inventé autour de
l’écotaxe qui n’est rien d’autre qu’une
véritable usine à gaz et une pompe à fric dont le
rendement ne sert même pas la collectivité. Hallucinant.
Comment l’État, notre
État, peut-il concevoir des systèmes aussi absurdes, aussi
complexes, aussi coûteux, au rendement d’impôt aussi faible
et en enrichissant au passage une entreprise privée de surcroît
étrangère… sur le dos de ses propres citoyens sans que
personne ou presque n’y trouve rien à y redire ?
Le choc de simplification commence par la culture de la
simplicité !
Dans la vie, il est important pour
ne pas dire essentiel d’aimer les choses simples. De favoriser les
solutions simples.
Ce qui explique le succès
insensé d’une marque comme Apple avec ses aïe-Phone et Pad,
c’est évidemment la simplicité d’utilisation.
L’objet est utilisable par n’importe quel enfant, par
n’importe quel adulte et tout a été étudié
et conçu autour de cette idée de la simplicité et de
l’efficacité poussée à son paroxysme.
L’État français
et ses fonctionnaires fonctionnent à l’inverse. S’il
n’y a pas 16 kilos de procédures et 98 tonnes de formulaires
à remplir en 16 exemplaires permettant à toutes les administrations
de recevoir des copies de documents parfaitement inutiles qui ne seront
jamais ou presque consultées, alors… ce n’est pas
sérieux. Pour faire sérieux, il faut des tampons et des
signatures. Le maximum de tampons et de signatures… sinon ce
n’est pas sérieux.
Notre fonction publique et nos
procédures sont à peu près aussi modernes et efficaces
que le serait une calèche sur une autoroute… sous un portique
écotaxe.
C’est quoi la simplicité et c’est
quoi une fiscalité environnementale ?
La simplicité c’est,
comme le défini le Larousse, « ce qui est formé
d’éléments peu nombreux et organisés de
manière claire », « peu compliqué, facile
à comprendre, à exécuter, à
utiliser ».
Voilà qui est très
clair et à l’exact opposé de la façon dont
fonctionne notre État, le choc de simplification étant une
vaste bouffonnade.
Alors qu’est-ce qu’une
fiscalité environnementale ? C’est une fiscalité globale
est repensée totalement autour de l’environnement et de la
pénalisation fiscale des produits ayant un bilan
énergétique ou nécessitant des transports en
quantité trop importante.
Il est aberrant de voir un yaourt
parcourant 15 000 kilomètres pour sa fabrication…
Néanmoins, on ne réglera pas ce type de problème en
bricolant une nouvelle taxe fut-elle baptisée de façon
trompeuse éco-machin-chouette.
Une fiscalité
environnementale doit protéger l’environnement, favoriser les
cycles courts, les productions locales, le flux direct du producteur au
consommateur, elle doit inciter à une utilisation plus durable des
produits qui doivent être conçus et pensés pour
évoluer ou encore pour être réparés, les normes
sanitaires doivent être respectées et strictes, les modes de
production socialement responsables.
Dans une telle acceptation de la
fiscalité environnementale, il n’y a pas de place pour les multipackagings, il n’y a plus de place pour la consommation
de masse, il n’y a plus de place pour les produits jetables, bref, il
faut à ce moment-là repenser intégralement notre mode de
production, de consommation et le business model de nos entreprises… de
la grande distribution par exemple.
On pourra objecter que
l’écotaxe est un pas dans la bonne direction. À ceci
près qu’en Allemagne, l’écotaxe ne concerne que les
vrais poids lourds supérieurs à 12 tonnes et justement ne
servant pas dans les dessertes locales mais uniquement sur les transports
internationaux. Mais même encore de cette façon-là, cette
taxe est mal née, mal montée, contestable dans la gestion et
critiquable dans la concession octroyée.
Dans la mesure où tout le
monde paie cette taxe, étranger comme français, cela ne permet
pas d’atténuer les distorsions de concurrence… Ce
n’est pas un droit d’entrée pour les camions
étrangers… donc c’est bien un impôt de plus qui ne
protège ni nos emplois ni notre environnement puisqu’il ne
permet pas la diminution du nombre de camions mais provoque simplement le
renchérissement des coûts de transport…
Oui notre fiscalité doit-être revue mais
encore faut-il se poser les bonnes questions.
Quels comportements veut-on
développer et quels comportements veut-on limiter et à quels
résultats veut-on arriver ?
Par rapport à cette nouvelle
fiscalité, c’est le côté recettes, que veut-on
financer et il s’agit là du côté dépenses.
Repenser la fiscalité commence par une démarche intellectuelle
et une réflexion profonde sur l’utilisation et les objectifs du
couple « recettes/dépenses ».
Pour donner quelques pistes en tout
cas sur le volet recettes, une super TVA sociale est
indispensable pour redonner de la compétitivité à nos
entreprises et baisser le coût du travail. TVA à 27 %. Deux
taux. 27 % et 0 %. 0 % sur l’ensemble des produits de premières
nécessités (de la brique de lait au paquet de pâtes).
Tout le reste doit être fortement taxé. Tous les produits dont
la garantie est inférieure à 5 ans, puis 6 ans, puis 7 ans,
etc., doivent être surtaxés via «
l’éco-participation » et pas qu’un peu… Plus
nous renchérirons le prix des produits de mauvaise qualité made
in china, plus nous favoriserons l’emploi local puis une production de
qualité et durable.
Nous pouvons également
renchérir progressivement le prix du diesel qui est une source de
pollution particulièrement dangereuse et cancérigène.
Pour éviter que le mouvement ne soit trop brutal, il peut même y
avoir une forme de crédit d’impôt pour ceux qui
travaillent dans la limite d’un certain montant, mais il n’y a
aucune raison environnementale et encore moins de santé publique pour
que le diesel, dont les particules sont très
cancérigènes, bénéficie d’un traitement de
faveur par rapport à l’essence.
Toujours sur les modes de
transport, nous avons aussi le droit et les moyens si nous le souhaitons
d’interdire le transport routier de passage… uniquement des
dessertes locales, tout le reste des marchandises devant
impérativement circuler sur les trains ou les péniches de nos
canaux…
Nous pouvons donc tout
repenser… avec une TVA à 27 ou même 30 %, nous parlons de
dizaines de milliards d’euros qui pourraient permettre également
la suppression de l’impôt sur le revenu par exemple.
L’euro n’est pas la cause de tous nos maux !
Oui l’euro nous
pénalise. Oui l’euro est un handicap. Oui l’euro est trop
fort. Oui une politique monétaire unique pour 17 pays
différents est une aberration économique… mais,
l’euro n’est pas la cause de tous nos maux.
Croire qu’en sortant de
l’euro et de l’Europe (une Europe qui m’agace au plus
profond) nous réglerons tous nos problèmes est une
chimère et c’est un mensonge !
Nous avons des marges de
manœuvres importantes, au sein même de l’euro et de
l’Europe. Nous pouvons nous aussi refuser certaines clauses et certains
traités, nous pouvons aussi renégocier certains
éléments sans renverser la table, nous pouvons si nous en avons
la force politique et la légitimité populaire infléchir
la politique européenne, tracer des lignes rouges à nos
partenaires, arrêter de subir l’Europe. N’ayons pas peur
des crises. N’ayons pas peur des désaccords, n’ayons pas
peur de ce que nous sommes…
Mais avant d’arriver à
tout cela, il faut définir un véritable projet d’avenir
pour notre pays et pour notre économie.
Nous ne sommes plus dans le temps
du bricolage et de la demi-mesure. Nous devons repenser tout le modèle
français, ensemble et collectivement, avec à la clef le peuple
qui devra s’exprimer sur des choix forts et clairs. Si nous faisions
cela, en quelques mois notre situation financière se redressera,
l’espoir renaîtra, les entreprises investiront, les
marchés nous feront confiance, nos partenaires nous écouteront.
Mais notre Président Normal
1er, roi de la motion de synthèse et du compromis autour du plus petit
dénominateur commun, n’est tout simplement pas à la
hauteur de la situation. Nous avions besoin d’un De Gaulle ou
d’un Churchill, nous avons un nain politique, un nain
économique, un nain social.
François Hollande, par son
manque d’ampleur, sera très certainement le fossoyeur du
système qu’il désire pourtant très certainement
sauver…
Nous sommes en train de mourir de
soif épuisé, affalé derrière un muret en plein
désert alors que juste derrière se trouve le plus beau des
lacs, rempli de l’eau la plus pure… Nous pouvons nous sauver
nous-mêmes… et pourtant nous nous condamnons nous-mêmes par
bêtise, par manque d’imagination, de courage, et en refusant de
faire les constats des faits puisque nous sommes prisonniers d’un
politiquement correct et d’une idéologie cucul-gnangnantiste mortifère.
Restez à
l’écoute.
À demain… si vous le
voulez-bien !!
Charles
SANNAT
Article sur la société Ecomouv
Site Internet de la société Ecomouv
|