L'ancien secrétaire du travail
sous l’administration Clinton, Robert Reich, a récemment demandé au
gouvernement de forcer les jeunes à effectuer deux ans de service
militaire ou à s’engager dans un autre type de « service communautaire ».
Le sénateur néoconservateur, John McCain, a introduit un projet de loi
demandant l’établissement d’un service militaire national similaire à la
proposition faite par Reich. Il n’est pas surprenant qu’un progressiste et un
néoconservateur soutiennent tous deux l’idée d’un service militaire
obligatoire, puisque c’est une question qui unit depuis longtemps les
autoritaristes de droite et de gauche.
Les défenseurs du service national
estiment que les jeunes ont l’obligation morale de rendre quelque chose à la
société. Mais offrir au gouvernement le pouvoir de décider de nos obligations
morales est une incitation au totalitarisme.
Un service militaire
obligatoire va non seulement à l'encontre du principe de liberté, il va à l'encontre
des principes des Etats-Unis d’Amérique. Qu’ils l’admettent ou non, ses
défenseurs ne croient pas en les « droits inaliénables » des
individus. Ils pensent plutôt que les droits sont des cadeaux faits aux
individus par le gouvernement et, puisque le gouvernement est la source de
nos droits, ce dernier peut abroger ou nous enlever ces droits sur une simple
décision du Congrès.
Un service national
obligatoire affaiblit aussi les institutions caritatives priées. Dans une
société libre, de nombreux individus offrent du temps ou de l’argent au
service de divers projets afin de venir en aide à leur communauté, et
travaillent avec des associations religieuses ou civiques. Mais dans une
société au sein de laquelle le gouvernement impose un service national, ces
associations ont de fortes chances de devenir plus dépendantes du travail forcé
offert par le gouvernement, et d’adapter leurs programmes aux demandes des
bureaucrates du gouvernement plutôt qu’aux besoins de leur communauté.
La pire forme de service
national est bien évidemment le service militaire, qui force de jeunes gens à
tuer ou être tué sur l’ordre du gouvernement. La conscription réduit le coût
des politiques étrangères interventionnistes, parce que le gouvernement n’a
pas besoin d’entrer en compétition avec des employeurs privés pour trouver de
la main d’œuvre. Ceux qui refusent de participer au service militaire
risquent la prison, ce qui permet au gouvernement d’offrir des revenus et des
bénéfices moindres aux conscrits qu’aux volontaires.
A mesure que s’alourdit le
fardeau des politiques étrangères hyper-interventionnistes, il devient de
plus en plus probable que le service militaire soit un jour réinstauré. Le
Général Martin Dempsey, directeur du Joint Chiefs
of Staff, ne cesse plus de suggérer que les troupes américaines sur le
terrain puissent avoir besoin de participer à l’opération « Résolution
inhérente » en Irak et en Syrie. Si un déploiement de troupes était
nécessaire, la mise ne place d’un service militaire pourrait être étudiée.
La seule manière qu’ont les
Américains de protéger leurs enfants de la conscription est de demander l’arrêt
des politiques étrangères qui perçoivent l’intervention militaire comme la
solution à tous les problèmes – depuis l’EIIL jusqu’à l’Ebola – partout dans
le monde.
D’autres qui comme moi s’opposent
à des politiques étrangères militaristes peuvent parfois être en faveur de la
conscription, puisqu’ils pensent qu’elle est susceptible de nourrir l’opposition
du public à la guerre. Mais l’existence d’une conscription n’a pas empêché
les Américains de se lancer dans des guerres inconstitutionnelles au Vietnam
et en Corée. Bien que la conscription ait joué un rôle dans l’opposition
politique à la guerre du Vietnam, il a fallu presque dix ans et des milliers
de morts américaines pour que cette opposition puisse avoir de l’importance.
Je trouve déconcertant que des
conservateurs qui s’opposent à la hausse des taxes puissent soutenir une
forme quelconque de service national. Il est tout aussi déconcertant de voir
des libéraux qui s’opposent à l’interférence du gouvernement avec nos vies
privées demander la mise en place d’un service national. Le service national
obligatoire est une politique totalitaire qui devrait être rejetée par tous
les défenseurs de la liberté.