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Cours Or & Argent

Le stress test, objet de tous les ressentiments

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Publié le 10 mars 2011
667 mots - Temps de lecture : 1 - 2 minutes
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SUIVRE : Bce Tim Geithner
Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

C’est raté ! L’autorité de supervision bancaire européenne (EBA) a tenté d’asseoir la crédibilité des nouveaux tests des banques en menaçant celles qui les réussiraient, mais de peu, de devoir aussi prendre des mesures, par ailleurs indéfinies. Toute sa communication était axée sur la création de cette nouvelle catégorie de banques, celles qui seraient « tangentes », afin de démontrer que les régulateurs seraient cette fois-ci inflexibles.


Las, un véritable tir de barrage a été déclenché dans les médias suite à la fuite d’un document communiqué aux banques pour discussion, avant que ne soient retenus les paramètres finaux des tests. Il en est immédiatement ressorti une liste de manquements faisant apparaître ces tests comme encore plus complaisants que les précédents, en dépit des rodomontades proférées à l’intention de qui voulait les entendre.


L’EBA s’est crue obligée de réagir sans tarder, faisant valoir que le document en question était provisoire, comme s’il pouvait ressortir des discussions avec les banques plus dur qu’il ne leur avait été présenté !


Récapitulons. Ne sont prévus dans les scenarii exposés ni des restructurations des dettes souveraines, ni un choc du prix du pétrole et des matières premières. C’est à dire les deux événements les plus probables. La dégradation des conditions macro-économiques reste fort mesurée (baisse du PIB en général et des taux des obligations souveraines espagnole et portugaise) et il n’est pas pris en considération d’éventuelles dévalorisations des actifs du banking book (celles qui sont sensées être conservées jusqu’à leur maturité). Enfin, rien n’est dit à propos des tests de liquidité et de la définition des fonds propres retenue pour le calcul des ratios.


Dans le genre tour de passe-passe, on a connu plus spectaculaire !


A ce stade, on pourrait suggérer à l’EBA d’arrêter les frais et de ne pas réaliser les tests, car on connaît déjà en creux leurs résultats. Toutes les insuffisances criantes qui viennent d’être relevées par les médias spécialisés démontrent par elles-mêmes l’état réel des banques, dont bon nombre – pour le moins – ne pourraient pas supporter que ce qui a été rejeté soit pris en considération.


Les banques doivent être protégées, mais de quoi ? De la nécessité de renforcer leurs capitaux propres, aboutissant à la baisse de leur retour sur investissement. S’il est un critère absolu de décision politique, c’est bien celui-là, qui engage aussi la BCE à agiter le chiffon de l’inflation, cette maladie sournoise qui lèse certes les petits rentiers, mais aboutit surtout à la fonte de la valeur des capitaux des grands investisseurs. Il ne faut pas toucher à la rémunération du capital.


Pour ne pas davantage persifler, il convient de s’interroger sur cette étrange faculté qu’ont les leaders européens de se fourvoyer dans des situations impossibles. Quand ce n’est pas en élaborant des plans de sauvetage irréalistes, ou en échafaudant des pactes de compétitivité qui le sont tout autant, en tentant une fois de plus de démontrer que le système bancaire se porte comme un charme, après avoir déjà une fois piteusement échoué à l’établir.


Quand saurons-nous ce qui a justifié un voyage éclair hier en Allemagne de Tim Geithner, secrétaire d’État américain au Trésor, au cours duquel il a successivement rencontré Jean-Claude Trichet (BCE), Axel Weber (Bundesbank), Rainer Brüderle (ministre allemand de l’économie) et Wolfgang Schaüble (ministre des finances) ?


Venait-il aux nouvelles pour apprécier ce que les Européens allaient pouvoir décider de flambant ce weekend, ou pour une fois encore leur suggérer d’effectuer des tests crédibles des banques, ce que les Américains se gardent bien de faire de leur côté ? Les deux ne sont pas incompatibles…



 

 Billet rédigé par François Leclerc

 

Paul Jorion

 

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.   

 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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