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Cours Or & Argent

Le succès de l’austérité irlandaise

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Delta Global Advisors
Publié le 15 juin 2017
1202 mots - Temps de lecture : 3 - 4 minutes
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A la fin des années 1990, l’économie irlandaise était en plein essor. Les raisons en étaient notamment le taux très faible de l’impôt sur les sociétés, qui s’affichait à 12,5%, ainsi que la bulle sur l’immobilier qui alimentait le PIB du pays. Pour toutes sortes de raisons, l’Irlande était alors un véritable aimant pour les investissements directs venus de l’étranger, et faisait bien des jaloux parmi les pays d’Europe.

Soutenu par une monnaie peu chère, le gouvernement irlandais s’est embarqué dans un boom immobilier qui a duré de 1997 à 2006, et qui a vu multiplié par plus de quatre le prix d’un domicile type. Grâce à ses recettes fiscales, le gouvernement s’est aussi lancé dans une frénésie de dépenses : les investissements dans les services de santé ont été multipliés par cinq et les salaires des fonctionnaires ont doublé.

Malheureusement, la crise financière globale a fait s’effondrer l’économie irlandaise du jour au lendemain. Le PIB du pays a décliné de plus de 14% au cours des deux années qui ont suivi. Le budget du gouvernement est passé de gros surplus en 2006 et 2007 à un déficit de 14,3% du PIB en 2008.

En réponse à cette crise économique, le peuple irlandais et ses élus ont fait quelque chose que très peu d’autres pays oseraient faire : ils ont opté pour l’austérité fiscale. Le gouvernement a réduit ses dépenses et rehaussé les taxes. Depuis 2008, sept programmes budgétaires ont fait sortir 28 milliards d’euros de l’économie au travers de réductions de dépenses et de hausses de taxes, une somme qui représente 17% du PIB actuel de l’Irlande.  

L’austérité fiscale va à l’encontre du dogme keynésien selon lequel, en temps de crise, les gouvernements devraient accroître leurs dépenses pour surmonter les retournements économique – quel que soit leur niveau d’endettement. Bien que j’aurais préféré voir l’Irlande réduire davantage ses dépenses plutôt qu’augmenter les taxes, j’applaudis la détermination du peuple à embrasser un gouvernement plus restreint plutôt que les dépenses déficitaires pourtant en vogue aujourd’hui.

Mais ce resserrement de ceinture n’a pas été applaudi par tous les économistes, et a particulièrement dérangé le roi des apologistes du Keynésianisme, Paul Krugman.

Krugman, que l’austérité irlandaise semble avoir accablé de chagrin, a dévoué des quantités absurdes de temps et d’encre à se plaindre du programme d’austérité irlandais et à prédire le trépas économique imminent du pays. Il en a même fait une affaire personnelle en 2010 en déclarant que « ce qu’il y a de mieux avec les Irlandais en ce moment, c’est qu’il y en a si peu ». Ceux qui sont familiers avec la désastreuse famine qui a fait plus d’un million de morts en Irlande peuvent légitimement remettre en question la conscience de ce libéral spécifique.

Selon Krugman, la réduction des dépenses de l’Irlande devrait être repoussée jusqu’à ce que le pays ne soit plus coincé dans un « piège de la liquidité ». Cette trappe de la liquidité dont il s’inquiète est en réalité ce par quoi le marché libre vient en aide à l’économie en réduisant son endettement. Mais Krugman est convaincu que seules des dépenses accrues peuvent aider les économies à s’en libérer. Pour lui, l’Irlande devrait suivre l’exemple du Japon, qui souffre aujourd’hui de sa troisième récession en autant d’années, d’une multitude de décennies perdues, d’une devise en chute libre et d’un ratio dette/PIB de 250%. C’est un très gros prix à payer pour éviter la réalité économique et attendre patiemment de sortir du piège de la liquidité.  

Il est évident que Krugman craigne de voir le succès de l’expérience de l’Irlande délégitimer la doctrine de dépenses déficitaires de John Maynard Keynes et remettre en question ce qui lui est le plus cher. Mais voyons donc qui s’en tire le mieux – la très austère île d’émeraude ou la terre de tous les déficits budgétaires ? Après tout, existe-t-il un meilleur exemple d’austérité que le Japon d’aujourd’hui ?

Dès le lancement de son programme d’austérité, l’économie de l’Irlande a enregistré une croissance lente entre 2010 et 2012. En revanche, en 2014, l’économie irlandaise a gonflé de 4,8%, pour enregistrer la plus forte croissance de tous les pays de l’Union européenne, et une croissance plus élevée que toutes les croissances annuelles des Etats-Unis depuis la Grande récession. L’économie irlandaise a enregistré une croissance d’1,9% au second trimestre de l’année 2015, après avoir enregistré une expansion révisée à 2,1% au premier trimestre, qui s’est avérée supérieure aux attentes de Krugman et du marché en général.

L’Irlande a pu parvenir à un tel taux de croissance en réduisant son déficit budgétaire de 14,3 à 4,1% de son PIB depuis 2008. Le pays a été le premier de la zone euro à sortir d’un plan de refinancement du FMI. En Irlande, le taux de chômage ajusté à l’inflation est passé sous la barre des 9% pour la première fois depuis 2008, ayant atteint 8,9% en octobre 2015.

Pendant un bref instant en décembre 1989, le marché boursier japonais (le Nikkei 225) a surpassé le marché américain en termes de taille, pour atteindre un pic de 38.916 et un ratio cours/bénéfices de 80. L’immobilier japonais représentait alors la moitié de la valeur de l’ensemble des terrains à l’échelle du monde, avec 24 trillions de dollars. Quand les bulles japonaises sur l’immobilier et les actions ont éclaté, les Japonais, en bons Keynésiens, se sont embarqués dans un programme de dépenses qui, tout au long des années 1990, a représenté plus de 100 trillions de yens. Et où en est le pays aujourd’hui ? Il a déjà perdu deux décennies et demie, et n’est pas au bout de ses peines.

Pour le plus grand plaisir des Keynésiens, en 2012, le Japon a embrassé l’Abénomie, une stratégie économique qui a consisté à redoubler d’efforts en employant toujours plus des mêmes politiques de dépenses et de création monétaire. L’une des trois flèches de l’Abénomie étant dirigée vers une croissance des dépenses déficitaires du gouvernement, le Japon enregistre actuellement un déficit budgétaire de 8% de son PIB. Une autre de ces flèches est dirigée vers la destruction de la devise nationale afin de faire gonfler les exportations. En revanche, nous venons d’apprendre que les exportations japonaises ont baissé en octobre pour la première fois en quatorze mois. Le seul objectif auquel semble être parvenu Abe est une récession.

L’économie japonaise a enregistré un déclin de 0,2% au troisième trimestre de 2015, et a été incapable d’enregistrer une reprise durable de son PIB depuis la fin de la Grande récession.

Pire encore, le PIB du Japon n’est allé nulle part en termes nominaux depuis plus de dix ans et, grâce aux politiques de dévaluation qui ont été employées, s’est contracté en termes réels.

Mais rien de cela ne dissuade Krugman de croire que tout ce qui manque à l’Abénomie est une conviction de doubler sans cesse la dose de mesures employées. Krugman choisit de continuer de croire en des mensonges, et préfère des décennies perdues à quelques années d’austérité. Dans un article écrit en 2013, il s’est puérilement plaint du fait que « l’invocation de l’Irlande comme modèle à suivre ne peut être qu’une mauvaise blague ». Il semblerait toutefois qu’il soit lui-même devenu le dindon de la farce.

 

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