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Cours Or & Argent

Le temps, comparse en dernière instance

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Publié le 24 août 2012
813 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Dernières nouvelles d’un sauvetage in extremis avant la tempête : Angela Merkel et François Hollande vont ce soir régler leurs montres en vue du déminage de la bombe grecque qu’Antonis Samaras va successivement leur présenter. Comme tous les démineurs, leurs gestes sont lents : l’opération est annoncée pour prendre un peu de temps, si elle réussit.


En dépit de toutes les rodomontades, prudence oblige, le risque d’un éclatement de la zone euro qu’une sortie en catastrophe de la Grèce pourrait susciter ne peut être pris. Car cela précipiterait l’Espagne et l’Italie dans une tourmente pour l’instant contenue. Mariano Rajoy attend donc que la nouvelle intervention de la BCE – dont le conseil des gouverneurs se réunit le 6 septembre – soit au point avant de faire sa déclaration et de bénéficier d’un plan de sauvetage à son tour. Mario Monti ira de son côté appuyer auprès d’Angela Merkel ces préparatifs d’une fête anticipée par les marchés, car il en sera le principal bénéficiaire, espère-t-il.


Plusieurs nouveaux dispositifs sont étudiés par les experts de la BCE, dont celui qui a été divulgué par le Spiegel et confirmé par le Telegraph : la BCE interviendrait sur le marché secondaire pour si besoin contenir le taux des obligations à court terme des pays satisfaisant au préalable aux conditions du FESF/MES, afin que leur spread vis à vis du taux allemand correspondant ne dépasse pas certaines valeurs.


C’est beau comme un camion ! Sous cette forme, ou selon une variante, un dispositif serait mis en place dont les effets seraient de même nature que ceux des euro-obligations, sans avoir à violer ce tabou. A l’arrivée, la BCE se serait hissée par ses propres moyens au niveau de ses consœurs américaine, britannique et japonaise (par ordre alphabétique), à son tour installée dans le rôle du sauveur suprême, les Européens revenant enfin au bercail.


Avec deux programmes d’assistance, l’un en direction des banques (le LTRO), l’autre des États en difficulté (dont l’acronyme reste à trouver), on pourrait enfin voir venir. Les deux permettraient de rouler autant de temps que nécessaire les emprunts effectués à des taux préférentiels auprès de la BCE – plus préférentiel pour les banques que pour les États, il ne faut pas exagérer – sans plus se soucier des aigreurs du marché. Enfin, le temps nécessaire au désendettement serait trouvé…


Combien de temps – puisque c’est décidément le critère principal – cette nouvelle histoire pourra-t-elle durer ? Le scénario en cours d’écriture ne le dit pas (mais on suppose que cela sera long, très long). Pas plus qu’il ne touche au présupposé qui en est le fil : la BCE ne pouvant pas régler les problèmes que rencontrent les États, seule la rigueur budgétaire et les réformes structurelles pourront permettre de renouer avec la croissance… On est retombé sur ses pieds !


Nul n’étant parfait, ce nouveau plan a deux points faibles. Il repose sur un nouveau système de contraintes, le marché irresponsable étant mis hors-circuit : celui que les gouvernements ont eux-mêmes décidé et qu’ils peuvent donc amender et même défaire. C’est en tout cas l’espoir de ceux qui scrutent l’horizon des prochaines consultations électorales, en Allemagne et au Pays-Bas par exemple. Y aurait-il de sous-jacent une version soft d’un plan sinon condamné pour ne pas fonctionner ? C’est le second point faible : comment renouer avec la croissance dans un monde de brutes en pleine décélération ? La crise, faut-il le rappeler, n’est pas européenne…


Les nouvelles ne sont pas encourageantes sur ce plan-là, car aux États-Unis le marché manifeste vis à vis de la Fed les mêmes attentes que celles dont la BCE est entourée, la Banque d’Angleterre et celle du Japon poursuivent leur valse-hésitation : les sauveurs ne savent pas sur quel pied danser. Comme ils ne cessent de le proclamer à juste titre, ils n’ont pas les moyens de régler par eux-même des problèmes dont l’origine se perd dans la nuit des temps. Cinq ans, c’est l’éternité quand tous les matins en se réveillant on se demande quelle nouvelle tuile va vous tomber sur la tête.


Par un jeu de balancier, comme disent ceux qui croient ainsi tout expliquer, la dette américaine va vite revenir au-devant de l’actualité. Ce sera la tâche de la nouvelle administration américaine issue des élections de novembre que de trouver une nouvelle solution bi-partisane pour repousser encore une fois les échéances. A chacun sa méthode !



Billet rédigé par François Leclerc


Son livre, Les CHRONIQUES DE LA GRANDE PERDITION vient de paraître


Un « article presslib’ » est libre de reproduction numérique en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.



 

 



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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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C'est très quatrième république tout cela.

Rappelez vous la phrase d'Henri Queuille : "il n'y a pas de problème qu'une absence de solution ne finisse par résoudre"...

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