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Cours Or & Argent

Le Tereschenko

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Extrait des Archives : publié le 18 mars 2013
734 mots - Temps de lecture : 1 - 2 minutes
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Pour les historiens spécialisés dans les gemmes et, à en juger par la réaction de la presse, pour le grand public, il est toujours un évènement que d’apprendre l’existence d’une pierre différente des autres et qui autrefois n’était connue que d’une poignée de personnes. C’est ce qu’il s’est produit en 1984 lorsque Christie’s annonçait la mise aux enchères d’un diamant bleu en forme de poire d’un poids de 42,92 carats, le quatrième plus gros diamant bleu jamais enregistré (bien que les choses aient pu changer depuis, la pierre a conservé son titre de quatrième plus gros diamant bleu pendant environ une décennie).

 

A l’origine, ce diamant appartenait à la famille Tereschenko, qui a fait fortune sur le sucre en Russie pré-communiste. L’un des membres de cette famille, Mikhail (1886-1956), qui avait une opinion politique très avancée, devint Ministre des Affaires Etrangères en 1917. Quatre ans avant cela, Mikhail avait déposé le diamant auprès d’un spécialiste basé à Paris. En 1915, il lui demanda de sertir son diamant sur un collier au côté de plusieurs autres petits diamants de couleur. Le bijou final comprenait 46 diamants taillés en marquise, en poire et en forme de cœur, pesant de 0,13 à 2,88 carats. Leurs différentes couleurs ont été décrites par des termes tels que ‘jonquille, citron, vert raisin, bouton d’or, gris crevette, lilas, rose, vieux porto, madère et topaze’. Ces diamants ont fait de cette création la plus célèbre de son siècle dans la catégorie des diamants de couleur.

 

En 1916, à l’aube de la révolution Russe, le diamant Tereschenko fut secrètement transporté hors de Russie puis vendu à un investisseur privé.

 

Comme d’autres diamants bleus, le Tereschenko appartient au groupe très restreint des diamants de type IIb. Nous ne savons rien sur l’endroit où il a été découvert. Il pourrait provenir des dépôts d’origine alluviale du Kollur, en Inde, ou de la mine Premier Mine, en Afrique du Sud. En revanche, en 1913, la Premier Mine fêtait à peine sa première décennie d’existence, et puisque nous ne disposons d’aucune archive citant la découverte d’un gros diamant dans cette mine, il y a de fortes chances que le Tereschenko soit d’origine Indienne.

 

Quelques jours avant la vente du diamant à Genève, quatre personnes ont contacté Christie’s et lui ont offert de le lui acheter pour une somme variant entre trois et quatre millions de francs Suisses, ce qui leur aurait permis d’épargner la charge de 10% ajoutée au prix de vente. Christie’s a refusé chacune de ces offres. Un groupe de revendeurs de diamants a suggéré une inspection du diamant par le Gemological Institute of America puisque, malgré le caractère impeccable du rapport du laboratoire Suisse de Lucerne, un certificat obtenu par le GIA a une valeur commerciale bien plus intéressante, tout particulièrement en Asie et au Proche-Orient. Un tel certificat facilitait la revente du diamant dans ces régions. Christie’s décida donc d’envoyer le diamant au laboratoire du GIA à New York qui lui a ensuite retourné avec les documents demandés.

 


Voici un dessin que j’ai fait des facettes du Tereschenko

en me basant sur une photo publiée dans le livre d’Ian Balfour intitulé Famous Diamonds.

Sur mon dessin, lorsque l’on regarde à travers la couronne, les facettes du pavillon

ne sont pas identiques à la vue de profil. Il n’en est pas moins qu’il vous donne une idée de la disposition des facettes.

 

Le Tereschenko a été mis aux enchères le 14 novembre 1984. A dix heures du soir, tout le monde attendait avec impatience dans un salon éclairé de l’Hôtel Richmond à Genève que le directeur de Christie’s annonce la mise en vente du lot 454. Les enchères ont commencé à 3 millions de francs Suisses, ce qui n’a pas semblé surprendre qui que ce soit dans la salle emplie de revendeurs célèbres venus des quatre coins du monde et d’une poignée de milliardaires. En 40 secondes, les enchères avaient déjà atteint 6,5 millions de francs Suisses, un prix bien plus élevé que les estimations les plus optimistes de Christies. Le commissaire-priseur frappa son bureau d’un coup de marteau lorsqu’une voix au fond de la salle annonça le prix de dix millions de francs Suisses. Robert Mouawad, un revendeur de diamants Saoudien, venait d’ajouter une pierre à sa collection pour la somme de 4.508.196 dollars.

 

Sources: Famous Diamonds par Ian Balfour et The Fancy Colored Diamond Index.

 

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