Lorsque les USA devront changer de monnaie, il
n’y aura plus qu’à ressortir l’Amero
des cartons…
Mes chères contrariées, mes chers contrariens
!
Ce début d’année est un vrai festival pour nous
autres contrariens… Ce matin, entre une
tartine de pain rassis et du beurre à la date de péremption
largement dépassée, je voulais écouter la matinale de
France Inter… mais ils sont en grève pour le deuxième jour
consécutif, remettant en cause mes petites habitudes. Bref, obligé
de passer sur BFM radio. Et là… l’idée du
siècle en provenance directe des États-Unis
d’Amérique pour sauver le tonton Oncle Sam. Ça y est, au
bout de 5 ans de crise on a trouvé le Saint Graal : vendez tous
votre or, tout va aller mieux que bien… à moins qu’au
contraire cela ne révèle justement encore une fois la
gravité de la situation…
Une
pièce de platine pour sauver les US
Oui mes braves contrariens, voilà
l’idée révolutionnaire entre toutes. Il faut frapper une
pièce de monnaie d’une valeur de 1 000 milliards de
dollars. Bienvenue au royaume officiel de la fausse monnaie et de la
bêtise économique incarnée. C’est fou ça. On
a mis cinq ans pour avoir cette idée-là…
On apprend donc qu’une pétition adressée à
la Maison-Blanche réclame une émission de pièces de
platine d'un montant astronomique de 1 000 milliards de dollars. Il pourrait
même s'agir d'une énorme pièce unique qui serait
déposée dans le compte du Trésor auprès de la
Réserve fédérale.
Ben oui, ç’est vrai hein, de vous à moi, quitte
à faire de la fausse monnaie, autant ne pas trop
s’embêter… Cela dit je serais eux, je profiterais du
nouveau moule pour en frapper quand même 26, cela leur ferait
26 000 milliards de dollars d’un coup et permettrait le remboursement
immédiat de toute la dette US. Et puis entre nous, si on en frappe 26,
on peut arrondir la fabrication du premier lot à une cinquantaine de
pièces, comme ça cela laissera un peu de mou au gouvernement
fédéral pour relancer la croissance.
On pourrait distribuer, je ne sais pas moi, disons, environ 1 million
de dollars baby, par Américain. Mais uniquement sous forme de billets.
On pourrait même, qui sait, imprimer de nouveaux billets, du genre 50
milliards de dollars zimbabwéens (dont la valeur est d’environ 7
euros), parce que franchement au rythme où avance la crétinerie
mondiale, nous allons y avoir droit à notre « hyperfellation » comme le disais fort
pertinemment notre ancienne ministre Rachida Dati.
Elle me manque Rachida. On rigolait bien avec elle.
Le
Trésor américain n’a plus le droit d’émettre
des pièces en or ou argent
Le Trésor dispose encore en théorie du droit
d'émettre des pièces en platine, mais pas en or ou en argent,
sans en référer à la Réserve
fédérale. D'où la pétition adressée
à la Maison-Blanche pour autoriser une telle émission dans un
montant astronomique de 1 000 milliards de dollars.
L'hypothèse, lancée par le représentant
démocrate new-yorkais Jerrold Nadler, a même fait l'objet d'une pétition
adressée à la Maison Blanche. Comme l'explique
l'économiste Alexandre Delaigue sur France
TV Info, elle fonctionne comme suit :
« Il suffit de déposer la pièce en question sur le
compte du gouvernement fédéral auprès de la banque
centrale, et celui-ci est automatiquement crédité d'autant : le
gouvernement peut donc continuer, légalement, de dépenser
à partir de son compte à la banque centrale. »
Mais cette
fois-ci c’est différent !!
Et comme cette année part sur des chapeaux de roues, nous avons
même droit au sempiternel « cette fois-ci c’est
différent » qui est censé permettre de justifier
l’injustifiable. Souvenez-vous en 2000 pour la bulle Internet. Des
sociétés par centaines qui n’avaient pas un seul client
et dépensaient chaque jour des fortunes sans compter et qui valaient
des milliards en Bourse… Mais je n’avais rien compris,
j’étais tout jeune mais déjà contrarien
(c’est génétique, on est né comme ça, il ne
faut pas nous en vouloir, c’est une histoire de chromosome
défectueux… mais que fait le Téléthon pour nous,
nous sommes une maladie orpheline).
Évidemment, je n’avais rien compris. Tellement rien
compris qu’à cette époque plein de gens passaient
à la télé pour m’expliquer (à travers le
tube cathodique) que cette fois-ci c’était
différent… Bon tout cela s’est terminé par une
immense explosion boursière et financière… pas
très différente de toutes les bulles précédentes.
Donc la perle de cet article de Slate, c’est le petit passage
suivant, et notre grand vainqueur au grand prix de la stupidité est
Monsieur Alexandre Delaigue.
« Traditionnellement réservée à des
pays qui ne peuvent faire face à leurs dépenses, comme le
Zimbabwe, l'émission de monnaie est souvent réputée pour
entraîner de l'hyperinflation. Pas sûr que cela soit le cas avec
cette solution, note cependant Alexandre Delaigue,
qui pointe que l'économie américaine est dans une situation
dans laquelle l'émission de monnaie n'a pas d'effet inflationniste. »
C’est un champion hors catégorie le père Delaigue, il réussit dans la même phrase
à nous expliquer que les USA vont faire la même chose que le
Zimbabwe, mais que pour eux il n’y aura aucune conséquence
néfaste, et que le reste de la planète pourra
s’épanouir dans un bonheur merveilleux.
Allez rendormez-vous mes braves contrariens,
tout va bien se passer,
France perte
de 10 000 emplois et de 3 000 agences immobilières en 2012
En France, il n’y a jamais eu, il n’y a pas, et ne pourra
jamais y avoir de krach immobilier. Chez nous, l’immobilier ne peut que
monter, éternellement pour toujours. Il y a bien une petite baisse
depuis quelques temps mais elle est tellement petite qu’il ne faut pas
la voir. C’est interdit. Cela pourrait saper le moral des
ménages, et surtout cela pourrait faire mal à nos
banques… Ah, quelle misère, va-t-il falloir encore les sauver ?
Très certainement.
Donc ce que vous avez le droit d’entendre, c’est que les
prix sont stables, dans un volume de transaction en nette baisse (en
réalité il s’effondre le volume), et que le marché
ne devrait pas baisser… Voilà, circulez, aucune
inquiétude à avoir.
Du côté de la vraie vie, c’est-à-dire des
agences immobilières, on apprend au détour d’une
dépêche AFP qu’elles ont perdu 10 000 emplois
salariés sur un total de 80 000 dans la transaction immobilière
en 2012 (soit tout de même un bon 12 %) et ont vu 3 000 d'entre elles,
sur un total de 30 000, fermer leurs portes dans le même temps.
Enfin, c’est ce qu’a déclaré mardi
Jean-François Buet, le président de
la FNAIM (Fédération nationale de l'immobilier).
Pour un marché en pleine forme qui ne doit pas vous
inquiéter, on a sans doute vu déjà mieux… mais ne
soyons pas contrarien.
D’ailleurs, on apprend également que pour la FNAIM, le
nombre de transactions de logements anciens s'est élevé en 2012
à 655 000 contre 805 000 en 2011 (les notaires ayant
révisé récemment à la baisse ce dernier chiffre
selon la FNAIM).
Si les notaires se mettent à faire comme le gouvernement
américain et révise à la baisse les chiffres du mois
précédent, mon travail d’économiste va devenir
encore plus compliqué…
À titre de comparaison, le nombre de ventes de logements
anciens avait chuté de 810 000 en 2007 (après un record de 829 000
en 2005) à 673 000 en 2008 et 594 000 en 2009 avant de bondir à
784 000 en 2010.
La baisse que nous vivons aujourd’hui a ceci de remarquable que
celle qui a eu lieu en 2008 était directement imputable à la
crise des subprimes mais surtout à une forte
envolée des taux d’intérêts à
l’époque, puisque les banques ne se prêtaient plus entres
elles… C’est après que le monde a été inondé
de liquidités par les banquiers centraux.
Aujourd’hui, tout va mieux que bien, les taux sont au plus bas,
le contexte économique nettement moins « fin-du -mondiste », et même les Bourses
montent… et pourtant la chute du nombre de transactions est bien plus
violente qu’en 2008 où les raisons économiques pouvaient
le justifier.
Mais ce n’est pas grave, notre bon Monsieur Buet
(le Président de la FNAIM) a eu ces paroles remarquables
aujourd’hui :
« Nous n'étions pas dans une bulle
spéculative et les prix ne vont pas s'effondrer, notamment du fait de
la pénurie de logements et des taux d'intérêts des
emprunts immobiliers qui sont à un plancher historique (3,23 %).
La Fédération prévoit une stabilisation des prix
en 2013 et au maximum une baisse de 2 % par rapport à 2012.
Le volume des transactions devrait encore diminuer, peut-être
jusqu'à 600 000, et des "agences devront réduire la
voilure et certaines mettre la clé sous la porte". »
C’est beau l’optimisme béat… Je
n’arriverai jamais à m’y faire.
Ma petite
recette patrimoniale 2013 à propos de l’immobilier justement
C’est le moment de vendre votre immobilier très cher en
ville (surtout en Île-de-France) pour acheter une maison à la
campagne pour laquelle vous ferez une proposition 40 % en dessous du prix
affiché en vitrine (cela fonctionne figurez-vous et j’ai
plusieurs exemples, et non, la Promenade des Anglais à Cannes
n’est pas considérée comme la campagne). Prévoyez
un immense potager… heu pardon jardin.
Ensuite, placez 60 % de la somme qu’il vous reste en or. Pour
les 40 %, évitez juste les actions, les obligations et
l’assurance vie (c’est-à-dire à peu près
tout ce qui existe). Un compte courant rémunéré est la
moins mauvaise idée et soyez prêt à tout moment à
racheter encore plus d’or.
Laissez reposer la crise pendant encore deux à trois ans.
Dans 2 ans, lorsque vous aurez bénéficié
d’un plan de sauvegarde de l’emploi comme 50 % de la population
française, partez vous installer dans votre
maison de campagne et profitez sans modération des légumes
frais que vous procure votre potager planté en 2013. (Ça
c’est du rendement !!)
Attendez encore deux ans. Revendez votre or au double de ce que vous
l’avez acheté.
Rentrez dans l’une des rares agences immobilières qui
aura survécu à la crise. Achetez-y une dizaine
d’appartements dans l’un des beaux quartiers de la capitale car
ils auront perdu environ 40 à 50 % de leur valeur.
Vous voilà riche.
Voilà, voilà, ah oui, j’oubliais, dans cette
recette il faut prévoir de convaincre votre femme de quitter le
confort de la ville et sa vie citadine pour rejoindre la campagne rustique et
éloignée de tout, en lui faisant revendre l’appartement
qu’elle a aménagé avec amour depuis plusieurs
années et qui lui va très bien car proche de toutes ses copines…
Pour le moment j’en suis là… Je ne suis pas
prêt d’être riche. Dernière remarque : ne
spéculez pas sur votre résidence principale, mais
intellectuellement l’exercice était tentant !! …
Après si vous voulez changer de vie… c’est sans doute le
moment !
Charles
SANNAT
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
PS: Le Contrarien Matin va évoluer
dans les prochains jours pour répondre à vos attentes et aux
commentaires toujours constructifs et sympathiques que vous avez pu nous
faire. Je vous tiendrais au courant dans les numéros suivants.
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