Une
seule et même analyse fait l’unanimité parmi les
éditorialistes : c’est l’évolution de la situation
de l’économie en France et en Europe qui fera du mandat
présidentiel de François Hollande une réussite ou un
échec.
Une
série de sondages réalisés de novembre à avril
2012 par Ipsos pour la Fondation pour l’innovation politique indique
que le pouvoir d’achat (61%), la crise économique et financière
(56%), le chômage (47%), les déficits publics (36%), les
retraites (35%) et la fiscalité (31%) sont les principales
préoccupations des Français.
Les
défis que doit relever le nouveau président sont en effet de
taille et il est difficile de croire qu’il sortira le pays de
l’ornière. Le peut-il seulement ?
Et
si tous ces dangers n’étaient pas les plus pertinents ?
Les
questions de politique étrangère n’ont pas
été abordées de manière conséquente
pendant la campagne électorale. Selon la série de sondages cités
plus haut, seuls 36% des électeurs estiment que François
Hollande pourrait gérer une crise diplomatique et militaire
internationale, contre 61% pour Nicolas Sarkozy.
Les
traders décrivent quelquefois l’état du marché
comme “risk on” ou “risk off”. Lorsque les risques sont “off”,
les investisseurs sont plus enclins à saisir les opportunités
qui sont perçues comme incertaines, dans l'espoir de maximiser leurs
rendements. Lorsque les risques sont “on”, les investisseurs sont
plus réticents et recherchent les valeurs refuges où ils
peuvent sauvegarder leurs actifs le temps que l’orage passe.
Le
problème est que, d’une certaine façon, cette dichotomie
n’a plus cours dans la situation actuelle où la crise
s’éternise dans un climat de complexité et de
volatilité croissantes. Les risques sont désormais constamment
“on”. Les anciens refuges – comme par exemple la zone euro
- n'offrent plus ni sécurité ni stabilité.
Voici
dix événements mondiaux – certains étant
sous-estimés – qui pourraient changer le cours du mandat de
François Hollande et faire perdurer ou aggraver le climat actuel de
crise et d’instabilité.
10)
Implosion du régime en Corée du Nord : l’installation
étonnamment aisée du nouveau leader Kim Jong-un
n’était qu’une façade. À la faveur
d’un incident interne, le régime militaire se fracture
ouvertement et une faction tente de prendre le contrôle des armes nucléaires.
9)
L’économie n’en finit pas de flancher aux
États-Unis et la faillite de grandes entreprises, couplée
à une catastrophe naturelle ou criminelle de grande ampleur,
amène des conséquences désastreuses pour le pays et la
croissance mondiale.
8)
Un attentat terroriste contre un navire pétrolier ou gazier rend
impraticable le détroit de Malacca, le détroit de Singapour ou
le golfe d’Aden, paralysant la moitié du commerce international
pendant plusieurs jours et en augmentant durablement les coûts, cela
ayant de graves répercussions sur les chaines logistiques
internationales.
7)
Un soulèvement populaire se produit en Arabie saoudite, provoquant un
choc pétrolier, une flambée de terrorisme et modifiant
brutalement et durablement l’équilibre des puissances au
Moyen-Orient.
6)
Le conflit latent en mer de Chine méridionale éclate pour de
bon, opposant l’ASEAN à un État chinois
développant une posture nationaliste permettant au régime de
redonner une légitimité à son autoritarisme.
5)
Plusieurs factions opposées tentent de capturer l’État
pakistanais, entraînant la désintégration des
institutions civiles et militaires du pays et l'éruption d’une
violence politique généralisée dans un contexte de peur
nucléaire internationale.
4)
Un mécontentement populaire grandissant et une vague d’attentats
taillent le chemin d’hommes autoritaires au sein du nouveau
gouvernement russe, mettant en péril la stabilité et les
investissements étrangers dans le pays.
3)
Passée un certain seuil, la crise des dettes publiques de la zone euro
empire brutalement, menaçant la cohésion structurelle de
l'ensemble du projet européen, provoquant l’effondrement
économique des États-providence du continent et –
pourquoi pas – l’aventurisme politique.
2)
Une guerre par procuration éclate entre l’Iran, l’Arabie saoudite
et Israël, modifiant les calculs géopolitiques dans toute la
région et attisant les tensions entre les plus grands acteurs
internationaux.
1)
Un fort ralentissement de l’économie chinoise devient le
catalyseur d’une érosion politique et sociale, faisant plonger
l’économie mondiale en récession.
Les
deux priorités du mandat du nouveau président de la République
française sont la justice et l’éducation. Mais, on le
voit, il se pourrait que le reste du monde ait d’autres projets pour
lui.
|