Au début des années 2000,
Alan Greenspan s’est inquiété de la déflation. Il a donc demandé conseil à
Ben Bernanke, l’expert autoproclamé de la Grande dépression, venu de
Princeton. L’idée était qu’avec Bernanke à ses côtés, Greenspan puisse
empêcher la déflation de s’abattre sur les Etats-Unis. L’un des premiers
discours de Bernanke était en effet intitulé Déflation : comment nous
assurer à ce qu’elle ne se développe pas chez nous.
Les Etats-Unis ont
brièvement fait l’expérience d’une déflation entre 2007 et le début 2009.
Pour y faire face, le gouverneur de la Fed, Ben Bernanke, a imprimé des
quantités sans précédent de nouvelle monnaie. Souvenez-vous que Bernanke se
dit être un expert de la Grande dépression, et que son souci premier est que
les Etats-Unis ne traversent jamais de nouvelles années 30.
Janet Yellen,
gouvernante actuelle de la Fed, est faite de la même étoffe que Bernanke. Et
ses efforts (comme ceux de Bernanke) ont donné vie au Congrès le plus fiscalement
irresponsable de l’Histoire ainsi qu’à un environnement presqu’identique à
celui des années 1920.
Revenons un peu en
arrière…
Dans les années 1920, l’Europe
était majoritairement en banqueroute en raison des retombées de la grande
guerre. L’Allemagne était complètement insolvable, sous le poids des
réparations de guerres imposées par le Traité de Versailles. Souvenez-vous qu’à
l’époque, l’Allemagne était la deuxième plus grosse économise mondiale (les
Etats-Unis étaient en tête, puis venaient l’Allemagne et le Royaume-Uni).
L’Allemagne a tenté de
faire face à l’implosion économique causée par la première guerre en
élargissant ses dépenses sociales : les dépenses sociales par habitant
sont passées de 20,5 marks en 1913 à 65 marks en 1929.
Comme le pays n’avait
plus d’argent, les revenus et les taxes sont restés assez peu élevés, ce qui
a forcé l’Allemagne à enregistrer de lourds déficits. A mesure que sa dette
gonflait, le pays a dû faire baisser les taux d’intérêt et imprimer de la
monnaie dans l’espoir de faire disparaître sa dette par l’inflation.
Alors que le pays
avançait vers un défaut, les Etats-Unis et certaines banques lui ont prêté de
l’argent et ont fait tout leur possible pour empêcher un défaut. En
conséquence de cette décision et de la puissance économique des Etats-Unis
par rapport à l’Europe, du capital s’est déplacé depuis l’Europe vers les
Etats-Unis.
Une énorme bulle sur les
actions en est née. Depuis son développement initial en 1921 jusqu’à son
sommet en 1929, les actions ont grimpé de 400%. La situation était devenue si
incontrôlable que la Fed a fait grimper les taux d’intérêt pour décourager la
spéculation.
La bulle a fini par
éclater, et les actions ont perdu 90% de leur valeur en seulement deux ans.
L’environnement d’aujourd’hui
est presqu’identique, mais pour d’autres raisons. La BCE a d’abord porté les
taux d’intérêt en-dessous de zéro en juin 2014. Depuis cette date, du capital
a fui l’Europe et s’est déplacé vers les Etats-Unis parce que les intérêts y
sont encore positifs, et que les Etats-Unis continuent d’être perçus comme un
havre de sécurité en raison de leur économie prétendument en pleine forme.
Ce processus s’est
accéléré en 2015.
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A l’échelle
globale, les taux d’intérêt ont subi vingt baisses en seulement deux mois.
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Les taux d’intérêt ont atteint leur record à la baisse en Australie, au
Canada, en Suisse, en Russie et en Inde.
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Bon nombre de ces baisses de taux ont entraîné des taux négatifs, notamment
en Europe (Danemark, Suède et Suisse).
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La BCE et la Banque du Japon se sont tous deux lancés dans des programmes de
QE pour porter les taux plus bas encore.
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Sept des dix plus grosses économies du monde ont un programme de QE en cours.
Parce que les Etats-Unis
sont neutres, de la monnaie a afflué vers le pays. Une grande partie de ces
flux sont redirigés vers les appartements de luxe (notamment à LA et New
York), ainsi que vers les actions et le dollar.
En conséquence, le
marché boursier américain enregistre aujourd’hui des valeurs dignes de la
bulle de 1929, avec un CAPE de 27,34 (il était en 1929 d’un peu plus de 30).
Un nouvel effondrement
approche… et les investisseurs devraient s’y préparer dès aujourd’hui.
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