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De récentes données économiques ayant
été publiées aux Etats-Unis, notamment au sujet de la
baisse du taux de chômage et de la rapide expansion des crédits
à la consommation, suggèrent que l’économie
Américaine est finalement en voie de guérison. Des conclusions
des plus négatives sont en revanche publiées au sujet de
l’Europe, suggérant une nouvelle vague de récession. Il
n’est donc pas surprenant que le dollar ait récemment atteint un
record sur plusieurs années par rapport à l’euro. La
force du dollar est bien souvent citée pour prouver de
l’amélioration de l’économie des Etats-Unis.
Cependant, en observant quelques autres données, il est
extrêmement aisé que de déterminer que l’économie
des Etats-Unis est encore actuellement sous assistance respiratoire. Il est
de mon avis que le dollar soit actuellement apprécié pour des
raisons qui n’aient rien à voir avec l’état de
santé économique des Etats-Unis.
La crise Européenne actuelle est incontestablement
le point central du cirque économique actuel. Etant donné les
difficultés quant à imposer des politiques uniques à des
pays aux intérêts divergents, les négociations en Europe ont
des airs de brouhahas infructueux, conduits sous les regards des
médias du monde entier. La situation Européenne a
détourné les regards des problèmes des Etats-Unis, qui
sont de pour nombreuses raisons bien plus graves que ceux de l’Europe.
La possibilité pour l’Amérique d’imprimer la devise
de référence mondiale comme bon lui semble, ainsi que la
politique homogène semblant lier l’Administration à la
Fed, signifient que les Etats-Unis ont eu la possibilité de fermer les
yeux sur les problèmes que l’Europe est aujourd’hui
forcée de confronter. Ce calme relatif a été pris pour
une reprise, et le dollar est à nouveau aperçu comme une devise
pouvant protéger de la crise.
Le fait que le dollar soit aperçu comme
étant un havre financier a des effets dignes d’une
prophétie. Les investisseurs fuient l’euro et se ruent sur le
dollar. La valeur du dollar augmente afin de refléter au mieux la
demande. Cette augmentation de la valeur du dollar conforte les investisseurs
et attire de plus en plus d’acheteurs à la recherche de profits.
Qu’ils en profitent tant que ça dure…
La plupart des achats de dollars en tant que valeur de
refuge sont fait par l’intermédiaire de bons du Trésor,
avec pour résultat que les taux d’intérêts aux
Etats-Unis sont bien inférieurs à ce qu’ils seraient sans
ce flux entrant de liquidités. Pour dire les choses objectivement, les
Etats-Unis et l’Italie ont des profils d’endettement similaires.
Cependant, les taux d’intérêts à Washington sont
600 point inférieurs à ceux de Rome. Cela signifie que les
Américains peuvent emprunter et dépenser bien plus que les
Italiens. Les conséquences de cette consommation financée par
la dette sont une diminution du taux de chômage et une hausse du PIB.
Cet impact économique positif rend le dollar encore plus attirant,
permettant au cycle de se poursuivre.
Si les taux d’intérêts en Italie (ou en
Espagne) étaient aussi bas que ce qu’ils étaient il y a
deux ans, alors ces pays ne
feraient pas face à des problèmes tels que ceux qu’ils
rencontrent aujourd’hui. Leurs coûts d’emprunt
n’auraient jamais augmenté, et leurs budgets seraient encore
gérables. Des taux d’intérêts plus
élevées aux Etats-Unis donneraient des airs lugubres à
l’économie des Etats-Unis. Imaginez ce qu’il se passerait
si les taux étaient juste 200 points plus élevés…
Les consommateurs, les propriétaires fonciers, les entreprises et les
gouvernements sont dépendants des financements peu chers. Aussi
mauvaises que soient les choses en Europe, elles pourraient être bien
pires.
En d’autres termes, contrairement à ce que
l’on pourrait penser, les problèmes Européens sont
bénéfiques à l’économie des Etats-Unis
– du moins sur le court terme. Sur le long terme, emprunter et
dépenser plus de monnaie afin de financer la consommation et les
achats d’encre rouge du gouvernement n’aidera pas les Etats-Unis
à conserver des bilans soutenables. Si les flux entrants sur le
marché du dollar venaient à s’inverser (à la suite
d’une amélioration de la situation en Europe), le dollar
s’effondrerait, les taux d’intérêts et
l’indice des prix à la consommation augmenteraient, et
l’économie des Etats-Unis filerait tout droit vers la
récession. La seule ‘bonne nouvelle’ pour les Etats-Unis
est qu’une amélioration des choses sur le territoire
Européen soit pour le moment très peu probable.
Tous les cycles vertueux se nourrissant d’eux-mêmes
sont susceptibles de prendre brutalement fin. Lorsque la
réalité montre son affreux visage, les résultats peuvent
être des plus vicieux. C’est ce qu’il s’est produit
avec les actions dot-com, avec le marché de
l’immobilier, et c’est ce qu’il se produira avec le dollar.
Même si l’Europe ne parvenait pas à se relever, la mort du
dollar finira tout de même par arriver. La triste
réalité, c’est que plus cela prendra de temps, plus dur
sera la chute, et plus importante sera la dette à prendre en considération.
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