Il y a quelques
jours, j'exposai le
mécanisme vertueux selon lequel les
délocalisations permettaient de dégager des marges
financières qui à leur tour rendaient possible la
création d'emplois à haute valeur ajoutée chez nous,
dans un long article qui me valut quelques mels
désobligeants, m'interpelant en substance ainsi : "Comment osez vous
dire que les délocalisations sont positives" ?
L'idée selon laquelle la perte d'emplois de cols bleus est une
blessure irréparable pour nos économies est solidement
ancrée dans les esprits.
Alex Singleton,
du Globalisation
Institute, illustre, par un exemple anecdotique mais
concret, les avantages d'une division internationale
transversale du travail :
Audio Partnership plc moved production to Asia while
creating high-wage research and development jobs in the UK. The lower cost of
manufacturing frees up money for research and development, making future
generations of product more competitive and keeping the business sustainable.
This is an excellent example of a European company properly taking advantage
of globalisation.
Trade unions don't like it when
companies offshore production. They seem to want a Europe that lives in the
past, where workers are doing jobs that have become commoditised.
The simple fact is that we Europeans cannot rely on commodity manufacturing
jobs. Those jobs do not pay enough. Instead, we should allow specialisation throughout the world economy, creating
high-wage jobs here and allowing those who place more value on commodity jobs
to take them. Far from being squeamish about offshoring,
policymakers should welcome it as an essential part of creating new and
better jobs in Europe.
Traduction de la
dernière phrase: "les
politiciens devraient se réjouir des délocalisations comme un
élément essentiel pour la création d'emplois nouveaux et
meilleurs (ndVB: Mieux
payés) en
Europe"
Evidemment, cela
suppose que nous créions un cadre législatif et fiscal propre
à susciter la formation de ces emplois à haute valeur
ajoutée chez nous. Vu la décrépitude de notre
système universitaire, que la qualité de nos grandes
écoles, trop petites en taille, ne parvient pas à masquer, vu
les kilotonnes de réglementations que la France et l'UE imposent
à leurs entrepreneurs, et vu la fiscalité marginale
délirante imposée à ceux qui réussissent, nous
n'en prenons pas le chemin.
Le
problème de la reconversion des emplois de cols bleus perdus est bien
réel. Mais si nous arrivons à créer en bien plus grande
quantité qu'aujourd'hui sur notre sol des emplois très bien
rémunérés, qui retiennent au pays la part croissante des
meilleurs étudiants qui, aujourd'hui, partent réussir ailleurs,
alors nous créerons aussi, par un effet de percolation de la richesse,
des nouveaux emplois dans les services, les commerces, et même... dans
des industries à très forte valeur ajoutée, les emplois
nécessaires à la reconversion de ceux dont l'emploi industriel
"ancien" est de toute façon voué soit à
disparaître, soit à se transformer grandement.
Se battre avec
l'argent public pour "sauver Gandrange", c'est se battre contre la
création de ces emplois d'avenir.
Vincent
Bénard
Objectif Liberte.fr
Egalement par Vincent Bénard
Vincent Bénard, ingénieur
et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow
de Turgot (Paris, www.turgot.org), deux thinks
tanks francophones dédiés à la diffusion de la
pensée libérale. Spécialiste d'aménagement du
territoire, Il est l'auteur d'une analyse iconoclaste des politiques du
logement en France, "Logement,
crise publique, remèdes privés", ouvrage publié
fin 2007 et qui conserve toute son acuité (amazon),
où il montre que non seulement l'état déverse des
milliards sur le logement en pure perte, mais que de mauvais choix publics
sont directement à l'origine de la crise. Au pays de l'état
tout puissant, il ose proposer des remèdes fondés sur les
mécanismes de marché pour y remédier.
Il est l'auteur du blog "Objectif
Liberté" www.objectifliberte.fr
Publications :
"Logement: crise publique,
remèdes privés", dec
2007, Editions Romillat
Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république,
bâtir l'administration en réseau autour du citoyen", 2003, La
doc française, avec Pierre de la Coste
Publié avec
l’aimable autorisation de Vincent Bénard – Tous droits
réservés par Vincent Bénard.
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