Dave, de chez Golden Truth, m’a
fait part d’une citation intéressante tirée d’un article d’Eric Sprott intitulé Caveat Depositor,
qui « pourrait » expliquer pourquoi des pays comme la
Nouvelle-Zélande et le Canada se tournent lentement vers la saisie des dépôts
bancaires pour recapitaliser les banques en faillite.
‘Lorsqu’une banque présente un risque, la première
question à poser est la suivante : ‘Qu’est-ce que vous, la banque,
prévoyez de faire pour régler le problème ? Que pouvez-vous faire pour
vous recapitaliser ?’ Si la banque ne peut rien faire, alors il faut se
tourner vers les détenteurs d’actions et d’obligations, et si nécessaire vers
les détenteurs de dépôts non-assurés, et leur demander : ‘Que
pouvez-vous faire pour sauver vos propres banques ?’’.
Jeroen Dijsselbloem, 26 mars 2013
Selon Dave, ce mode opératoire aurait déjà été discuté et
approuvé par le G20.
‘Parce que l’utilisation de plans de sauvetages financés
par les contribuables a de fortes chances de ne pas être toléré par le
public, un nouveau système de sauvetage a dû être avancé. Et il se trouve que
ce nouveau modèle est basé sur un
accord pensé par un sous-comité de la BRI et approuvé par le G20 lors de son
sommet de 2011.
Pour ceux d’entre vous qui ne le savent pas, la BRI est la
banque centrale de toutes les banques centrales. Elle est l’institution
financière la plus puissante qui soit.
Une copie de cet accord est disponible ici.
…l’accord spécifie clairement l’arrêt des plans de
sauvetages financés par les contribuables. Il fait également référence aux
dépôts bancaires qui excèdent les limites garanties par le gouvernement par
les termes ‘créditeurs non-assurés’. Il s’agit là du modèle standard de
banqueroute qui utilise la hiérarchie des créditeurs (prêteurs assurés,
prêteurs non-assurés, actions privilégiées, actions) et l’applique au
sauvetage des banques.
C’est un point qu’il est très important de connaître et de
comprendre, parce que les ‘bail-in’ (et non ‘bail-out’) dont on entend parler
à Chypre sont en réalité basés sur un modèle de sauvetage bancaire qui a été
ratifié il y a près de deux ans. Cela signifie que tous les dépôts qui
excèdent les limites garanties par le gouvernement, quels que soient la
banque et le pays dans lesquels ils se trouvent, peuvent être considérés
comme une dette non-assurée si une banque fait faillite et doit être
restructurée.
Parce qu’il s’agit d’un accord central qui sera appliqué globalement,
les déposants des banques des Etats-Unis ne seront pas non plus protégés
contre ce mécanisme de sauvetage. Cela signifie que personne ne devrait jamais
placer auprès d’une banque plus d’argent que la limite garantie par le FDIC.
Je vous recommande de ne conserver auprès de votre banque que l’argent dont
vous avez besoin pour couvrir vos factures pour une durée d’un à quatre mois.
Tout dépôt qui excède les limites de garanties fixées par le FDIC est exposé
au risque de banqueroute’.
Vous pourrez lire l’article entier sur le blog de Dave, Golden Truth.
Si l’interprétation
que fait Dave de ce document s’avère correcte, à moins que l’administration
ne spécifie le contraire, ce sera là la solution adoptée pour répondre aux
prochaines faillites bancaires dans les pays du G20, dont les Etats-Unis,
l’Allemagne, la France, l’Italie et la Grande-Bretagne. Cela pourrait
expliquer pourquoi des projets de saisie des dépôts bancaires ont été
discutés dans de nombreux pays.
Je serai en
désaccord avec ceux qui soutiennent que cela n’est pas possible et que Chypre
n’est qu’un cas à part en raison de la manière dont ses banques étaient
capitalisées. Dans l’éventualité d’un effondrement des produits dérivés,
aucune structure de capital ne pourra résister, et aucune banque ne pourra
maintenir ses bilans dans le même temps qu’elle spécule sur des effets de
levier.
Je n’ai pas
envie de sonner l’alarme, mais cette information additionnelle a transformé
ma façon de voir les choses. La monnaie n’est plus de la monnaie, et les
dépôts ne sont plus les dépôts que l’on s’imaginait dans ce monde financier
opaque qu’est le nôtre.
Toutes mes félicitations. Vous pouvez être un créditeur
non-assuré auprès de votre Too-Big-To-Fail
locale si vous y avez ouvert un compte de dépôt, que ce soit directement ou
indirectement. Vous dites que vous avez de l’argent auprès d’un fonds de
pension et un RRSP auprès d’X banque ? Oups, cet argent est en fait un
dépôt auprès de la banque de je-ne-sais-qui. Vous
dites que vous avez de l’argent sur un compte de courtage ? Oups, il est
placé auprès de la banque Too-Big-To-Fail
de votre maison de courtage. Vous vous souvenez de MF Global ?
Qui peut dire jusqu’où cela peut aller ? Le système
financier et la structure des marchés actuels sont truffés de risques
intrinsèques, de fraudes et de dangers. Jim Chanos
explique que la fraude est si répandue qu’il devient une responsabilité
fiduciaire de violer les règles. Pas étonnant que tout le monde soit à bout
de nerfs. Les ploutocrates sont allés trop loin et se sont tant détachés du
monde réel qu’ils ne s’en sont pas encore rendus
compte. Et lorsqu’ils se réveilleront, ce sera une surprise pour beaucoup.
A mes correspondants qui m’ont dit avoir discuté avec
leurs élus à ce sujet et reçu des paroles rassurantes, laissez-moi vous dire
que je ne pense pas qu’ils soient au courant de cet accord international
ratifié par les Etats-Unis. Ce n’était pas mon cas non plus.
Et si vous pensez que ces élus feront entendre leur voix
contre toute tentative de vous prendre votre dépôt bancaire en cas de
situation d’urgence, souvenez-vous de la vitesse à laquelle le Congrès s’est
plié au TARP et à la question de Chypre.
Bienvenue au plus profond de l’abysse.