Une rapide inflation de la
masse monétaire – disons de l’ordre de 10% par an –
pourrait se maintenir pendant un certain temps avant de déboucher sur
ce que l’on appelle une hyperinflation. En effet, un certain
état psychologique général doit être
présent pour que l’on puisse parler d’hyperinflation. Par
ailleurs, l’hyperinflation
ne résulte pas uniquement de facteurs psychologiques. Elle doit
également être couplée à une augmentation rapide
et soutenue de la masse monétaire.
Afin d’expliquer cela
plus en profondeur, disons que la masse monétaire d’une
économie donnée augmente d’environ 10% par an durant
plusieurs années, débouchant sur une diminution moyenne
annuelle du pouvoir d’achat de 8% par an. Sous des circonstances
normales, la diminution sur le long terme du pouvoir d’achat
d’une monnaie est inférieure au taux d’inflation annuel du
fait des effets de l’augmentation de la productivité et de la
population.
Une proportion importante de la
population de cette économie vient alors à penser que
l’inflation ne finira jamais, et que la pouvoir d’achat de son
épargne aura une valeur inférieure dans la
futur à sa valeur actuelle. Ces gens réagissent en
dépensant immédiatement l’argent qu’ils gagnent ou
reçoivent. Cette demande
de biens supplémentaires provoque une augmentation des prix, ce qui
entraîne une accélération de la réduction du
pouvoir d’achat de la monnaie. La vitesse à laquelle les prix
augmentent entraîne alors une généralisation de
l’idée l’inflation dans la population et accentue encore le
désir de dépenser plutôt que d’épargner. En
d’autres termes, un cercle vicieux s’installe, au cours duquel
les rapides hausses de prix poussent les gens à dépenser plus,
augmentant ainsi à nouveau les prix, et ainsi de suite. C’est ce
que l’on appelle hyperinflation.
La possibilité
qu’un changement psychologique puisse accélérer la
vitesse à laquelle une monnaie perd son pouvoir d’achat est la
raison pour laquelle les banquiers centraux dépensent tant de temps et
d’énergie à gérer les anticipations inflationnistes.
En effet, sans cette perception psychologique de la dégradation du
pouvoir d’achat de la monnaie, l’inflation ne pourrait pas se
transformer en hyperinflation. Tout au long du processus inflationniste
décrit plus haut, les banques centrales pourraient mettre fin à
la spirale de l’augmentation des prix avant même que se déclanche ce facteur psychologique, en cessant
simplement de faire croitre la masse monétaire.
Considérez ceci :
si les prix augmentaient rapidement au sein d’une économie, des
quantités sans cesse croissantes de monnaie seraient nécessaires
pour permettre aux transactions de se réaliser. En d’autres
termes, la demande de monnaie serait en très forte hausse. Non pas la
demande monétaire en tant que réserve temporaire de pouvoir
d’achat, ou épargne, mais en tant que moyen de transaction.
Imaginons désormais ce
qu’il se produirait si une augmentation de la demande de monnaie n’était pas
complétée par une augmentation de la masse monétaire. La
résultante serait une pénurie de monnaie, dont une augmentation
de son prix, ce qui revient à dire une augmentation de son pouvoir d’achat
afin de rétablir la balance entre l’offre et la demande. En d’autres
termes, le prix des biens et des services baisseraient.
Si l’on observe les
phénomènes d’hyperinflation au cours de l’Histoire,
nous pouvons voir que dès que l’augmentation des prix
débouche sur une pénurie monétaire, la banque centrale
prend la décision de faire croitre la masse monétaire. En d’autres
termes, ce sont les banques centrales qui nourrissent le processus
d’inflation. Elles pourraient parfaitement y mettre fin à tout
moment en arrêtant d’imprimer de la monnaie, mais l’histoire
montre qu’elles trouvent plus logique de répondre à ce
besoin monétaire par l’impression de billets de banque ou l’accroissement
du crédit.
L’hyperinflation
nécessite non seulement une croissance substantielle de la masse
monétaire, mais également une spirale d’augmentation des
prix sur une longue période.
Pour résumer cela, nous
pouvons dire que l’hyperinflation n’est pas un
phénomène purement psychologique. Elle est également
étroitement liée aux changements en termes de masse
monétaire, sachant qu’il est impossible de déterminer
quelles quantités d’inflation monétaire sont
nécessaires à entraîner ces changements psychologiques
qui transformeront l’inflation en hyperinflation.
L’inflation a donc deux
composants liés et essentiels : l’inflation de la masse
monétaire et la prise en compte par le marché que l’inflation
qui en résulte continuera sur le long terme.
Steve Saville
www.speculative-investor.com
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