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Martine Aubry
nous a enfin expliqué à quoi servait les dimanches. Cela fait presque 2000
ans que nous nous demandons pourquoi nous devons nous arrêter de travailler
le septième jour de la semaine. Maintenant nous savons pourquoi ! Martine
nous l’a dit dans une tribune publiée dans Le Monde du 10 décembre,
elle nous a enfin éclairé, elle nous a dit ce qu’il fallait penser : « Le
dimanche doit être un temps réservé pour soi et pour les autres. C’est un
moment précieux qui doit être consacré à la famille et aux amis, à la vie
associative, à la culture et au sport… Valorisons l’être, plutôt que le tout
avoir. Gardons du temps pour penser, respirer et vivre. »
Par deux fois,
elle a dit « doit être » : il n’y a donc pas à discuter ! Elle nous apporte
une lumière définitive et incontestable.
Merci Martine,
sans vous, nous étions dans les ténèbres du libéralisme ! Nous étions prêts à
croire que nous pouvions travailler quand bon nous semblait pour gagner de
l’argent et nous reposer n’importe quel autre jour de la semaine… Sans vous,
nous aurions fait un mauvais usage de notre liberté individuelle. Nous savons
maintenant cette vérité intangible, collective et de gauche : le dimanche, on
doit se reposer, penser, respirer, vivre… (et les autres jours de la semaine
que fait-on ?...).
Mais au fait,
pourquoi cette crispation sur le dimanche de la part de la gauche ? Pourquoi
ce jour-là précisément ? Dans ce paragraphe lyrique et presque émouvant, on
s’étonne que Martine Aubry, infidèle aux convictions chrétiennes de son père
Jacques Delors, ne rappelle pas non plus que, dans les sociétés chrétiennes,
le dimanche est le jour consacré à Dieu, un jour d’obligation pour les
chrétiens de se rendre à la messe. C’est d’ailleurs à l’origine l’unique
raison pour laquelle ce jour-là est celui du repos en Occident. Mais le
silence de Martine Aubry sur ce point est strictement politique : le repos
dominical ne peut être que syndical, laïcité oblige.
Laïcité
justement, venons-en à cette suprême contradiction. S’accrocher ainsi au «
dimanche » comme jour de repos obligatoire est une absurdité : le dimanche a
une connotation religieuse. Dans un système laïc à la française, Martine
Aubry devrait faire fi de ce reliquat de société chrétienne et devrait être
une vraie force de proposition. Alors, dans un élan de solidarité
républicaine, aidons-là à aller au bout de son système de pensée et à assumer
ses convictions profondes car il semble qu’elle n’ose pas le faire.
Il est
étonnant, en effet, que Martine Aubry, ainsi que tous les tenants de la
pensée égalitaire et obligatoire, n’aient pas encore proposé le retour au
calendrier républicain créé par Fabre d’Églantine lors de la Révolution de
1789. Dans ce calendrier, tous les mois portaient de nouveaux noms (prairial,
thermidor, ventôse, brumaire…) et étaient tous égaux en ayant chacun 30
jours. Ils étaient ainsi divisés en 3 décades, c’est-à-dire en semaine de 10
jours soit 9 jours de travail et 1 jour de repos. Et lorsque les 12 mois de
30 jours s’étaient écoulés (360 jours), ils restaient 5 jours en fin d’année
(6 les années bissextiles) qui avaient été regroupés et nommés les «
sans-culottides ».
Ce calendrier
au parfum si égalitaire et révolutionnaire aurait de quoi enchanter les
promoteurs de la liberté encadrée, de l’égalité imposée, de la fraternité
obligatoire : plus de référence religieuse, plus de dimanche car plus de
semaine de 7 jours, et surtout la mise en avant d’une exception culturelle
française qui devrait ravir les Aubry, Mélenchon et autres idéologues du même
acabit.
Un bémol
cependant à cette formidable égalité : une semaine de 10 jours, cela fait 9
jours de travail… on sent déjà la gêne chez les syndicats et la Gauche pour
qui il est impensable de faire travailler leurs travailleurs autant de jour
d’affilé.
Aucun
problème : il suffit d’adapter le calendrier républicain au progrès
social et aux droits acquis. Voici la solution : divisons par 2 la décade
républicaine, et nous aurons 4 jours de travail et 1 jour de repos. Nous
conservons ainsi la sacro-sainte égalité des mois et au lieu de la décade,
nous aurons la pentade… (de « penta » - cinq en grec - et à ne surtout
pas confondre avec le volatile si délicieux que l’on mange à Noël… oups
pardon, je devrais dire au premier jour de sans-culottide…).
Cette
réorganisation du temps n’est-elle pas la réponse parfaite à la question que
pose Martine Aubry : « dans quelle société voulons-nous vivre ? » Une société
égalitaire, laïque, débarrassée de tous les obscurantismes qui forcent le
repos soit le dimanche, soit le samedi, soit le vendredi, une société enfin
purifiée de toutes ces références religieuses, une société unifiée autour
d’un calendrier républicain qui ne laisse plus aucun choix… ah, on sent enfin
le vent de la liberté qui gonflera les voiles du progrès, on voit poindre à
l’horizon l’aube d’une nouvelle République dirigée par des leaders aussi
charismatiques que Martine Aubry… Alors plein d’espérance, le peuple français,
éclairé par cette tribune du 10 décembre, pose cette question essentielle : «
Martine, à quand la pentade républicaine ? »
Il faut noter
au passage que pendant ce temps-là la Chine est devenue la première puissance
économique mondiale… Au lieu d'une semaine républicaine de 5 jours, les
chinois ont une semaine de 365 jours... Mais ça, c'est un autre choix...
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