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A
la manière de l’entropie, les retombées négatives
de la technologie ne dorment jamais. Le techno-narcissisme du jour, que nous
retrouvons dans les efforts de l’Humanité de falsifier
l’univers, finiront par poinçonner notre billet aller simple
pour Palookaville.
Jusqu’à
présent, l’idée a été de créer une
importante inflation et d’exporter ses effets à nos partenaires
commerciaux pour nous retrouver ici, aux Etats-Unis, avec l’illusion
qu’il existe toujours plus de monnaie. Des prêts, pour des
maisons, des voitures, ou des frais de scolarité. En un mot : de
la dette. J’appellerai ce principe ‘économie à la Rainman’, parce qu’il ressemble de plus en
plus au comportement d’un être humain souffrant d’un
autisme sévère qui ne cesse d’accomplir des actions
obsessionnelles à répétition et qui ont souvent à
voir avec des nombres. L’économie à la Rainman, c’est la politique de la Réserve
Fédérale et, ultimement, du gouvernement de Mr. Obama.
Le
très suave Obama n’a aucune idée de ce qu’il se
passe – bien qu’il soit entouré de larbins chargés
de dossiers, de sages et de vizirs, de voyants quantitatifs la tête
plongée jusqu’au cou dans les entrailles du mouton
mathématique, et (toujours) d’un soldat solitaire selon lequel
le nucléaire est la réponse à toutes les questions. Mr
Obama ne sait pas que l’univers se dirige bien au-delà de la
techno-industrialisation – et je n’entends pas par-là les
orgasmes multiples de Ray Kurzweil. Là
où nous allons, aucune sonnerie de téléphone ne retenti,
et il ne reste pas même la moindre vergeture des Kardashian.
Quel
été angoissant. Les efforts coordonnés de
dévaluation de l’or – qui visent à maintenir la
réputation affaissée de la devise internationale –
n’ont eu pour effet que de chasser l’or des faibles mains de
l’Ouest vers la puissante poigne de l’Est, vers des pays qui, fût
un temps, nous considérions comme nos adversaires. La Chine et la
Russie ont empli leurs semi-remorques respectifs
auprès des entrepôts de lingots, et il ne se passera pas
longtemps avant que le yuan ou le rouble aient bien plus de
crédibilité que le dollar.
Il
y a dans ces guerres de devises trop de pions en mouvement pour que la
situation puisse sembler confortable. Paradoxalement, l’attitude des
Etats-Unis ne vise qu’à conserver un confort
non-mérité, un standard de vie qui n’est plus
gagné mais emprunté aux plus profondes des piscines de capital,
qui ne représentent rien de plus que le futur des espérances en
déclin. Profitez de votre télévision écran plat,
de vos parcs aquatiques, vos RV et vos Happy Meals
tant que vous le pourrez. Du sable s’est infiltré dans les
rouages qui ont rendu tout cela possible. Il est assez risqué de
dévaluer une devise pour en tirer un avantage stratégique dans
le même temps que de tenter de maintenir sa crédibilité.
L’avantage stratégique de la dévaluation est
qu’elle permet de dissiper le vol par l’endettement. Mais ce
stratagème ne fonctionne plus aux Etats-Unis, parce que trop
d’autres joueurs tentent désormais le même coup, et ce
avec si peu de tact que tout autour du monde, les gens se débarrassent
de leurs devises pour se réfugier vers le dollar. Le produit de ce
stratagème n’est pas la prospérité mais
l’instabilité. C’est la dernière chose que veulent
les économies, et ce même si les joueurs des marchés
financiers parviennent à l’arbitrer à leur avantage.
L’instabilité
mène à l’incertitude, particulièrement pour ce qui
concerne la valeur relative des devises. Pour le moment, ceux qui
détiennent des devises en déclin tentent de se réfugier
sur un dollar qui paraît plus fort sur les marchés. De nombreux
dollars supplémentaires ont été accumulés sur les
bilans de la Réserve Fédérale sous forme
d’obligations achetées à un rythme effréné
depuis 2009 – le seul piège est que ces obligations n’ont
aucune valeur, notamment les créances immobilières. Les
nantissements ne sont rien de plus que des panneaux couverts de moisissure,
des piscines emplies d’algues et des centres commerciaux qui
n’hébergent généralement plus rien si ce
n’est boutique de perruques. La Fed ne sera jamais capable de se
débarrasser de ces ordures, même si elle s’acharne
à les couvrir de nouvelles. Les dollars que la Fed crée
à partir de rien sont pris au piège dans les eaux
fétides du capital destiné à n’aller nulle part,
encore moins vers des activités qui produisent du capital ou celles
qui nous permettront de demeurer civilisés.
L’air
est lourd en cet été détrempé, et il semblerait
que ce soit dû à une perte de confiance générale.
Dans un mois, à mesure que les nuits se feront fraîches et
qu’approchera la saison la plus sobre de toutes, lorsque l’air semblera
posséder un pouvoir grossissant, nous pourront enfin voir les choses
clairement. Les programmes de trading à
haute-fréquence sont efficaces quand il en vient à
détecter des écarts microscopiques dans des piscines digitales, mais ils
ne disposent pas de l’antenne sensorielle du cerveau humain pour faire
face à ce qu’il se passe au-delà des
mathématiques.
Je
me suis joint à mes compatriotes en ce weekend du 4 juillet, assis sur
un banc du parc national du Vermont. C’est un endroit destiné
aux familles. Les mères et pères semblaient en partance pour un
concours du meilleur tatouage et du plus gros mangeur. Tant de têtes de
mort, de représentations du Diable, de serpents, d’aigles, de
drapeaux et d’éclairs. Je suppose qu’ils accumulent ce
genre d’images afin de chasser un mal plus grand, de chasser les forces
métaphysiquement incohérentes qui patrouillent aux
frontières de ce à quoi la vie ressemble en cette nation de
rackets, d’escroqueries et de larmes. En dehors de cela, tout
était tranquille au bord du lac, les enfants grillant au soleil et les
parents chemin-faisant. Un enfant de peut-être trois ans est venu me
voir alors que je travaillais à mon bronzage allongé sur une
serviette. Il m’a demandé si j’étai mort. Je lui ai
dit que je ne l’étais pas encore. Derrière lui, une
tête de mort à l’encre rouge et bleue, joint au bec,
brillait au soleil sur le mollet de son père. Mon peuple. Mon pays.
Mon nouveau livre
ne manquera pas de vous faire rire. Vous pouvez vous en procurer un ici.
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