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Chapitre 4
de What Should Economics
Do ?(1979, Liberty
Press, Indianapolis)
Ce chapitre a été
initialement présenté lors d’un discours à la
conférence sur l’économie subjectiviste, à Dallas,
au Texas, en décembre 1976.
J’ai souvent dit que les
"Autrichiens" semblaient, pour une raison ou pour une autre, avoir
plus de succès à communiquer aux étudiants le principe
central de l’économie, comparés aux autres écoles,
enclaves ou approches. Ce thème comporte deux éléments.
D’abord, j’ai soutenu que notre plus important rôle social
était celui d’enseigner aux étudiants, plutôt que
de servir d’ingénieurs sociaux de substitution. Par ailleurs,
mon hypothèse dépend, bien entendu, d’une
définition de ce en quoi consiste exactement le principe central le
plus important de l’économie. Et ma position est bien claire
à ce sujet. Le principe qu’une
présentation de l’économie devrait transmettre
est celui de la coordination spontanée à laquelle parvient le
marché. Le principe central de l’économie n’est pas
le processus permettant de faire des économies. Ce n’est pas non
plus la maximisation de fonctions objectives soumises à des
contraintes : une fois que l’on s’est méthodologiquement
enfermé dans le paradigme de maximisation, l’économie
devient des mathématiques appliquées ou de l’ingénierie.
A ce sujet, laissez-moi vous racontez
une histoire. J’ai récemment discuté avec un
éminent économiste, qui signalait qu’un de ses
collègues avait dit avoir eu plusieurs conversations avec Jimmy
Carter, alors candidat à la présidence. Ce collègue lui
avait transmis son idée selon laquelle Carter était un
"bon analyste des systèmes," et mon ami avait ajouté,
plus ou moins après coup, et "par conséquent, un bon
économiste." Je lui avais rapidement et très
énergiquement répliqué, en disant que rien ne pouvait
être plus éloigné du "point de vue
économique," convenablement interprété, que celui
d’un analyste des systèmes. Ma grande crainte à propos de
Carter est justement qu’il est, en réalité, un bon
analyste des systèmes sans la plus faible compréhension du
principe de l’ordre spontané. Je dois ajouter, au crédit
de mon ami, que, lorsque je lui ai fait remarquer ce point, il
considéra immédiatement ma distinction comme pertinente. Mais,
à mon avis, il faut considérer comme un indice du degré
élevé de dégradation auquel notre discipline est
parvenue, le fait que nous puissions si rapidement et si naturellement
glisser vers le paradigme maximiser.
Ou peut-être que
"l’économie" doit-elle rester dans ce paradigme. On
pourrait offrir des arguments à ce sujet sur des bases
étymologiques. Je devrais peut-être suggérer ici que nous
avons besoin d’étudier et de promulguer quelque chose
d’autre que "l’économie."
Mais assez de méthodologie
générale, bien que je ne vais pas m’en éloigner
beaucoup de toute façon. Pour revenir plus précisément
à l’économie subjectiviste," mon hypothèse
est que ce type de théorie économique doit favoriser une
meilleure compréhension de la coordination spontanée.
J’ai néanmoins besoin de soutenir cette hypothèse par une
argumentation convaincante. Pourquoi le subjectiviste apprend-il et
accepte-t-il le principe de l’ordre spontané plus facilement que
l’objectiviste ? C’est parce que ce qu’il cherche à
expliquer et à comprendre est différent. Le subjectiviste
n’essaie pas d’expliquer, de façon positive ou normative,
l’allocation des ressources rares parmi les différents usages
possibles. Son objet n’est pas non plus décrit de façon
adéquate comme une théorie des prix. Ce qu’il
cherche à expliquer, c’est l’échange, conçu
au sens le plus large. Sa théorie est une "théorie de
l’échange," comme je l’ai soutenu à plusieurs
reprises, mais une théorie de l’échange de tout ce que
les personnes évaluent. Les aspects positifs de cette théorie
prennent la forme de prédictions sur les propriétés des
positions d’équilibre, potentiellement observables, au point de
vue du comportement, au travers de l’échange entre les parties.
Le subjectiviste prédit aussi, à nouveau de manière
positive, que les interférences avec le commerce ou
l’échange doivent créer des occasions
d’échanger qui resteront non consommées, et que
l’existence de telles occasions doit nécessairement se
refléter dans des problèmes de mise en application. Le
subjectiviste n’est pas prêt à accepter ce qui est
peut-être le sophisme le plus sophistiqué de la théorie
économique, à savoir la notion selon laquelle, parce que
certaines relations sont valables à l’équilibre, les
interférences forcées destinées à implanter ces
relations seraient en fait désirables. Dans des exemples de ce
sophisme comme "salaire égal pour travail égal,"
même l’une des étoiles du firmament subjectiviste, le
professeur Hayek, a perdu son chemin.
Mais laissez-moi être clair, et
équitable. Je ne suis pas en train de présenter une
créature imaginaire, appelée économie objectiviste, dans
le simple but de dire que son objet doive nécessairement et à
coup sûr conduire à l’ignorance et à la confusion,
et que le subjectiviste possède la seule clef vers la sagesse. (Je
peux m’étendre un peu là-dessus. Il me semble que
l’un des dangers de l’approche subjectiviste,
particulièrement dans sa variante purement autrichienne, est la
tendance à former une chapelle, où le converti parle uniquement
à d’autres convertis, en retirant
délibérément l’acceptation libre et ouverte des
notions subjectivistes par le monde environnant.) Une compréhension et
une appréciation du principe d’ordre (ou de coordination)
spontané peut sortir des citadelles mêmes de
l’objectivisme, et c’est souvent le cas. Après tout, Adam
Smith n’était pas subjectiviste. Ce que je veux dire,
c’est que pour autant que le subjectivisme tend à concentrer son
attention sur les interactions entre les personnes et à
s’éloigner du "problème économique," une
compréhension du principe d’ordre est facilitée
plutôt que retardée. Le maximisateur postérieur à
Robbins doit apprendre le principe de l’ordre malgré son
paradigme analytique et non à cause lui.
A ce point, je devrais
réinstaller le professeur Hayek à la place qu’il
mérite selon moi, en acceptant pleinement sa critique du
"scientisme," une critique également faite par mon propre
professeur, Frank Knight. Hayek et Knight ont été très
critiques à propos de toutes les tentatives de faire de
l’économie une discipline analogue aux sciences naturelles.
L’économie est, ou peut-être, scientifique dans un sens
qui est selon moi unique. Le principe d’ordre spontané est un
principe scientifique, en ceci qu’il peut être aisément
séparé d’un contenu normatif. Toutefois, à moins
de rester dans le paradigme de l’échange, nous perdons le
principe légitimement scientifique et nous nous jetons à la
place dans les implications scientistes qui émergent directement du
paradigme de la maximisation. Les économistes se retrouvent à
mesurer des coûts et des bénéfices sociaux, avec un petit
peu de toutes sortes d’autres choses.
De plus, bien entendu, pour autant que
des quantités puissent être mesurées,
indépendamment du comportement de choix et donc objectivement, il doit
exister une "solution" objectivement déterminée
à tout problème posé. Il y a une certaine allocation
"optimale" des ressources économiques, définies selon
les unités physiques de ressources situées dans le temps et
dans l’espace. Rappelons-nous ici que le professeur Tjallings Koopmans
a reçu un Prix Nobel en économie, pas en ingénierie. Il
l’a eu en raison de ses efforts qui ont commencé par
l’étude de l’allocation optimale d’un ensemble de
pétroliers transportant du pétrole sur l’océan
atlantique au cours de la Seconde Guerre Mondiale, les variables étant
les bateaux, les distances, les lieux portuaires, les barils de
pétrole et, bien sûr, un ensemble de prix fictifs. (En ce qui me
concerne, je pense avoir été un subjectiviste confirmé
bien avant de m’en rendre compte, parce que je me rappelle avoir
pensé, en 1946, lorsque Koopmans donnait un cours à ce sujet à
l’Université de Chicago, qu’il n’y avait absolument
aucun contenu économique dans ce qu’il faisait, tout au moins au
sens où je concevais, et conçois encore, l’objet de notre
matière.) Il doit aussi exister un ensemble de prix
d’équilibre qui sont objectivement calculables, au moins
conceptuellement, et de fait, nous avons vu le professeur Herbert Scarf, de
Yale, essayer de trouver des moyens de calculer des prix
d’équilibre, effort qui apparaît au subjectiviste comme un
exercice absurde.
Pour autant qu’il existe des
allocations ou des imputations objectivement déterminées et
physiquement descriptibles qui puissent être évaluées par
un critère d’efficacité ou d’optimisation, le
marché se réduit nécessairement à un mécanisme
institutionnel parmi beaucoup d’autres dont les opérations
peuvent être comparées entre elles. Le marché devient
"l’analogue d’une machine à calculer," un
"mécanisme," qui pourrait ou non faire mieux que les choix
alternatifs en termes de critères de performance pouvant être
rendus objectifs. A ce niveau, la distinction entre le marché et
l’économie centralisée planifiée se fait purement
en fonction de performances comparées. A ce stade, il y a un principe
(ou une idée) subtil mais vital que l’objectiviste tend à
négliger. La performance économique ne peut être
conçue qu’avec des valeurs : mais comment déterminer ces
valeurs ? Par les prix, mais les prix n’émergent que dans des
marchés. Ils n’ont aucun sens dans un contexte sans
marché. Ainsi, le marché peut difficilement être comparé
en termes de performance avec une institution non marchande. En ce sens,
c’est tout le critère d’efficacité tel que
traditionnellement appliqué aux économies socialistes qui ne
veut rien dire.
Le débat des années 1930
entre Mises d’un côté et Lange, Lerner et Dickinson de
l’autre, n’a jamais été convenablement
fondé. De la façon dont on a habituellement
interprété ce débat, la possibilité conceptuelle
du socialisme de marché a été reliée au potentiel
d’information de l’autorité de planification centrale,
problème qu’une procédure itérative serait
supposée résoudre. Mais ce n’est pas la question
centrale. Comme j’ai essayé d’en discuter dans mon petit
livre Cost and Choice [1], la question n’est
pas simplement celle de l’information. La question clef est
l’interdépendance critique entre le choix sur le marché
en lui-même et le contenu d’information de ce processus, qui ne
peut être révélé que lorsque le processus est
autorisé à se produire. Je vais essayer de l’expliquer
avec un exemple. Ceci me semble un point extrêmement important, mais je
ne suis pas certain du tout de la façon dont il faudrait le
présenter ici. Supposons que nous considérions une allocation
de pommes et d’oranges entre deux personnes, A et B, qui sont loin de
nous, disons à Tombouctou. Si nous connaissons leurs fonctions
d’utilité, ainsi que leurs possessions initiales des deux
articles, nous pouvons définir "l’allocation efficace"
de pommes et d’oranges, allocation qui serait, bien sûr,
équivalente à celle qui serait obtenue par le résultat
de l’échange volontaire entre A et B. Mais nous ne pouvons pas,
en tant qu’observateurs externes, connaître les fonctions
d’utilité parce que de telles fonctions n’existent pas, et
ne peuvent pas exister, indépendamment de l’action de choix de A
et de B au cours du processus d’échange lui-même. Ce qui
veut dire que même si nous pouvions établir une communication
verbale parfaite entre A et B, ils ne pourraient pas "mettre par
écrit" leurs fonctions d’utilité dans un quelconque
sens opérationnel. Nous pouvons, si nous le désirons, postuler
des fonctions d’utilité pour les deux personnes, comme nous
étant données ou comme nous les imaginons pour eux, et nous
pourrions définir l’efficacité à partir de ces
fonctions postulées. Mais ceci reviendrait à un exercice vide
car il n’aurait que peu de relations, voire aucune, entre
l’efficacité ainsi définie et celle que pourrait
générer un processus d’échange réel. (Bien
que je ne puisse pas approfondir le sujet, il existe une affinité
entre ma critique des procédures orthodoxes de la théorie
économique et la critique radicale de type marxiste, faite par Gintis
et d’autres, qui se focalise sur l’hypothèse de
préférences invariables.)
Des considérations telles que
celles soulignées dans l’exemple ci-dessus ont même
conduit mon collègue Robert Staaf à désespérer de
l’usage des courbes d’indifférence. [Tout comme
Rothbard, bien entendu. Cf. "Vers une reconstruction de la
théorie de l’utilité et du bien-être", in
Economistes et Charlatan (Les Belles Lettres, 1991), traduction de
"Towards a Reconstruction of Utility and Welfare Economics" in The
Logic of Action One (Edward Elgar, 1997). Pour une défense des courbes
d’indifférence, voir le cours de Bertrand Lemennicier sur son site.
NdT] Je ne vais pas aussi loin, mais je peux reconnaître le
problème pédagogique. Les constructions de fonctions
d’utilité et de courbes d’indifférence peuvent
être utiles pour présenter ou illustrer la rationalité
sous-jacente du processus d’échange volontaire, sous
réserve que ces constructions soient comprises en termes strictement
subjectifs : comme des constructions qui ne peuvent pas, par leur nature,
être communiquées aux observateurs indépendamment du
processus d’échange au sein duquel elles émergent.
En un sens, dire que les personnes
"agissent comme si elles maximisaient une fonction
d’utilité soumise à des contraintes" rend les choses
confuses dès le départ, car cette terminologie tend par
elle-même à suggérer que les fonctions
d’utilité existent indépendamment du processus de choix
et d’action. Il est mieux, à ce niveau de discussion, de dire
simplement que les personnes choisissent parmi les possibilités
alternatives quand elles se présentent, et qu’il y a,
heureusement, assez de cohérence dans leur comportement pour nous
permettre de faire certaines prédictions sur les changements
concernant les conséquences faisant suite à des changements sur
les choix alternatifs. A ce stade, les Autrichiens stricts peuvent commencer un
débat avec moi et, ce qui est plus important, avec ceux qui insistent
sur une corroboration empirique des principes élémentaires du
comportement humain au cours des processus d’échange volontaire.
Un tel débat m’a toujours semblé d’une importance
uniquement indirecte. Comme Frank Knight avait l’habitude de le dire,
la plupart des travaux empirique en économie ne font que "prouver
que l’eau coule de haut en bas," une proposition que les
Autrichiens remettront rarement en question.
Indirectement, cependant, et en termes
de coûts d’opportunité, le débat
empirique/non-empirique est important. Le jeune économiste ambitieux
qui devient un expert de l’empirisme sacrifie nécessairement un
temps pouvant servir à s’entraîner à apprendre plus
sur le processus auquel il applique ses outils techniques soigneusement
polis. Cette absence d’entraînement des économistes
modernes commence à se montrer sous de nombreuses formes, la moindre
n’étant pas l’ennui mortel qui domine des
départements entiers de nombreuses universités et
écoles.
Je voudrais dire quelque chose sur les
relations entre l’économie subjectiviste et
l’économie mathématique. Le principe central et important
avancé par le paradigme subjectiviste est celui d’ordre spontané,
comme je l’ai déjà énoncé plusieurs fois.
Les fondations théoriques peuvent ici être facilement
mathématisées. Mais les mathématiques nécessaires
ne sont pas celles de la maximisation de fonctions objectives soumises
à des contraintes. L’économiste enclin aux
mathématiques qui cherche à mettre toute analyse sous cette
forme fait déjà fausse route : il risque d’embrouiller
à la fois lui-même et ses étudiants. Les
mathématiques nécessaires sont celles de
l’équilibre général, convenablement compris, de la
recherche de solutions de systèmes d’équations
simultanées, des solutions émergeant de
l’interdépendance des variables décrites dans le
système complet d’équations. Pour cette raison, je ne
vois aucune difficulté à permettre au théoricien de
l’équilibre général d’effectuer son travail
à côté de son confrère subjectiviste et non
mathématicien, sous réserve qu’il ne commette pas
l’erreur de donner d’une façon ou d’une autre,
même à un niveau conceptuel, une signification objective à
ses constructions purement imaginaires.
Je suis peut-être encore plus
favorable à ce type de pensée que propose la théorie des
jeux, et particulièrement dans son développement de concepts de
solution applicable à des jeux à plusieurs personnes. Presque
par nécessité, le théoricien des jeux est conduit
à penser au processus d’interaction qui produit un
résultat au travers du comportement de nombreux participants, chacun
agissant indépendamment des autres. La théorie des jeux prend
un mauvais chemin, cependant, quand l’importance se détourne
vers le problème normatif de définir les stratégies
optimales de joueurs ou de coalition de joueurs particuliers, même pour
des jeux contre la nature et même pour une coalition comportant tout le
monde.
J’ai suggéré que le
principe d’ordre spontané est "scientifique" au sens
qu’il comprend une argumentation logiquement cohérente. Mais
l’économiste qui considère que son principal rôle
est celui d’enseigner ce principe aux étudiants doit-il plaider
coupable quand on l’accuse d’imposer une idéologie ? La
réponse est oui, dans un certain sens. Adam Smith offrait une vision
alternative de la façon dont pouvait fonctionner une économie.
Il était nécessaire de fournir cette vision avant de pouvoir
supprimer les œillères mercantilistes. L’effort de Smith
était subversif, dans un sens assez littéral, mené
contre l’ordre existant et l’ensemble des attitudes qui
soutenaient cet ordre. Je ne vois aucune raison pour laquelle notre
tâche en 1976 serait en quoi que ce soit différente de celle de
1776. Nous devons offrir une vision du processus économique qui
n’est pas naturelle pour la façon de penser de l’homme
ordinaire. Et la foi dans l’efficacité du processus de
coordination spontanée provient d’une compréhension
profonde. Seuls les économistes sont équipés pour la
transmettre.
Milton Friedman, un ami dont
j’admire grandement les travaux, s’oppose à
l’approche subjectiviste-autrichienne principalement pour la raison
qu’elle implique une conversion plutôt qu’une conviction
graduelle sous le poids d’arguments logiques et de tests empiriques.
Cette objection est en partie basée sur les tendances observables
à évoluer vers des chapelles, que j’ai noté plus
haut. De manière plus importante, toutefois, l’objection de
Friedman semble être basée sur ce que je considère comme
une notion naïve de la façon dont les personnes changent de
paradigmes. Certes, il doit exister un lien entre l’évidence
empirique accumulée et les changements de paradigmes, mais il
n’est pas aussi direct que Friedman semble le penser. Je pense
cependant que nous devons tous admettre que les motifs sont mystérieux
et pourraient bien varier d’une personne à une autre. Pour ma
part, je ne m’oppose pas aux implications
"prédicatrices" de l’économie subjectiviste,
bien que je comprenne les dangers de celle-ci et les avantages d’une
position comme celle de Friedman.
Malheureusement, la plupart des
économistes modernes n’ont aucune idée de ce qu’ils
font ou même de ce qu’ils sont supposées faire dans
l’idéal. Je défie qui que ce soit d’entre vous de
choisir un sujet quelconque dans un journal économique quelconque et
de vous convaincre, ainsi que moi, qu’un papier choisi au hasard aura
une productivité sociale plus grande que zéro. La plupart des
économistes modernes font ce que les autres économistes font,
en vivant d’une forme de rémunération qui ne
résisterait pas à un examen minutieux et critique. Les
enseignants devront faire attention quand le public de contribuables
constatera que le roi est véritablement nu.
Je pense que je sais ce que je fais, et
je pense que la plupart de ceux qui choisissent une variante de
l’économie subjectiviste autrichienne savent ce qu’ils
font. De plus je pense que nos efforts sont socialement productifs, et
grandement. Je suppose que tout ceci se réduit finalement à une
admonestation à garder la foi, que nous l’appelions faire de
l’économie, de l’économie subjectiviste, de
l’économie autrichienne ou quelque chose d’autre.
L’ensemble des idées et des attitudes qui émergent
d’une compréhension du principe d’ordre spontané
peut être transmis. Nous pouvons participer au jeu en
développant une "philosophie publique" voulant dire quelque
chose, même si ceci se réduit actuellement tout juste à
jouer un rôle subversif au sein de la pensée dominante, qui
conçoit l’économie comme un chaos si elle n’est pas
soumise à un contrôle collectif. Rappelons-nous deux choses :
Adam Smith n’avait pas l’idée qu’il travaillait, en
fait, pour mettre en œuvre une révolution dans la pensée
et dans la politique économiques au cours du demi-siècle
suivant 1776 ; et le même Adam Smith a observé de façon
mémorable : "Il y a beaucoup de ruines dans une nation." Gardez la foi.
Note
[1]. Cost and Choice:
An Inquiry in Economic Theory (Chicago: Markham Publishing Co.,
1969)
Traduction :
Hervé de Quengo
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