Mes chères contrariées, mes chers contrariens,
Ah là là là…
mes chers amis, je regardais de mon ordinateur les actualités
aujourd’hui (comme tous les jours d’ailleurs). Ce que je trouve frappant,
mais vraiment frappant, c’est de voir à quel point nous faisons
du surplace.
Depuis maintenant cinq ans, rien n’avance ou presque. Un esprit
chagrin comme le mien pourrait même dire que tout recule tout en
sachant que l’on veut vous faire croire l’inverse, histoire de
booster votre moral, ce qui ne peut que vous inciter à consommer, et
donc au bout du compte à faire tourner la machine économique.
Mais tout cela n’est qu’une grande illusion.
Vous connaissez tout l’amour (le terme n’est pas trop
fort) que je porte à notre chère Agence France-Presse.
J’adore leurs dépêches. Aujourd’hui, on a eu droit
à une brochette d’informations savoureuses. Je vous laisse
juger.
La Bourse de
Paris attend la conclusion d'une réunion sur la Grèce
Voilà ce que nous raconte l’AFP aujourd’hui.
Figurez-vous que les « zinvestisseurs »
attendent des décisions sur l’avenir financier de la
Grèce. Avouez que c’est une information qui vous avait
échappé depuis cinq ans que l’on sauve la Grèce
définitivement pour de bon, toutes… les semaines. Cinq ans. Mais
là, les « zinvestisseurs »
sont pressés. Ils voudraient des solutions aujourd’hui. Pas
demain.
D’un autre côté, quand cela fait cinq ans que
l’on attend, on n’est plus à quelques jours
près…
« La Bourse de Paris se maintenait en baisse lundi
après-midi (- 0,67 %), après une ouverture en repli de Wall
Street et dans l'attente de la conclusion d'une réunion
européenne consacrée à la Grèce.
A 16H01 (15H01 GMT), l'indice CAC 40 lâchait 24,05 points
à 3 504,60 points, dans un volume d'échanges autour de 900
millions d'euros.
"Après une semaine résolument haussière sur
les marchés actions dans l'optique d'un scénario idyllique qui
verrait aboutir les négociations pour réduire la dette grecque,
les investisseurs temporisent", remarque Jérôme Vinerier, analyste chez IG.
Pour Xavier de Villepion, vendeur d'actions
chez Global Equities, "tout milite pour
quelques prises de bénéfices sur le marché". Il
rappelle que le CAC 40 a bondi de 5,60 % la semaine dernière et que
les investisseurs sont surtout dans l'attente d'une solution pour la
Grèce.
"Les investisseurs sont clairement dans l'attente de l'annonce
d'un accord aujourd'hui. Les déclarations de certains politiques vont
dans ce sens et la réaction de l'euro, à court terme, souligne
que les investisseurs anticipent une bonne nouvelle sur la
Grèce", résument les économistes chez Aurel BGC.
Le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, a indiqué
lundi matin qu'il était "essentiel de prendre une décision
aujourd'hui" sur la Grèce. »
J’adore la conclusion d’Olli Rhen… essentiel de prendre une décision
aujourd'hui !! C’est drôle, c’est plein de finesse et
c’est stupéfiant d’intelligence.
Bon, ça, c’était pour le dossier grec. Passons
maintenant au dossier américain. C’est un dossier sympa le
dossier américain, et puis c’est un gros dossier. Il
paraît que c’est la première puissance économique
au monde… enfin première puissance, si on ne prend pas en compte
les dettes, sinon, c’est une autre paire de manches.
Wall Street
ouvre en baisse, inquiète pour la Grèce et le budget
américain
Oh, « Le mur de la rue », pardon, Wall Street
est inquiète sur le budget américain. Hier ça allait,
ils mangeaient plein de grosses dindes, faisaient la fête et tout
ça. Mais aujourd’hui, ils sont inquiets. C’est beau de les
voir découvrir les problèmes budgétaires qui sont
là depuis quoi… au moins 10 ans.
Eh bien oui, les problèmes budgétaires de l’oncle
Sam, ils ne datent pas d’hier. Ils ont commencé avec les
attentats du 11 septembre 2001, soit il y a environ une bonne
décennie.
Les guerres ont coûté très cher à
l’Amérique et les réductions d’impôts
massives octroyées par l’administration Bush ont
considérablement déstabilisé les finances publiques
américaines définitivement enfoncées par la crise de
2007 et la nécessité de relancer une machine
complètement grippée.
« La Bourse de New York a ouvert en baisse lundi,
surveillant nerveusement la reprise des discussions à Washington sur
le budget américain et une réunion des créanciers de la
Grèce en quête d'un compromis pour réduire sa dette : le
Dow Jones cédait 0,60 % et le Nasdaq 0,10 %.
Wall Street avait fini en nette hausse une séance
écourtée par les fêtes de Thanksgiving aux
États-Unis vendredi, encouragée par les achats
frénétiques des consommateurs américains lors du
"Black Friday" : le Dow Jones avait pris 1,35 % à 13 009,68
points, et le Nasdaq 1,38 % à 2 966,85 points.
Après les festivités de Thanksgiving, les nouvelles
macroéconomiques et politiques revenaient au centre de l'attention des
courtiers lundi "alors que les dirigeants américains et
européens se réunissent pour discuter de leurs problèmes
fiscaux respectifs", a souligné Karee Venema, de Schaeffer's Investment Research.
Aux États-Unis, les élus du Congrès
américain revenaient à Washington pour négocier avec
Barack Obama un accord sur le déficit, afin d'éviter un
"mur budgétaire", à savoir un ensemble de coupes
automatiques des dépenses et des budgets des ministères, et une
hausse d'impôts pour tous les ménages, même les plus
modestes.
L'approche de cette menace budgétaire risquant de faire
replonger l'économie américaine en récession en
l'absence d'accord avant la fin de l'année, les opérateurs
deviennent "de plus en plus mal à l'aise", ont
indiqué les experts de Charles Schwab. »
Donc pour le dossier US, on redécouvre l’eau chaude, ou
en tout cas des problèmes qui perdurent depuis une bonne dizaine, mais
avec une acuité nouvelle. Surprenant. Depuis 2007, rien n’a changé.
On nous explique que tout va de mieux en mieux, et que même
grâce aux gaz de schiste les USA sont en train de se
réindustrialiser. Sauf que le nombre de bénéficiaires
des « food stamps »,
les fameuses soupes populaires modernes sans file d’attente, continue
d’augmenter et se rapproche dangereusement des 50 millions. Vous
imaginez !! 50 millions de personnes à la soupe populaire dans la
nation la plus riche du monde qui est en train de se
réindustrialiser… Heureusement que Sandy est passée par
là.
D’ailleurs, à propos de Sandy (la tempête) qui est
passée sur New York, l’un de nos contrariens,
le camarade Bourgeois, me faisait remarquer avec plein de bon sens que notre
fameuse Sandy était arrivée quelque chose comme le 29
octobre… Mais que cela expliquait l’augmentation du chômage
pour les 29 premiers jours. Je dois avouer que sa remarque m’a fait
beaucoup rigoler car j’étais passé à
côté !!
Désormais, enchaînons sur le dossier espagnol.
J’adore l’Espagne, c’est un superbe pays. J’aime
cette langue et cette culture. Hélas, ils ne sont pas en grande forme
nos copains espagnols. Enfin eux si ça va, c’est leurs banques
qui ne vont pas. Du coup, comme il faut sauver les banques, il faut que le
peuple paie. Comme les Espagnols n’ont plus assez de sous, on vient
taper chez les voisins, c’est-à-dire nous… les
Européens… enfin ceux à qui il reste encore un peu
d’argent mais plus pour longtemps rassurez-vous.
Espagne :
premier versement pour les banques de 37 milliards d'euros (ministre)
Donc l’Espagne va recevoir 37 milliards. C’est bien 37
milliards. Bon, a priori ils vont les recevoir. Quand exactement, on ne sait
pas trop.
Mais naïvement j’attendais que l’Espagne demande
officiellement de l’aide. Mais pour le moment je n’ai pas entendu
de demande officielle d’aide de la part du gouvernement de Madrid. Or
là, on va leur faire un chèque de 37 milliards. Pourquoi pas.
On n’est plus à ça près. Mais d’où
vont venir les fonds ? Normalement du MES… mais il fallait une
demande d’aide officielle.
Je me demande donc si, encore une fois, on n’est pas dans
l’effet d’annonce pur, et si ce n’est pas le cas, cela
signifie que le MES va directement recapitaliser les banques ibériques
sans que Madrid n’intervienne dans ce processus ? En tout cas, ce
n’est pas clair du tout.
De surcroît, tout le monde sait bien que le secteur bancaire
espagnol est à la dérive et qu’il a besoin sans doute de
plusieurs centaines de milliards d’euros.
Encore une fois, trop peu et trop tard.
« Les banques espagnoles vont recevoir une première
aide financière de 37 milliards d'euros de la part de la zone euro, un
montant qui servira aux établissements nationalisés, a
annoncé lundi le ministre espagnol des Finances Luis De Guindos.
"L'injection de fonds dans les quatre banques
nationalisées sera de 37 milliards d'euros", a affirmé M.
De Guindos à son arrivée à une
réunion avec ses homologues de la zone euro, à Bruxelles.
Cette mesure va notamment concerner Bankia,
la quatrième banque espagnole par les actifs, dont le sauvetage public
de plus de 20 milliards a accéléré une aide
européenne au secteur. Les trois autres banques concernées sont
CatalunyaCaixa, Novagalicia
et Banco de Valencia.
L'annonce du sauvetage historique de Bankia
en mai avait précipité l'octroi en juin, par la zone euro,
d'une ligne de crédit de 100 milliards pour l'ensemble du secteur
bancaire espagnol.
Au total, la recapitalisation du secteur financier du pays
"pourrait tourner autour de 40 milliards d'euros", a dit M. De Guindos. »
« M. De Guindos a
précisé lundi que le commissaire européen chargé
de la Concurrence, Joaquin Almunia,
présentera mercredi "le plan de restructuration" des quatre
banques nationalisées. Ce plan détaillera le montant exact des
capitaux qui seront injectés dans chacune d'entre elles, ainsi que les
conditions qui accompagneront cette recapitalisation, qui seront
formalisées dans le mémorandum d'accord entre Madrid et
Bruxelles. »
« La zone euro table sur un versement de l'aide pour le
secteur bancaire espagnol, via le Mécanisme européen de
stabilité (MES), "début décembre", avait
récemment indiqué le chef de file de l'Eurogroupe,
Jean-Claude Juncker. »
Tiens, finalement Juncker nous dit que les fonds seraient
versés en décembre… ou pas, ou plus tard.
Bref, la Grèce, l’Espagne ; l’Italie avec
bientôt de nouvelles élections, l’austérité
en Europe, la crise économique, la falaise fiscale aux
États-Unis, la récession mondiale et un monceau de dettes
accumulé partout dans le monde.
Bref, rien de nouveau. Ce sont les indémodables de la crise.
Vous les retrouverez en 2013, puis en 2014, puis en 2015…
jusqu’à ce que tout cela s’effondre dans un immense fracas
international.
Car ne vous méprenez pas : la situation de
l’économie mondiale est inextricable. Elle est sans bonne
solution, et il n’y aura pas de happy end. La seule question
c’est jusqu’à quand tiendra cette grande illusion.
Charles
SANNAT
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
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