Nos
hommes politiques actuels aiment tirer des conclusions qui leur paraissent
évidentes de cette ‘bonne guerre’. Le New Deal a
apporté une solution à un taux de chômage trop
élevé et l’économie s’en est finalement
relevée. Mais l’attaque surprise du Japon a apporté
l’argument politique parfait au gouvernement des Etats-Unis pour
changer d’attitude. En quatre ans, l’économie
Américaine a été soumise à une forte dose de
Keynésianisme et les conséquences que nous avons pu en voir ne
sont pas des plus réjouissantes : le PIB a gonflé et le
chômage a tout fait sauf disparaître. En 1946, le PIB a
diminué, et bien que ce soit là quelque chose d’assez
surprenant, le taux de chômage est passé à seulement 3,8%
malgré un
licenciement par le gouvernement d'environ 20% de la force de travail (5%
est considéré comme un taux de chômage normal pour une
économie en bonne santé).
Puisque,
comme ses avocats nous le disent, le Keynésianisme a fait ses preuves
dans le monde réel, il est normal qu’un gouvernement choisisse
aujourd’hui de dépenser plus et de générer une
inflation au sein de son économie pour relancer la croissance.
C’est
pourquoi, en 2009, Obama est entré à la Maison Blanche avec ses
projets de dépense sous le bras. Mark Zandi,
l’un des architectes du plan de stimulus d’Obama
(l’American Recovery and Reinvestment
Plan de 2009), projetait
en novembre 2008 que ‘même avec le stimulus de 300 milliards
de dollars de 2009, 1,8 millions d’emplois seraient perdus, et le taux
de chômage atteindrait les 8%’. Selon lui, sans ce très
utile stimulus, le taux de chômage aurait pu atteindre 8,94% en 2009.
Et
que s’est-il réellement produit ? En octobre 2009, avec un
stimulus de 250 milliards de dollars (selon le CBO), le taux de
chômage a atteint 10%. Comment est-il possible que la recette contre
l’augmentation du taux de chômage en ait entraîné
une hausse de plus d’un point ? Pour se défendre,
l’administration Obama a déclaré avoir mal jugé
à quel point l’administration Bush avait endommagé
l’économie. Sans le stimulus, voyez-vous, le taux de
chômage aurait été encore plus important.
Le
gouvernement peut déblatérer de telles inepties tout en gardant
son sérieux parce qu’il sait que l’inflation et le
déficit ont réglé les problèmes
d’après-guerre. Il le sait parce qu’il a lu les chiffres
relatifs à cette période. Même les conservateurs sont
d’accord – ‘la seconde guerre mondiale nous a sortis de la
Dépression’.
La
conscription à la rescousse
Tout
au long des années 1930 et jusqu’à l’incident de
Pearl Harbor, l’économie était
en très mauvaise santé, et tout particulièrement l’emploi.
Tous les contrôles et régulations, les taxes et
l’inflation, la damnation des riches et les privilèges des
syndicats, tous les déficits… ont été incapables
de restaurer l’emploi pour le ramener aux niveaux d’avant-guerre.
C’est
alors que les Japonais
ont attaqué, offrant à Roosevelt l’occasion
d’intervenir qu’il attendait tant.
Le
gouvernement était finalement en mesure d’offrir des millions
d’emplois payés aux hommes qui en avaient besoin.
L’argument du gouvernement était qu’il avait jusqu’alors
tenté de s’occuper de ses propres affaires jusqu’à
ce que les forces du Mal ne viennent attaquer ses côtes – ou
à dire vrai, pas exactement les siennes, puisque les Japonais ont
attaqué une île située à plus de 3000
kilomètres de l’endroit où se reposait l’US Navy depuis le XIXe siècle.
Tout
à coup, les Etats-Unis ont ressenti le besoin de tuer beaucoup de
monde, et le gouvernement était même prêt à payer
des hommes pour ce faire. Un salaire très bas, bien entendu, mais un
salaire tout de même. Puisque le gouvernement se chargeait
lui-même du recrutement, les 10 millions d’hommes à qui il
a généreusement offert un emploi pouvaient choisir de partir au
combat ou de dormir au chaud en prison. C’est avec le plus grand
patriotisme qu’ils ont tous accepté son offre. Ils
n’avaient aucun moyen de savoir que FDR les avait
manipulés en provoquant une attaque qui a tué plus de 2400
personnes, dont de nombreux civils.
La
croissance économique était-elle une conséquence de la
guerre ? Non. Les gens qui n’étaient pas
déployés travaillaient, mais ils travaillaient à
fabriquer des armements et des munitions pour les militaires plutôt que
des biens destinés aux autres citoyens. Les gens recevaient des
salaires, mais les rationnements imposés par le gouvernement rendaient
leur vie tout sauf prospère.
Reposons-nous
encore une fois la question : L’économie était-elle
en pleine croissance ? Absolument. Les chiffres du PIB nous le prouvent.
Durant la guerre, le PIB a explosé. La part du PIB
représentée par le gouvernement a fortement augmenté
dans le même temps que la part représentée par les
investissements privés diminuait. Mais qu’est-ce que cela peut
bien changer ? Aux yeux des analystes, le PIB est le PIB.
Ignorer
les signaux du marché
Depuis
le début de la crise dans les années 1930, le marché
libre n’a voulu qu’une chose : mettre les gens au travail.
Mais le gouvernement ne l’a pas laissé faire. Laisser les
salaires diminuer dans le même temps que les prix chutaient
était considéré comme cruel et injuste. Près de
12 ans plus tard, les salaires des hommes envoyés à
l’étranger ont chuté, et plus d'un
million d'entre eux sont rentrés morts ou blessés.
Les
Américains avaient alors à faire un choix –
privilégier le marché ou le gouvernement. Malheureusement, ils
ont laissé le gouvernement choisir pour eux.
Les
hommes politiques savent très bien que les salariés
n’apprécient pas de voir leur salaire nominal diminuer,
même si tous les autres prix chutent. Et ce mécontentement a
tendance à se refléter sur les votes. Les hommes politiques
décrètent donc que si les salaires chutent, les salariés
ne peuvent plus dépenser autant qu’avant, ce qui nuit à
l’économie. Ils protègent donc les salaires pour
protéger les salariés, sans lesquels ils n’auraient eux-mêmes
plus de travail.
Empêcher
les salaires de plonger les a protégé. Etant donné la
chute de prix survenue avant l’attaque portée par Roosevelt
à l’or, les gens se sont rendu compte que les dollars
qu’ils gagnaient chaque mois pouvaient leur permettre d’acheter
de plus en plus. Des salaires trop élevés ont peu à peu
entraîné une hausse du chômage, mais Lincoln a
considéré cela comme étant une preuve de
l’échec du marché, et a décrété que
la loi de Say ne fonctionnait plus – il y avait une surabondance de
travail, mais plus personne n’embauchait. En revanche, comme
l’explique Rothbard, il n’existe jamais de surplus
réel au sein d’une économie dans laquelle les prix sont
libres de chuter pour annuler ce surplus.
La
théorie défendue par Keynes – dépenses
déficitaires et inflation – est bien plus acceptable
politiquement que de laisser les salaires s’adapter au marché.
Avec des salaires plus élevés que le marché, tout
particulièrement après le Wagner Act de 1935, non seulement de plus en plus de gens se
sont retrouvés sans emploi, mais ceux qui en avaient encore vivaient
dans la constante crainte de perdre le leur. Et, bien au contraire, durant la
guerre, si vous étiez sans emploi, vous pouviez compter sur
l’Etat pour s’occuper de vous.
Les
dépenses gouvernementales et l’inflation n’ont pas
réglé le problème de l’emploi des années
1930. Et ils ne les ont pas non plus réglés durant la guerre.
Quand
l’économie a-t-elle à nouveau
prospéré ? Après la mort de Roosevelt, une fois la
guerre terminée, une attitude toute nouvelle prévalait à
Washington. Cette attitude a donné aux investisseurs l’envie
d’investir à nouveau. Les contrôles qui avaient
été établis durant la guerre furent abolis, et
l’investissement privé flamba malgré une baisse du PIB.
Comme
nous le dit Robert Higgs,
L’estimation
de la croissance économique de 1946 s’élève
à 30%. Nous n’avons, tout au long de notre Histoire, jamais
connu une autre année comme celle-ci. Jamais. 30% en un an. Ça
c’est de la croissance !
Ce qui
représente l'une des pires années pour le PIB
s’avère en effet être notre meilleure performance de tous
les temps. C’était ça, le dividende de paix.
Conclusion
Le
Keynésianisme voudrait qu’une combinaison de type
‘dépenses déficitaires + inflation’ remette une
fois de plus l’économie sur pieds, et que si une mesure de QE ne
fait pas l’affaire, alors une autre le fera, puis encore une autre.
Souvenons-nous que ce n’est pas le gouvernement qui a restauré
la prospérité en 1946, mais l’émission
d’énergie productive rendue possible par un gouvernement plus
limité.
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