A
chaque fois qu’une nouvelle crise financière majeure se présente, les banques
d’investissement et les banques commerciales encaissent un coup dur. Ce qui
les pousse à faire faillite ou à partir à la recherche d’un refinancement. A
dire vrai, au cours de ces cinquante dernières années, jamais une grosse
institution financière ne s’est retrouvée du bon côté d’une crise financière
majeure. La même chose est vraie pour les banques centrales. A en juger par
leurs propres mots et actions, les directeurs des plus importantes banques
centrales du monde ont été aveuglés par toutes les crises financières qu’ils
ont traversées ces cinquante dernières années. Et pourtant, je lis
régulièrement des billets de blog, des articles ou des communiqués de presse
dans lesquels il est dit que les crises financières qui se sont produites par
le passé et se produiront à l’avenir font partie d’un grand projet établi par
les membres les plus importants de l’établissement financier.
L’idée
que les crises et les effondrements de marchés puissent être arrangés
volontairement par l’élite financière est ce que j’appelle la « plus
grande de toutes les idées fausses de l’univers ». Pour quelque raison
que ce soit, cette idée trouve beaucoup de soutien parmi les masses, bien
qu’aucune preuve n’existe pour la défendre. En plus de cela, le simple fait
que les supposés grands gourous de ce projet se trouvent toujours du mauvais
côté des crises suffit largement à réfuter cette idée.
Pour
ce qui concerne la compréhension de l’économie et des marchés, ceux qui
dirigent aujourd’hui les trois plus grosses banques centrales du monde sont
de parfaits bouffons. Bien évidemment, si vous ne comprenez pas suffisamment
les théories économiques et le fonctionnement et marchés, alors n’importe
laquelle des stratégies que vous mettrez en place quant à l’économie ou aux
marchés financiers ne pourra qu’échouer. La riposte que l’on entend souvent
est que ces directeurs de banques centrales ne sont que des pantins dont les
ficelles sont tirées par les véritables manipulateurs. Qui incluent
manifestement les directeurs des plus grosses banques commerciales du monde, tels
que les directeurs de Goldman Sachs et de JP Morgan.
Comprenez-moi
bien : il est certainement vrai que le gouvernement tire avantage des
crises pour élargir son pouvoir, et que les semblables de Goldman Sachs et JP
Morgan aient beaucoup d’influence sur les actions des banques centrales et
des gouvernements. Cela leur permet d’éviter les conséquences de leurs plus
grossières erreurs. Mais le fait reste qu’ils continuent de commettre des
erreurs de grande magnitude qui continuent de menacer la survie en moyenne
une fois tous les dix ans.
Prenons
l’exemple très spécifique de la crise financière de 3007-2009. Il a fallu
attendre la mi-2007 pour que les directeurs de Goldman Sachs réalisent qu’il
y avait un gros problème qui se présentait sur les marchés en général, et sur
le marché américain des subprimes en particulier. Mais à cette date, la
société était si exposée aux mal-investissements qu’il était trop tard pour
qu’elle puisse se repositionner. Sans la combinaison de TARP, des programmes
de monétisation d’actifs, du refinancement d’AIG par le gouvernement et des
changements apportés aux lois comptables, Goldman Sachs aurait fait faillite
en 2008 ou 2009.
Ayant
fait faillite (pour les cas de Bear Sterns, Merrill Lynch et Lehman Brothers)
ou souffert d’expériences quasi-mortelles (pour les cas de Goldman Sachs, JP
Morgan, Citigroup et Bank of America) en 2007-2009, les élites bancaires du
monde se sont de nouveau retrouvées en position difficile quelques années
plus tard en raison de la crise de la dette souveraine européenne. Cette
fois-ci, c’est la BCE qui est venue à la rescousse.
En
général, lorsqu’une crise financière se produit, ce sont ceux qui se trouvent
en-dehors de la calamité qui en profitent. Les insiders sont toujours en
situation difficile et plongés dans un environnement d’investissements
alimentés par le crédit. Par exemple, en 2007-2008, ce sont Michael Burry,
Steve Eisman, John Paulson, Kyle Bass et David Einhorn qui ont su anticiper
les évènements et pu tirer profit de l’action de marché, alors que les
autres, tels que Chuck Prince, Dick Fuld, Lloyd Blankflein et Jamie Dimon ont
été forcés de quitter le système bancaire ou de faire l’aumône auprès du
gouvernement.
Une
fois la prochaine crise venue, ce sera la même chose. Goldman Sachs ne verra
rien venir, et ne sera pas préparée, ce qui signifie qu’elle sera de nouveau
en position de demander un refinancement pour éviter la banqueroute.