J’en ai parlé plusieurs fois : l’État n’aime absolument pas la concurrence et alors que certains loto-bingos régulièrement organisés par les douanes ne souffrent d’aucun empêchement, il en va tout différemment pour ceux d’associations locales dont les présidents sont systématiquement traînés en justice, condamnés et ruinés par ces mêmes douanes, le fisc et tout ce que la République compte de preux chevaliers du vivrensemble.
On se rappellera des histoires d’Annie, 62 ans, qui fut arrêtée pour ses bingos échevelés à l’instar d’une trafiquante internationale de schnouffe, par des autorités bien trop heureuses de lui tomber dessus plutôt que sur les bandes organisées de Marseille ou Grenoble, ou encore la tragique aventure de Yvette, une « Mamie-Loto » qui fut ruinée parce que non encartée, elle était bien plus facile à choper qu’un Guérini ou une Andrieux.
On trouve malheureusement de plus en plus de cas similaires.
Cette fois-ci, cependant, les accusés font de la résistance : c’est ainsi qu’Henri Diez-Pomares et André Baudet, 84 et 75 ans, ont annoncé le lancement ce jeudi d’une campagne sur la plateforme WeJustice.com visant à réunir des fonds pour payer leurs frais de justice. Ils souhaitent faire valoir leur droit après le rejet de leur pourvoi par la Cour de cassation le 20 mai dernier. Les deux infâmes bandits ont aidé – sans en tirer de bénéfices – des dizaines d’associations de village à organiser des soirées de loto, ce qui est ignoble quand on y réfléchit deux secondes : tout ce vivrensemble non déclaré, non taxé, non autorisé, c’est une honte. Sans vergogne, ils fournissaient la salle, le matériel, l’animateur et surtout leur savoir faire, ce qui, au pays de l’incompétence érigée en loi, est insupportable. Bien évidemment, ni Henri ni André n’ont perçu les recettes de ces lotos et se contentaient de prélever une cotisation aux associations de village pour couvrir leurs frais et laissaient les associations de village gérer elles-mêmes la caisse des lotos.
Ce qui n’a pas empêché l’administration de réclamer son dû, calculé sur une base totalement arbitraire, et à la Justice de la suivre. L’État a besoin d’argent et les retraités sont nombreux, sans doute. Selon leur avocat,
“Les taxes sur les jeux doivent être calculées sur la base des recettes de ceux qui les encaissent. Or, Henri et André n’ont jamais perçu les recettes des lotos de village qu’ils aidaient à organiser. C’étaient les associations villageoises qui touchaient les recettes et les utilisaient pour acheter des lots. Les douanes le savaient mais elles l’ont volontairement ignoré.”
Les douanes seraient la mauvaise foi ? Oh. Comme ce serait surprenant !
Malgré tout, Henri et André souhaitent déposer une plainte au pénal contre ces dernières, puisque selon eux, ces services se sont rendus coupables de concussion (le fait, pour une personne dépositaire de l’autorité publique de percevoir une somme qu’elle sait ne pas être due ou excéder ce qui est dû). Compte-tenu du nombre de cas fréquents dans ce pays, cette action représente aussi un espoir pour la centaine d’autres organisateurs bénévoles également condamnés.
En définitive, une campagne de crowdfunding souhaite réunir la somme de 4.000€.
Je vous encourage à faire connaitre leur initiative, ne serait-ce que pour poser la question de l’accès au droit des contribuables lambda, loin de tout politicien introduit et du milieu médiatique parisien, dans ces situations où les rapports de forces sont si évidemment déséquilibrés.
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