Après Bullard, qui a avoué que les modèles de la FED concernant
l’inflation semblent ne plus fonctionner, c’est au tour de Janet Yellen herself
d’émettre ses propres doutes. C’est ce que nous apprend cet article de John
Crudele du New York Post, l’un des rares
journalistes se risquant sur les médias dominants à évoquer ce genre de
bombe…
« Cela fait des années que je vous dis que les chiffres de l’emploi
produits par le gouvernement américain induisent les gens en erreur. Ils leur
font croire que l’économie se porte mieux qu’en réalité.
Aujourd’hui, la présidente de la FED Janet Yellen est enfin
d’accord ! Yellen, qui s’exprimait devant la National Association of
Business Economics le 26 septembre, a déclaré :
»Mes collègues et moi-même avons peut-être mal jugé la vigueur du
marché de l’emploi, le degré auquel les attentes d’inflation à long terme
sont en adéquation avec notre objectif d’inflation, ou même les forces
fondamentales qui déterminent l’inflation. »
Voilà ce qu’elle a dit. Des sites alternatifs ont relayé cette
déclaration, mais aucun grand journal ne l’a fait. La portée de l’aveu de
Yellen ainsi que ses conséquences a également été ignorée des médias
télévisés.
Il s’agit pourtant d’un aveu très lourd. En bref, cela signifie que la FED
s’est complètement plantée en pensant que l’économie américaine est, comme
Yellen l’a souvent répété, au quasi plein-emploi.
Mais voilà la cerise sur le gâteau : non seulement elle a surestimé la
vigueur du marché de l’emploi, mais elle a aussi sous-estimé l’inflation.
La grande question est de savoir si Yellen a mal interprété les chiffres,
ou si elle a interprété des chiffres erronés. Cela va leur prendre des années
pour trouver la réponse, mais je vous livre ma petite idée sur la question.
Toute personne qui vit dans le monde réel sait pertinemment bien que le
taux de chômage est bien supérieur aux 4,2 % annoncés par le Labor
Department. La croissance de l’emploi, année après année et comme je n’ai
cessé de le répéter, est principalement alimentée par des estimations et des
ajustements que l’on doit à des statisticiens de l’État qui ne vivent
apparemment pas dans le monde réel.
Sans mentionner que l’économie a créé des emplois pourris, mal payés qui
sont loin de remplacer les bons jobs qui ont disparu durant la dernière
récession. (…)
Yellen et ses collègues ne cessent de se lamenter à propos de l’inflation
trop basse, et de leur incapacité à trouver une explication vu la soi-disant
vigueur de l’économie. (…)
S’il y avait si peu de chômage, les salaires seraient en hausse. En cas de
revenus en hausse, les travailleurs consommeraient. Et en cas de
consommation, le prix des biens et des services augmenterait. On aurait donc
de l’inflation.
Les gens qui vivent dans le monde réel savent non seulement à quel point
le marché de l’emploi est faible, mais aussi que le taux d’inflation annuel
est plus élevé que les moins de 2 % rapportés par le gouvernement.
Celui-ci a recours à des pratiques frauduleuses pour la sous-estimer, par
exemple en supposant que les consommateurs passeront du steak au steak haché
pour éviter la hausse des prix. (…)
Nous allons probablement découvrir que les États-Unis sont en train de
vivre une version moderne de la stagflation : une économie en stagnation
qui connaît de l’inflation. Soit le pire des 2 mondes.
Espérons que lorsque le prochain patron de la FED sera nommé, il ou elle
fera le ménage. (…) Mais avant cela, Yellen fera probablement une dernière
chose : relever les taux en décembre, même si la FED prend des décisions sur
base de chiffres qui ne lui permettent pas de connaître l’état de l’économie.