Les robots vous font-ils peur ? C’est une question pertinente à l’heure où les robots s’invitent de plus en plus dans notre quotidien et qu’ils sont sans doute appelés à l’être encore plus. Des robots humanoïdes qui ressemblent de plus en plus à des humains. En fait, il semblerait, d’après le japonais Masahiro Mori, spécialiste en robotique, que cette perception suive une courbe bien spécifique. Cette théorie de la « vallée de l’étrange », élaborée en 1970 (déjà) montre qu’un robot industriel est plutôt répulsif, qu’il devient sympathique lorsqu’il ressemble vaguement à un humain mais avec une bonne bouille (Nao, Pepper…) puis totalement antipathique lorsqu’il lui ressemble beaucoup mais imparfaitement (Sophia). Enfin, il redevient « fréquentable » lorsqu’il lui ressemble parfaitement (c’est en cours …). Il existe donc bien un type d’apparence et de comportement qui peut mettre mal à l’aise et qui fait peur aux interlocuteurs de ces robots. Sophia en est un bon exemple ! Ceci est donc lié à l’apparence et aux performances des robots. Mais cette apparence joue aussi des tours aux concepteurs. Une grande ressemblance à l’humain peut être une source de déception parce que l’on s’attend à une interaction proche de celle d’un humain, ce qui n’est pas toujours le cas. Un visage humain possède trente huit muscles complexes et ses mouvements et expressions sont très difficiles à reproduire .
Au delà de l’apparence se pose surtout une autre question. A quoi cela sert-il ? Un robot tondeuse, aspirateur, industriel, pas de problème, cela semble plutôt utile. Un robot d’accueil pour distraire le public…éventuellement même si cela tient plus du gadget qu’autre chose. Mais imaginons un robot médical qui va ressembler à un humain et qui va pouvoir en capter toutes les expressions pour mieux réagir et s’adapter. Il va servir à quoi ? Il va pouvoir faire passer des tests préalables à la détection de certaines maladies par exemple. Un robot permettant, dans le cas de la maladie d’Alzheimer, de faire passer un test standard de seize items. Ceci sans se substituer au médecin, semble-t-il, puisque ce dernier poursuivra seul les investigations auprès des patients. Mais pourquoi ? Pour faire face à la pénurie de médecins ? Pour les soulager dans leur travail ? N’y aurait-il pas moyen d’ouvrir un peu plus le numerus clausus et former et/ou embaucher du personnel pour faire ces tests ? Non, il faut les payer, payer les charges sociales, bref que des ennuis… Au delà des apparences, éventuellement trompeuses, les robots sont finalement plus effrayants par leurs capacités (actuelles et surtout futures) à nous remplacer plus qu’à nous ressembler.
Il n’est pas trop tard…Mais presque !
Sylvain DEVAUX
Rédacteur en chef
« L’homme a la possibilité non seulement de penser, mais encore de savoir qu’il pense ! C’est ce qui le distinguera toujours du robot le plus perfectionné ».
Jean Delumeau
« Vous pouvez vous abonner gratuitement à la lettre d’information quotidienne sur www.larobolution.com. »