Les tambours de guerre se font à nouveau entendre
à Washington. Cette fois-ci, c’est la Syrie qui semble
être dans la ligne de mire, après qu’un massacre y ait
entraîné la semaine dernière la mort d’une centaine
de personnes. Comme nous pouvions nous y attendre, après
l’annonce d’une politique de ‘changement de
régime’ en Syrie, la réaction des Etats-Unis fut de blâmer
le gouvernement Syrien pour la tragédie, de renvoyer les diplomates
Syriens présents à Washington, et de menacer la Syrie
d’une intervention militaire, que les Nations-Unies soient
d’accord ou non. Il est clair que l’idée que
l’administration des Etats-Unis soit encline à respecter la
Constitution et soumettre sa décision d’entrer en guerre au
Congrès paraît plus anachronique aujourd’hui qu’elle
ne l’était sous la précédente administration.
Bien qu’il se pourrait que
le gouvernement Syrien soit effectivement responsable des
évènements s’étant déroulés la semaine
dernière, il semblerait que les plus récentes attaques aient
été portées par des rebelles armés liés
à Al- Qaïda. Les enjeux sont tels
qu’il serait selon moi bien plus sage d’attendre les
résultats de l’enquête avant d’en dire plus –
à moins que la vérité soit moins importante que la
volonté de manipuler le public en faveur d’une attaque de la
Syrie par les Etats-Unis.
Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles se montrer
sceptique face aux déclarations faites par le gouvernement
Américain dans les médias. Combien de fois a-t-il,
jusqu’à présent, utilisé mensonges et
exagérations afin de partir mener le combat en terres
étrangères ? Il n’y a pas si longtemps, on nous
disait encore que Kadhafi planifiait le génocide du peuple Libyen, et
que le seul moyen d’y faire face était d’employer la force
militaire.
Avant même que ces déclarations n’aient
été prouvées comme étant totalement
infondées, les Etats-Unis et l’OTAN avaient déjà
bombardé le pays, détruit ses infrastructures, tué de
très nombreux civils et laissé derrière eux la place
à un groupe de violents bandits.
De la même manière, de nombreux mensonges ont
été contés au peuple Américain en 2003 afin de
gagner son support en faveur de la guerre en Irak – vous souvenez-vous
de ces histoires faisant mention de drones transatlantiques et d’armes
de destruction massive ? Les avocats de la guerre ne comprennent rien
aux complexités de la société Irakienne, ni à ses
différences tribales et religieuses. En conséquence,
l’Irak n’est plus aujourd’hui qu’un champ de bataille
où le chaos est roi, sa population Chrétienne ayant
été éradiquée, et son économie
propulsée plusieurs dizaines d’années en arrière.
Une guerre inutile menée grâce au pouvoir du mensonge et de la
manipulation ne pourrait pas se terminer autrement.
Il y a un peu plus longtemps de cela, on nous
récitait d’autres mensonges à propos du génocide
et des massacres au Kosovo, simplement pour frayer un chemin à la
campagne de bombardement menée par le président Clinton contre
la Yougoslavie. Plus de 12 ans après les faits, cette région du
monde est toujours aussi dangereuse et instable qu’elle ne
l’était avant l’intervention des Etats-Unis – et des
troupes militaires Américaines y sont toujours
déployées.
L’histoire que l’on nous conte du massacre
Syrien ne cesse de changer, ce qui devrait éveiller les
soupçons. En premier lieu, nous avons pu entendre qu’il aurait
été commandité par le gouvernement et que les
dégâts auraient été causés par des tirs
d’obus, avant qu’une enquête ne dévoile que la
plupart des victimes avaient été abattues à bout portant
ou à l’aide de couteaux et objets tranchants. Personne n’a
pris le temps de nous expliquer pourquoi les forces gouvernementales se
seraient personnellement rendues de maison en maison pour ligoter les mains
de leurs habitants avant de les assassiner puis de laisser les rebelles se
charger des pires barbarismes. Personne ne semble vouloir poser ni
répondre à ces questions, mais il serait sage que nous nous
demandions qui bénéficie réellement de ces mensonges.
Ces quelques dernières semaines, nous avons
entendre dans les médias que l’administration Obama apporterait
son assistance ‘non-mortelle’ directe aux rebelles Syriens en y
facilitant le transfert d’armes depuis d’autres pays du Golfe.
Cette assistance semi-secrète aux rebelles dont nous ne savons que
trop peu de choses menace de se transformer en une intervention ouverte. La
semaine dernière, le général Martin Dempsey, directeur
de Joint Chiefs of Staff, déclarait à
ce sujet que ‘l’option militaire devrait être
considérée’. Moi qui croyais que cette décision
reposait entre les mains du Congrès…
Nous voici engagés dans une course folle vers une
guerre contre la Syrie. Il est temps que nous donnions un grand coup de
frein.
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