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Perdre 7 500
emplois convient à Arnaud Montebourg, ministre du redressement
productif. L’annonce par Renault de ces suppressions de postes, soit
14% de sa masse salariale en France, n’alarme pas outre mesure le
ministre. Bien au contraire, il se félicite de la décision du
constructeur automobile. En effet, Renault ne franchit pas les trois lignes
rouges tracées par l’État, par ailleurs détenteur
de 15,01% du capital du constructeur automobile.
« Premièrement
pas de plan social, pas de licenciement. Cette première ligne rouge
est respectée », déclare Arnaud Montebourg. Certes,
d’un point de vue technique il n’y aura pas de plan social
puisqu’il s’agit bien de départs à la retraite.
Néanmoins Montebourg ne semble pas réaliser que, départs
à la retraite ou non, ces emplois disparaissent réellement et
ne seront pas recréés avant longtemps. Carlos Ghosn, le patron de la firme au losange, n’avait en
effet pas caché le problème du coût du travail des
salariés et ces disparitions de postes sont autant
d’économies réalisées par Renault.
« Deuxièmement
pas de fermeture d'usines, pas de fermetures de sites : cette deuxième
ligne rouge est respectée » continue le ministre. En effet,
les sites seront toujours actifs, la lumière sera allumée en
tout cas, puisque les départs s’échelonneront sur quatre
années. Mais à terme, s’il n’y a pas de reprise
d’activité d’ici 2016, Renault fermera les usines de
production pour la simple et bonne raison que c’est une entreprise et
non pas une organisation philanthropique.
« Troisième
ligne rouge: nous souhaitons que les usines françaises soient
rechargées en travail de la part des alliés de Renault »,
précise le ministre. C’est l’application presque caricaturale
de la notion socialiste de partage du travail qui montre les conceptions
économiques de Montebourg : on déshabille un peu les uns
pour habiller un peu les autres. En l’occurrence l’État
demande à Nissan qui détient 15% du capital de Renault et
Daimler AG qui en détient 3,10% de partager avec Renault leur
activité industrielle. La question est : que fait-on des ouvriers
de Nissan et de Daimler dont les taches seront transférées
à ceux de Renault ? Or, avec une telle manière
d’agir, on affaiblit toutes les entreprises au lieu d’en
renforcer une sur laquelle une reprise durable d’activité pourrait
se faire.
Enfin,
Renault ayant respecté les exigences de l’État,
Montebourg confirme son soulagement : « Cela fait partie de
ce que nous avons demandé, de l'anticipation. Que Renault l'annonce
pour quatre ans, c'est au moins dire aux pouvoirs publics et aux partenaires
sociaux où ils vont, c'est mieux que de se retrouver avec des plans sociaux,
des fermetures d'usines. »
À aucun moment Montebourg
ne parle d’innover avec de nouveaux modèles de voitures, de
gagner de nouveaux marchés, de recréer des emplois. Ce qui
compte c’est l’objectif politique : maintenir la paix
sociale quitte à faire croire que ces 7 500 disparitions
d’emplois ne sont que de simples départs à la retraite.
La réalité est que
Renault dégraisse de 14% : c’est son seul moyen de faire
face à la crise sans précédent qui frappe l’industrie
automobile française. Les trois lignes rouges du gouvernement ne
servent qu’à habiller une annonce de suppression
d’emplois : cela n’apporte rien de concret dans le business
car cela s’appelle en fait une opération de communication
politique.
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